l’entrée du bureau de l’association

Il existait au lycée, sur l’avenue de Paris, un bureau de l’association des anciens élèves. L’entrée a été murée il y a des dizaines d’années, mais il reste sur le fronton le sigle de l’association AELT (Anciens Elèves Lycée Tunis).

PS : Cette partie du lycée – avec d’autres locaux mitoyens – appartient toujours à l’état français.

Le lycée Carnot


En 1845, l’abbé Bourgade, chapelain de Saint-Louis de Carthage, installe le premier collège français, le collège Saint-Louis,impasse du missionnaire (Zanguet El Babas) dans la médina de Tunis. Il reçoit une subvention du gouvernement français. Après treize ans d’existence, au départ de l’abbé, le collège ferme ses portes.

Quelques années plus tard, en 1875, les Pères blancs s’installent à Tunis. Le Cardinal Lavigerie décide d’inaugurer à Carthage, dans des bâtiments construits autour de la Chapelle Saint-Louis, un collège portant le même nom que le précédent. Il accueille une cinquantaine d’élèves. Au lendemain du Protectorat français en 1881, pour permettre l’accueil d’un plus grand nombre d’élèves, il est décidé de transférer l’établissement dans la capitale.
Le Cardinal Lavigerie acquiert des terrains à Tunis. La ville moderne émerge à peine dans un paysage de marais. Sur des terrains mal consolidés, s’érigent les premiers bâtiments comme le Consulat français, l’école de l’Alliance Israélite Universelle, la Cathédrale et deux gares : une italienne, rue de Rome, pour aller à la Goulette et à Carthage et une française, pour aller de Tunis à Alger. Monsieur Etienne-Marius Arnoux, ingénieur-architecte, est chargé de l’édification du lycée sur le modèle de tous les lycées de la Métropole. Les terrains achetés sont en bordure de l’actuelle avenue de Paris, une des grandes artères, qui n’est alors qu’une mauvaise piste, au milieu d’un sol marécageux où se déversent à ciel ouvert les égouts de la médina. Son aspect est si peu engageant que le collège tourne le dos à la future avenue.
Aussi, l’architecte décide d’aménager l’entrée, avec son grand portail à double battant, dans la petite rue adjacente, rue Guynemer. L’ouverture des classes a lieu le 9 octobre 1882 dans le nouvel établissement renommé Collège Saint-Charles.
D’une centaine d’élèves, le nombre passe rapidement à deux cent cinquante.
En 1888, le Cardinal Lavigerie charge monsieur Arnoux de construire de nouveaux bâtiments semblables aux premiers. Le 2 novembre 1889, le clergé cède le Collège Saint-Charles à l’administration française – avec l’obligation de conserver la chapelle et un aumônier – qui le transforme en lycée sous l’appellation Lycée Sadiki, en hommage au Bey Sadok.


Puis, pour éviter la confusion avec le collège Sadiki, le lycée se dénomme Lycée de Tunis en 1893.Décret du 29 septembre 1893
En français

En arabe

En 1894, le Conseil des Ministres lui donne le nom de Carnot pour honorer le président de la République assassiné, Sadi Carnot. Devant des effectifs scolaires de plus en plus nombreux, le lycée est agrandi plusieurs fois en 1894, en 1913 et en 1925. Les derniers travaux s’achèvent en 1939, à la veille de la guerre.

Salle d;#39;étude des internes du lycée Carnot Commentaire et photo : Raymond MASSA « Décoration conçue et réalisée dans ma classe d;#39;étude à l;#39;époque du « Maréchal Pétain ». Durant cette période, l;#39;administration du lycée avait demandé que les bons dessinateurs (dont j;#39;étais) ornementent les classes d;#39;étude des internes. Elles furent ornées de sujet genre « travail, famille, patrie, francisque » et autres dévotions au pouvoir de l;#39;époque. …tant plutôt gaulliste, j;#39;ai préféré réaliser une décoration basée sur le sport. Cette décoration fut conservée intacte bien des années plus tard, photo-ci-dessus, toutes les autres salles décorées de sujets à connotation politique avaient été repeintes. »

Durant la guerre, le lycée est réquisitionné d’abord par la Kommandantur de l’armée allemande, puis en 1943 par les forces alliées. Durant toute cette période, les élèves sont disséminés dans les autres établissements de Tunis. Le lycée connaîtra d’autres soubresauts, comme sa fermeture le premier trimestre 1961 à la suite des événements de Bizerte. Autour du lycée gravitent des annexes : Carthage* et Salammbô* (construits après guerre), Mutuelleville dit Mutu (construit en 1956), La Marsa* (construit en 1960).Le lycée cesse d;#39;appartenir au réseau français en 1983 (soit vingt-sept ans après l;#39;indépendance) et devient le lycée-pilote Habib Bourguiba. Une petite partie des locaux restent propriété des autorités françaises et sert de salles d’exposition pour l’Institut de coopération culturelle.
Professeurs célèbres : Jean Amrouche (lettres) François Ch‚telet (philosophie), Jean Ganiage (hist-géo), Claude Hagège (lettres), Albert Memmi (philosophie), Hubert Montheillet (hist-géo), Jean Grenier (philosophie)
Elèves célèbres : Loris Azzaro, Ferid Boughedir, Michel Boujenah, Habib Bourguiba, Jean-Claude Casanova, Colette Fellous, Jean-Paul Fitoussi, Claude Hagège, Serge Moati, Albert Memmi, François d’Orcival, Alain-Gérard Slama, Philippe Seguin, Grand Rabbin Joseph Sitruck, Georges Wolinski(extrait des Lycées français du soleil, creusets cosmopolites de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc, Effy Tselikas et Lina Hayoun,Autrement, collection « Mémoires, Paris, 2004)

Statistiques des élèves du lycée Carnot
– par années : 1895 à 1912
– par catégories : pensionnaires, demi-pensionnaires, externes surveillés, exeternes libres….
– par enseignements : classique, moderne commercial, élémentaire, primaire
– par nationalités : français, musulmans, israélites, maltais, italiens, grecs, divers

Notes aux élèves du 24 juin 1912Le lycée Carnot de Tunis est l’héritier d’une double lutte d’influence, d’une part entre les écoles italiennes et les écoles françaises, et d’autre part entre les congrégations religieuses et les institutions de la République.
Différentes dates marquent sa « pré-histoire ».

Photos du lycée

Le dortoir du lycée Carnot dans les années 30

Dans les années 30, séance de gym dans la cour du petit Lycée

Dans les mêmes années, le laboratoire de sciences

Le cours de dessin dans les années 30

Dans l’attente des résultats du bac 1952

Des vues du bâtiment, des cours. En couleur, des photos récentes.






Le dortoir dans les années 50

Entrée du lycée

Sous le préau

La cour


L’autre facade du lycée, bâtiment construit dans les années 30


Elèves et fonctionnaires dans les années 1920

Conditions d’admission au lycée dans les années 1920
Le Lycée Carnot reçoit des pensionnaires, des demi-pensionnaires, des externes surveillés et des externes libres.
Tout élève doit présenter, à son entrée, au proviseur :
1) Son acte de naissance
2) Un certificat d’études et de bonne conduite délivré par le
chef de l’établissement d’où il sort
3) Un certificat de vaccine
Les enfants peuvent être admis dans la classe de 11ème dès l’‚ge de cinq ans en qualité d’externes.
L’uniforme est obligatoire pour les pensionnaires. Chaque élève doit être pourvu de deux uniformes, l’un d’hiver, l’autre d’été et d’un trousseau comprenant des objets en très bon état.
les demi-pensionnaires couchent dans leurs familles. Ils déjeunent, dînent et go?tent au Lycée.
Les externes surveillés séjournent au Lycée de huit heures à midi et de une heure à sept heures du soir. Ils assistent aux classes et aux études.
Les externes libres assistent seulement aux différents cours.
R…TRIBUTION A PAYER PAR LES ELEVES
DE CHAQUE CAT…GORIE
Pensionnaire de catégorie supérieure par an 2.115 F.
Demi-pensionnaires de la catégorie supérieure par an 1.359 F.
Externes surveillés de la catégorie supérieure par an 585 F.
Externes libres de la catégorie supérieure par an 450 F.
MODE DE PAIEMENT
Les frais de pension et d’études doivent être payés par trimestre et d’avance, sans qu’il soit besoin d’aucun avis préalable de l’administration.
Les élèves nouveaux doivent la pension ou les frais d’études à partir du premier jour de la quinzaine dans laquelle ils entrent. Exception est faite pour le mois d’octobre qui est toujours d? en entier, quel que soit le jour de l’entrée de l’élève.
Les élèves reçoivent au lycée l’enseignement secondaire conformément au plan d’études établi pour les lycées de la métropole.
L’enseignement est donné dans les cours secondaires par des professeurs agrégés pour la plupart ; dans les cours élémentaires et primaires, par des professeurs pourvus du certificat d’aptitude spécial ou du brevet supérieur et du certificat d’aptitude pédagogique.
Les répétiteurs sont pourvus de la licence du baccalauréat.

Fonctionnaires du lycée 1924-1925
ADMINISTRATION
Proviseur : M. J. DUVAL
Censeur : M. LECONTE
…conomie : M. GUIGON
Directeur des Classes élémentaires :
M. AUCLERC
Surveillants Généraux :
MM. CH. DUVAL, BATTISTELLI (délégués).
Sous-Econome : M.GOUROU
Commis d’économat : M. FLEURETTE
Secrétaire interprète : M. ZOUITEN
CULTE
M. l’abbé SUBERBIELLLE
M. le pasteur CABANTOUS
M. le rabbin ARDITTI
SERVICE DE SANTE
M. le docteur GERARD

Aujourd’hui : le lycée Bourguiba
A la remise du lycée par la France à la Tunisie en 1983, dans une démarche symbolique, le lycée prit le nom d’un ancien élève du lycée Carnot : le Président Bourguiba.
Le lycée Bourguiba est aujourd’hui le premier lycée-pilote en Tunisie. Il accueille les élèves les plus brillants de la région du grand Tunis. Ces élèves réussissent souvent les concours d’entrée aux grandes écoles françaises et étrangères.

– Conditions d’admission au lycée dans les années 1920
– Fonctionnaires du lycée 1924-1925