Eloge de l’antichambre d’Yvan BERREBI

CHAPELET

Alors que s’épandent sur les carrières du doute,

l’impatience de l’aurore face aux desseins du fleuve,

les rectangles de ciel dans une muraille de glaise,

le remords au pied-bot fredonnant des gospels,

l’obsession du maître enivré de mensonges,

la morsure du rongeur qui découpe la nuit,

les sirènes intimes brisant l’envol du jour,

la chaleur du tunnel où se consume l’espoir,

le chant d’un vent d’été sur les volets mi-clos,

les convulsions de l’encre séchant sur une syllabe,

ou les braises du temps qui s’essoufflent dans l’âtre,

se languissent déjà les moissons du rêve.

Les poèmes d’Yvan Berrebi dessinent des chemins, des parcours des espaces fous multiples, dessous, dessus, dedans, au travers, dans les profondeurs, parcourant les humeurs, les paysages, les éléments, les villes et les frontières, les guerres et les étreintes, navires éphémères sur l’océan des mots et des choses, ils entrouvrent des portes sur les pays épars de ce pèlerin, voyageur du réel et de l’imaginaire. Parler d’antichambre – mais il n’y a pas de chambre ! – et voilà qui justifie toute une poétique de l’antichambre, car tout semble antichambre de tout, comme les passages chers à Aragon et Benjamin. Les mots sont à mi-chemin entre écriture automatique et élaboration savante, en quête de la conciliation des contraires – encore un sas, peut-être, entre deux pôles. (Pierre Longuenesse)

Après « l’Humeur du Crépuscule » et « Rives, dérives », qui seront réédités en janvier 2006, un nouveau recueil où l’auteur s’interroge sur les antichambres de nos vies, ces passages publics ou clandestins: passage des cultures, passage de l’âge, passage des fidélités, vie partagée entre souvenirs dilués et attentes indéfinies, comme le dit le poème ci-dessous :

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