Après plusieurs tours de « manège » autour du GRAND PALAIS, je réussis enfin à trouver une place de parking, offerte par un jeune homme à lorchidée blanche ; charmant préambule à cette ballade dans lunivers du peintre GUSTAVE COURBET (Ornans 1819 La tour de Peilz, Suisse 1877) dont une rue de Tunis portait son nom, entre autres .
Le groupe de Carnot se presse sur la file « privilège » au regard de la longue attente subie par les autres visiteurs .
De salle en salle, en passant par le grand escalier à la rampe dorée plutôt douteuse et au plancher peu sûr, parait-il, (le GRAND PALAIS serait-il un chef-duvre en péril ? ), nous découvrons une uvre immense , tant par le talent de lartiste et la multitude des thèmes abordés, que par les dimensions démesurées de certains tableaux « manifestes » . Folie des grandeurs aux deux sens sans doute
..
Je ne maîtrise pas lHistoire de lArt ! dailleurs, léloquente Suzette Sidoun est là pour ça, avec justesse et poésie sur un ton de confidence
.
Elle doit parler bas et en profite pour nous livrer quelques détails grivois sur GUSTAVE COURBET : connaître le cursus et la personnalité dun artiste pour mieux comprendre son uvre ..
De prime abord, je ressens comme un malaise face aux premiers tableaux ténébreux du peintre malgré lexcellence des coups de pinceaux ; ceux-ci sont dune telle précision quils nous projettent dans la réalité ; les autoportraits ont beau être parfaits, ils ne minspirent pas
ou plutôt si : ils expriment une froideur , une espèce de folie et de désespoir ; plusieurs personnages mis en scène comme « lEnterrement » laissent entrevoir chez lartiste , une densité de pensées en duel, à la recherche de la vérité ..
Cet aspect du peintre me dérange un peu mais « encadrée » par les carnotistes, je ne peux me dérober. Je suis prise au piège de Courbet qui finit enfin par mettre en lumière des réserves dénergie et cette autre face me plait bien : il peint la nature , lamitié et lamour fidèles malgré linfidélité
. Enfin ! Je me sens mieux dans lexaltation de la beauté vivante.
Homme à femmes multiples qui honore leur beauté en « dépeignant » son amour pour elles ; il fige sur la toile leur nudité laiteuse aux formes plus ou moins généreuses, synonymes de beauté en cette époque ; extase des visages dans létreinte ou rêveries ; sexe féminin dévoilé : provocation scandaleuse peut-être ! rien de choquant aujourdhui dans ces corps nus mais lexpression de la vie, tout simplement comme « lOrigine du Monde » . Pommes rouges et vertes quauraient pu croquer Adam, jardin dEden, paysages de mer en transparence où lon aimerait jeter lancre, écume blanchâtre déferlante
.. il me semble entendre le bruit des vagues se brisant contre la falaise dEtretat et le souffle du vent violent
Je suis en pleine communion
..
GUSTAVE COURBET était un jouisseur de la vie, un révolutionnaire dans son art, un contemplateur malgré quelques déchirements intimes reflétés dans les eaux troubles de sa peinture.
Mégalo , certes, mais monstre de talent que cet artiste !
Il aura refusé la Légion dHonneur en 1870 et sa rébellion le mènera en prison ; condamné à en payer les frais et privé de ses biens et de son uvre, GUSTAVE COURBET , au nom prédestiné, finira par « courber » le dos dans un exil en suisse pour y mourir
.
Moi qui ne suis quune modeste artiste-peintre, je voudrais me cacher au fond de latelier avec mes toiles et mes pinceaux et nen ressortir quavec la certitude davoir atteint la perfection
je me console en me disant que lart est source denseignement perpétuel et que le chemin pour y parvenir infiniment long ; aviez-vous connu les premières toiles de Monsieur COURBET ?
La visite aura duré plus de deux heures , nous laissant lesprit envahi dimages fortes et admirables pour certains, ou insipides pour dautres ; une chose est certaine, personne nen sort indifférent .
L histoire de toute une vie dartiste, celle de GUSTAVE COURBET, dément, dans ce cas précis, lexpression bien connue
.
Après plusieurs tours de « manège » autour du GRAND PALAIS, je réussis enfin à trouver une place de parking, offerte par un jeune homme à lorchidée blanche ; charmant préambule à cette ballade dans lunivers du peintre GUSTAVE COURBET (Ornans 1819 La tour de Peilz, Suisse 1877) dont une rue de Tunis portait son nom, entre autres.==>
(texte Nadine TIBI)