L’opéra dans l’espace français de Frédéric LAMANTIA

Un paysage lyrique se dessine progressivement, touchant plusieurs colonies françaises ; mais derrière cette fascination commune pour la voix, objet de jouissance, certaines différences apparaissent selon les traditions locales et les goûts. En France, des villes se distinguent peu à peu par l’accueil qu’elles font à ce divertissement. Temple « laïc » propre à l’esprit des Lumières, l’opéra s’’impose vite comme lieu central dans la cité : il devient un « catalyseur urbanistique ».
L’approche géographique envisage et analyse l’art lyrique en tant qu’objet déterminé par ses acteurs, ses réseaux et ses territoires. Elle aide à la compréhension du « phénomène lyrique » en dévoilant à sa manière les relations qui unissent autour de la voix, créateurs, spectateurs et mécènes : ces liens se matérialisent dans l’espace en fonction des époques, des modes, des lieux et des moyens de communication.
Editions CONNAISSANCES ; SAVOIRS

Docteur en géographie culturelle, Frédéric LAMANTIA – fils de Sauveur LAMANTIA (LC1954 sc.ex)enseigne à l’Université Jean Moulin Lyon III. Chercheur associé à l’UMR 5600 du CNRS (Environnement Ville Société) et à l’Observatoire Européen de Géopolitique, expert auprès de la Réunion des Opéras de France, il est également Conservateur des Orgues du Grand Temple de Lyon et organiste à l’Hôtel de ville de Villeurbanne.Forme musicale et architecturale, l’opéra naît en Italie, essaime en Europe, s’acclimate à chaque pays. l’art lyrique est un symbole d’identité qui participe à la construction d’une mémoire collective et à l’apparition de sentiments nationaux. La musique comme le bâtiment sont structurants de réseaux sociaux, et la France n’échappe pas à ce phénomène.

Le Palmarium


A l’automne 1902, les travaux de « l’ensemble municipal » s’achèvent.
A côté du Tunisia-Palace, premier grand hôtel d’Afrique du Nord et véritable joyau architectural,


le Théâtre municipal, le Palmarium et le Café du Casino ouvrent leur portes.

Maître d’ouvrage de l’ensemble longeant à la fois l’avenue Jules Ferry (actuelle avenue Habib Bourguiba) et l’avenue de Carthage, un architecte au nom lumineux : Resplandy. (ces 4 cartes postales sont tirées du site http://michel.megnin.free.fr/vt_rues.htm)
Ce siècle nouveau cherchait un style et il trouva l’art nouveau, tout en courbes, en volutes, en motifs végétaux et en clins d’œil à l’architecture arabe. Resplandy s’en inspire pour dessiner l’ensemble municipal.
Le Palmarium est d’abord un jardin de palmiers d’où son nom d’ailleurs : « A l’ouverture officielle du Municipal, le gratin franchit, à l’entracte, les portes du foyer d’alors, et pénétra émerveillé dans un jardin d’hiver qui était la reproduction d’une douce oasis de carte postale. Il y avait du sable, des ruisseaux (…) et surtout des palmiers authentiques qui sortaient de terre et respiraient un Sahara apprivoisé » ( Pierre Legrand, 1951).
Vers 1907, le Palmarium se transforme en music-hall sur la scène duquel se produit Maurice Chevalier, Georgel, Mistinguet ainsi qu’une longue file d’acrobates, de comiques et de magiciens.
En 1914, la guerre en fait un dispensaire militaire.
Il ouvre à nouveau ses portes en 1920 gardant sa fonction de music-hall et attirant jusqu’en 1933 les ballets russes, des opérettes, Lucienne Boyer et Charles Trénet.
Mais en ce début des années 30, le cinéma fascine et connaît une popularité croissante. Le music-hall lui cède la place. C’est ainsi qu’en 1933, l’architecte Piollenc le transforme portant un coup à l’unité du monument de Resplandy.
La seconde guerre mondiale réserve au Palmarium un sort tragique : une bombe tombe au beau milieu de la salle le 2 mars 1943.
Rénové, la mythique salle de cinéma renaît de ses cendres, le 5 février 1951.

L’une des nouvelles annexes de ce troisième Palmarium sera la salle des fêtes qui deviendra après l’indépendance la galerie Yahia, fameuse par son parquet en bois.
Dès 1972 Le Palmarium accueille les Journées Cinématographiques de Carthage.
Le Palmarium referme ses portes définitivement en 1976.
La possible démolition de l’ensemble municipal soulève une vive polémique, « Faut-il le transformer complètement ou le rénover ? »
Le débat a duré longtemps. N’est-ce pas normal pour un tel lieu de mémoire de provoquer les élans du cœur et de la passion ? Cette polémique a permis de sauvegarder le Théâtre Municipal, classé depuis Monument historique.
Aujourd’hui sur ces lieux s’élèvent un centre commercial appelé « Palmarium ».
(Lina Hayoun)La vie et les diverses transformations du Palmarium épousent étroitement l’histoire de Tunis. Le Palmarium commence par être un jardin d’hiver …..

Ne pas oublier Palerme …et y revenir !

Il est vrai que la période était particulièrement bien choisie : le printemps méditerranéen-un vrai printemps, pas un printemps de poètes ! avait fait exploser des tapis de fleurs sauvages, mauves, jaunes, rouges sur les flancs des vallées verdoyantes ; le ciel était avec nous, une température idéale pour les visites des temples sous le soleil, pour des déjeuners ou dîners sur des terrasses au bord de la mer.

Le lendemain de notre arrivée, nous avons embarqué pour les îles Eoliennes, les bien- nommées : certains d’entre nous n’oublieront pas cette promenade en mer !
Plusieurs tentèrent l’ascension vers l’ un des cratères à Vulcano ; un seul parvint jusqu’au sommet, le même qui bravera sans dommagele lendemain les vagues bondissantes de Cefalu ; d autres courageux s’y risquèrent aussi qui le regrettèrent !
Après une visite de Messine et l’étape à Cefalu, nous avons dormi à Palerme trois nuits d’affilée, ce qui nous a permis d’allier culture et shopping . A Palerme, une surprise fort sympathique : Jean Graffeo, un ancien de Carnot installé dans cette ville, ayant eu vent de notre présence à travers www.carnottunis.com, est venu partager notre petit déjeuner.
Sur Agrigente et sa vallée des temples, sur Syracuse et son théâtre gréco-romain, et ses ruelles où il fait bon se perdre, sans oublier les superbes mosaïques de la Villa Casale à Piazza Armerina, tout a déjà été écrit. A l’hôtel de Syracuse, nous avons pu – grâce aux talents conjugués de nos deux pianistes émérites, Marcel et Michel – faire chanter Gabriele notre guide sicilien; il nous a même enseigné l’hymne de sa région, ce qui nous a permis de produire notre petit effet quand, dans un restaurant, des musiciens en ont joué la mélodie !
La veille de notre retour à Paris, le soleil nous a un peu fait défaut : personne n’a souhaité tenter l’ascension de l’Etna, la visibilité étant nulle, et nous avons visité Taormine sous un ciel plutôt nuageux, mais nous y reviendrons sans doute pour admirer une fois de plus son incomparable panorama.
Beaucoup de chaleur et d’amitié, rires partagés, complicité, références communes, sans oublier quelques excellentes leçons d’histoire ancienne et contemporaine distillées par Gabriele qui a su nous faire partager son amour pour sa belle île. Tous les ingrédients étaient réunis :ce fut un beau voyage !
Dinah Brami
L’organisateur de notre circuit nous l’avait promis : « La Sicile reste encore une destination qui permet de rêver » et les trente et un participants à ce voyage en sont tombés d’accord.