LA LETTRE MEL DE SEPTEMBRE 2013

LES GRANDES EXPOS PROGRAMMEES PAR CARNOT-TUNIS

NOVEMBRE : Mercredi 6 novembre à 18h
GEORGES BRAQUE au GRAND PALAIS, 3, avenue du Général Eisenhower, Paris
Le Grand Palais présente la première rétrospective consacrée à GEORGES BRAQUE (1882-1963), depuis près de quarante ans. Initiateur du cubisme et inventeur des papiers collés, il fut l’une des figures d’avant-garde du début du XXe siècle. L’exposition propose un nouveau regard porté sur l’œuvre de l’artiste et une mise en perspective de son travail avec la peinture, la littérature ou la musique de son temps. Elle réunit des œuvres venues du monde entier.
Visites- conférences 13 €, entrée à payer sur place, merci de confirmer votre venue en envoyant un mail d’inscription à alct@free.fr
PUIS de nous adresser un chèque de 13 € par personne à CARNOT-TUNIS MDA 23, rue Vernet 75008 PARIS

JANVIER 2014 : Mercredi 8 janvier à 17h45
FRANCISCO de GOYA
Nous vous invitons à découvrir à la Pinacothèque de Paris une exposition autour de l’artiste espagnol Goya. Né en 1746 à Saragosse, Francisco de GOYA est un peintre et graveur espagnol. Il a travaillé à la cour et a également réalisé des portraits de toute l’aristocratie. Ces œuvres les plus connues aujourd’hui sont sans nul doute La maja desnuda (musée du Prado à Madrid), le tableau de Charles IV et sa famille (1800) et El tres de Mayo de 1808 qui représente la résistance espagnole. Il meurt à Bordeaux en 1824.
Visites- conférences 13 €, entrée à payer sur place, merci de confirmer votre venue en envoyant un mail d’inscription à alct@free.fr
PUIS de nous adresser un chèque de 13 € par personne à CARNOT-TUNIS MDA 23, rue Vernet 75008 PARIS
Pour ces expositions, inscrivez-vous vite en deux étapes :
1/ mail à alct@free.fr
2/ envoyer un chèque de 13 € par exposition à CARNOT-TUNIS MDA 23, rue Vernet 75008 PARIS

A SAVOIR

Madeleine BERGER BENNACEUR, élue en juin 2009 Conseillère à l’Assemblée des Français de l’Etranger pour la circonscription Tunisie – Libye, a reçu les insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite, le 14 mai. Madeleine, née à Tunis, est ancienne élève du lycée Carnot et responsable de l’association des anciens de Carnot à Tunis. Elle est diplômée de l’Université Paris IX Dauphine (Maîtrise de Sciences de Gestion, DESS Marketing et DEA) et enseigne l’économie et la gestion au lycée Gustave Flaubert à la Marsa . Aujourd’hui Conseillère AFE, elle veille à assurer la défense des intérêts des Français résidant dans ces deux pays.

Dans le cadre du Festival de Cannes , Yamina BENGUIGUI, Ministre déléguée à la francophonie, a remis les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur à FERID BOUGHEDIR, ancien élève du lycée Carnot, célèbre réalisateur d »Un été à la Goulette » et « Halfaouine, l’enfant des terrasses ».
Les enfants de la Tunisie : On les aime, ils nous font rire, animent nos émissions préférées, ou font partie du paysage politique. Ils ont tous en commun un début de vie en Tunisie et une brillante carrière en France ou à l’international. Cliquez sur le lien pour lire l’article paru sur le site du petitjournal.com http://www.lepetitjournal.com/tunis/a-voir-a-faire/84189-enfants-de-tunisie-ils-sont-devenus-celebres-en-france

CARNET

Nous avons la tristesse de vous faire part de la disparition, de Shirine, fille de Foad SABERAN membre du Conseil d’administration de Carnot-Tunis. L’ensemble du bureau lui présente, ainsi qu’à sa famille, nos plus affectueuses pensées.

A VOUS LA PAROLE !

Bonjour aux anciens du lycée Carnot de Tunis ! A propos du décès d’Antoine SCARDAGLI, j’ai connu un SCARDAGLI (un copain de mon frère Maurice PEREZ) ; ils étaient ensemble en mathelem en 1960. Est ce que c’est la même personne ? D’autre part, peut on avoir des nouvelles des anciens élèves de 2A’C 1964-1965? Merci Patrick PEREZ (lc1953-1965) .

J’ai été l’année 1956-1957 un élève de M. REBOUL à Tunis. Je suis maintenant membre de l’Académie des Sciences et je suis conscient de tout ce que je dois à l’enseignement de ce professeur. Je voudrais, ici, exprimer ma reconnaissance pour tout ce qu’a fait M. Reboul. Yves Meyer Académie des Sciences (Paris)
Salut tout le monde je suis une ancienne élève du lycée Carnot de 1970 à 1980 svp si vous me reconnaissez ou si vous avez une photo de classe, envoyez la moi ; merci d’avance ah j’ai oublié une chose importante en ce temps je portais un corset vu que j’avais une scoliose. Rim BEN JAAFAR ZEHANI (alct@free.fr)

J’ai rencontré au cours d’un séjour à Tunis Guy PAOLLILO, prof d’histoire-géo au lycée Carnot que certains ont certainement connu. Il s’occupe depuis de nombreuses années de l’Association Française d’Entraide et de Bienfaisance de Tunisie (SFEB) et fait un travail assez remarquable.
( aide à l’enfance, aide aux familles, aux personnes seules, veuves ou divorcées, aux personnes âgées sous forme de secours permanents, exceptionnels, en nature, prêts, consultations médicales, etc..) . Une visite à notre professeur s’impose lors d’un passage à Tunis : c’est un homme formidable, qui déploie une énergie extraordinaire et qui mérite d’être aidé. Joseph KHAYAT
SFEB 10 RUE FELICIEN CHALAY TUNIS (place Pasteur, direction Mutuelville, 3 eme rue à droite)

J’ai eu la chance d’étudier dans une classe mixte de Sciences Ex. de 1960-1961.
Quatre profs m’ont profondément marqué chacun a sa manière : M. MASSAL, le prof de Sciences Naturelles dont je ne retrouvais plus le nom jusqu’à la rencontre imprévue avec le site du Lycée Carnot. Il gardait précieusement dans le placard de notre classe un électrophone, et de temps à autre, en fin de semaine, il me semble ou en fin de journée, il nous faisait entendre une œuvre de musique classique, recueilli, bien planté sur ses deux jambes, tête rejetée en arrière et yeux fermés. Pour moi élève au conservatoire de Musique a Tunis pendant toute ma scolarité c’était un régal tout a fait inattendu ; surtout après la rigueur et le conformisme du Lycée Armand Fallières ou j’avais été élève les 6 années précédentes.
M. THOMAS, notre charmant prof de maths aux yeux bleus et à la démarche légèrement clopinante, qui nous enseignait cette matière que j’aimais tant a l’époque. Il a, par ses conversations avec ma maman – en fin de scolarité -, influencé très positivement ma vie à l’université l’année suivante.
Puis il y avait les deux compères : notre prof de philo M. BRUN, qui a contré et bouleversé dans nos jeunes tètes une bonne dose des idées liées à notre éducation jusque là , et notre prof de physique, M. GUICHANET, dont un des élèves, Alain SOUSSAN , faisait d’admirables caricatures qui loin de fâcher M. GUICHANET le faisait rire aux éclats. Je retrouve le nom d’un ami oublie, Jean Claude BORELLIi. Il me semble l’avoir croise au début de mes études a Marseille.
Il régnait dans cette classe assez turbulente, une dynamique ambiance d’étude et une dose de liberté qui a fait de cette année là, une année d’études inoubliable et très fructueuse. J’ai perdu de vue tout ce monde et ce morceau de vie. Mais son influence fructueuse a marqué toute ma vie à venir.
Si vous avez d’autres photos, de cette classe de Sces Ex, j’aimerais beaucoup y accéder car je n’en ai aucune, excepté les images et sensations restés dans ma mémoire. Merci pour ce site. Liliane BISMUTH

A LIRE

Vient de paraître en France le dernier roman historique de Hatem El KAROUI : le samedi 30 novembre 1805, le cheikh Slimane MELLAMELLI débarque du navire « USS Congrès » au port d’Hampton Roads dans l’est des États-Unis. Il s’apprête à rencontrer le président Thomas Jefferson pour essayer d’aplanir un litige tuniso-américain délicat, à savoir la saisie par l’US Navy au large du port de Tripoli de navires tunisiens dans le cadre d’un blocus américain du territoire libyen alors que la Régence de Tunis était théoriquement en paix avec les États-Unis d’Amérique.
Avec L’émissaire barbaresque au Nouveau Monde Hatem EL KAROUI nous propose un éclairage intéressant sur un épisode mal connu de l’Histoire.

Karine TUIL fille de notre camarade Gérard TUIL publie, chez Grasset, son dernier livre « l’Invention de nos vies » :Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un « beau mariage »… Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c était à refaire ? À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c est la déflagration…

La musique a un pays : CUBA par Dominique LE LANN-TEMAM (du 13 au 23/3/12)

Nous le savons tous, les voyages Carnot offrent de nombreuses vertus thérapeutiques. Grâce aux bons soins de Lina et Michel nous rentrons toujours très heureux et plein d’entrain à Paris.
Une fois de plus, ils ont fait fort.
Nous offrions, à la fin du séjour, un spectacle plutôt intrigant. Imaginez Lulu les yeux brulants de fièvre, Simone éternuant à qui mieux-mieux, Nicole engoncée dans son manteau malgré les 30°, Dominique ahanant au bout de 3 pas, quant au reste de la troupe : vautrée sur les transats de la somptueuse plage dorée de Varadero, immobile, absorbée dans la contemplation du Turquoise de l’Océan. Heureusement nous avons eu droit à une bonne piqûre reconstituante. Ah , la fameuse Piqûre !
Tout ça c’est de leur faute : à Lina, Michel, la guitare de Michel, Les Cubains, le Parti Communiste, l’embargo des USA, le car, le micro du car, la danse, la musique, le Rhum, le coup de soleil. On a démarré le voyage trop vite.
LA HABANA !
Imaginez : le 1er jour, déjà, rendez vous à l’illustre école de danse de la Havane. Cours de Salsa, visite du musée du Rhum , de la ville et…. des très nombreux orchestres PARTOUT dans la ville. Dès que Lucien entend le « son cubain », il se précipite, prend d’emblée les instruments de percussion du joueur (qui les lui prêtent bien volontiers) et ça commence. Tout le monde suit…
– SCOOP : à Cuba, c’est Lucien qui a fait danser l’orchestre…. Pas l’inverse.
Entourés des fumeurs de Havane, on a dansé les Cha-cha, le Mambo, la Salsa, la Rumba… jusqu’à plus soif ! et on a tellement parlé, tellement rit, tellement chanté, tous entrainés par Michel et sa guitare ! Même Daniel au micro entonnant « j’ai quitté mon pays ». Du jamais vu, jamais entendu.
Retour sur image. Les « Carnots » arrivent ! Juste avant le Pape, à la Havane. On le sait, c’est le dernier « vrai » pays communiste de la planète. Heureusement, à Paris, on commence à parler de restriction à cause de la crise. Ca tombe bien. Ici, on peut vraiment mettre en pratique. Les délicates parisiennes n’ont qu’à faire avec ou plutôt sans. Toutes ont apportés parfums, savons et autres franfreluches pour donner aux gens qui, ici, n’ont rien, sauf le nécessaire.
– HISTORIQUE : nous avons peut-être pu vivre et voir les derniers moments de l’influence Soviétique.
Les immeubles sont délabrés, parfois très délabrés. La liberté, très surveillée. Les rares véhicules aux antiques moteurs éructent des fumées d’usine dans un vacarme d’enfer. Lina n’a pas pu obtenir les hôtels souhaités, l’itinéraire tant convoité, le car flambant neuf. Sans doute une histoire de bordereau sans LE tampon officiel ? Mais qu’importe, car Cuba c’est réellement fabuleux. La jeunesse dorée et intello de Paris le sait bien : c’est l’une de leurs premières destinations.
Ici, le monde entier se retrouve. On a vu une roche de Jérusalem gravée en hébreu et vénérée comme telle. Nicole a rencontré le dernier Ashkénaze de la ville. Ensemble ils ont parlé le Yiddish, Nicole a pleuré. J’ai vu gravé dans la vieille ville l’emblème de Saint Eloi, le Patron des fondeurs et autres bijoutiers. C’était la fête que chaque année mon Père célébrait à Paris, c’est là, que moi, j’ai pleuré aussi. J’ai vu des chinois, normal, sauf que ceux-là ici, viennent en « Camarade ».
J’ai même cru voir des « ruines romaines ». Rien de surprenant, l’architecture européenne y a largement emprunté son inspiration.
J’ai vu plein d’américains, ils sont de retour au pays natal. Une jeune fille aidait son grand-père à marcher, il redécouvrait le pays de son enfance. Tous avaient l’air ému.
Les touristes du monde entier sont nombreux, surtout les russes. Ici à Cuba, ligne directe avec Moscou.
Et c’est surtout une ville si belle, que l’on DEVINE si belle. Le temps a passé depuis 1958. Les américains sont partis en laissant leurs somptueuses demeures. Fidel Castro et Che Guevara, icône parmi les icônes, ont instauré l’idéologie communiste de leurs rêves devenus désuets. Ici tout le monde semble heureux. Mais la crise a accentué les travers du régime : de rares transports, interdictions de voitures personnelles. Par contre, écoles d’Art, de sports, de médecine pour tous.
Pendant que le communisme s’installait et parait au plus pressé : éradiquer violence, drogue, mafia omnipotente, pauvreté extrême, lentement, celle qui a du être la plus belle ville du monde, lentement, se lézardait.
Aujourd’hui il faut voir Cuba et surtout IMAGINER. Car le glorieux passé de la capitale des Antilles et le doux Paradis qu’il offrait aux américains, aux artistes et visiteurs de tous bords (Ah ! Souvenirs d’Hemingway) avant la révolution est bien abimé. Heureusement, peu à peu, les travaux redonnent fierté aux beaux bâtiments.
Imaginez…. Une grande ville parsemée de nombreuses et larges avenues. Des villas, non pas, presque des palais, entourés de sublimes jardins tropicaux. Partout la verdure, presque la jungle, les vastes places ornées de statues, de fontaines de marbre, les immenses ficus, la végétation tropicale enserre délicatement la ville dans ses odeurs, les ramures de ses fleurs et le chant des oiseaux des îles. Oui, tout cela a dut être magnifique. Les couleurs sont vives : les bleus, les roses, les rouges. Et puis le soleil, la mer …
L’énorme masse de la cathédrale, ses ornements baroques, les sombres intérieurs des édifices. Les Espagnols de la cruelle Isabelle la Catholique ont bâti toute la vieille ville. Revêtus de couleurs vives, les bâtiments offrent de riants aspects. Comme si les habitants du Nouveau Monde avait voulu effacer l’austérité, la dureté, les souffrances inhérentes à sa construction.
La Havane est un joyau que les esclaves ont construite. Toutes les anciennes grandes merveilles du Monde ont-elles donc été bâtie sur le sang des esclaves ? Ici, eux aussi ont pris leur revanche. La musique, la danse, ils en sont les créateurs, les Rois.
D’emblée, La Havane devient pour moi la Saint-Petersbourg de l’Amérique Latine. Outre, les similitudes politiques, les deux villes offrent les plus beaux ornements que la main de l’homme a su créer.
Surtout l’Art est partout, la musique bien sûr, la danse, le seul pays du monde ayant sacralisé la danse, dont on aperçoit partout les nombreuses sculptures et représentations, la peinture contemporaine sans oublier les délicieux tableaux naïfs.

On ne peut le nier, personne n’est resté indifférent et, pour beaucoup, La Havane a laissé entrer en nous une immense joie de vivre.
Durant ces jours passés dans la ville, la fièvre nous a pris dès le matin et a monté peu à peu : découverte, joie exubérante, enivrement de musique et de danse. Lucien a joué jusqu’à la transe, on a dansé. Cela allumait d’étranges lueurs dans les regards échangés entre les hommes et les femmes. Séduction animale de la danse. Des musiques, il faut savoir en épouser le son et vibrer à son rythme.
TRINITAD
En chemin, visite de Cienfueggos, de son illustre théâtre qui vit notamment Sarah Bernhardt.
Et là, la fièvre monte encore. Lizzie se précipite sur la scène qui a porté Caruso. Elle s’élance et nous gratifie, a capella, d’un craquant et charmant Lac des Cygnes. Elle n’a rien oublié de son ancienne grâce de danseuse étoile de Tunis. Le public s’enthousiasme, applaudie, crie et je pousse Daniel à déclamer des vers de Hugo ou de Molière qu’il connait par cœur. Le théâtre est à nous, profitons en. Las, Daniel n’a qu’un filet de voix, et son accent…. Bref, il se résout à faire le souffleur, et je déclame, habitée d’une joie sans pareille d’enfance oubliée. Lucien veut à son tour aller sur scène. Las, il n’y a pas d’instruments. Qu’a cela ne tienne, et nous voila reparti à rire à n’en plus finir en écoutant ses histoires.
Et puis, arrivée à Trinidad. Autre musique, autres odeurs. Ici on parle encore des esclaves. Ca n’est pas si loin : les grands parents et arrière grands parents des plus jeunes d’ici. Le spectacle commence, au fond d’une salle : le Palenque de los congos reales. Ici, l’Europe se fait plus discrète. Au cœur du pays des plantations de cannes à sucres, l’Afrique se rapproche. Ses descendants commencent à danser.
Le son de la musique est plus grave, il semble remonter de l’antique Afrique des esclaves. Il retrouve le son originel de la terre natale. Les danseurs, austères, ne sourient pas, la danseuse encore moins. Ils miment les durs travaux des champs, la vie quotidienne des ancêtres. Puis, peu à peu, l’ambiance se détend et soudain arrive sur scène le « bouchadia ». Stupeurs, amusements et commentaires vont bon train : tout ce chemin pour voir le fameux bouchadia ????? s’étonne Fabienne. Eh oui, l’Afrique australe n’est pas bien loin du Maghreb. Un seul et même continent.
Ah, j’oublie, la musique se termine par le son totalement inattendu d’un instrument, incongru dans ce lieu dédié au « paganisme ». Grandiose, soudain l’orgue des prêtres retentit : nous sommes bien en terre espagnole. Mais peut-être une musique pour accompagner les prières adressées à Dieu ? Adoucir la vie, accompagner le prêtre catholique qui, en ce temps, fut le seul, à se dresser contre le maitre pour défendre l’esclave. Beaucoup de « justes » d’une autre cause, oubliés aujourd’hui.
Changement de salle de musique. Nous entrons dans l’antre des adorateurs du célébrissime Buena vista Social Club de la Havane (voir le film de Wim Wenders. Sur France ô, dimanche 20h30 ). Les inspirateurs les plus illustres de la musique cubaine qui a depuis conquis le monde entier. Le Jazz est né pas loin d’ici, les danses des claquettes aussi. Respect. Avec une fois de plus Lucien aux commandes. Il a quand même, avant, sagement écouté pour tenter de prendre le rythme, la musique nous a transportés loin, très loin.
Nous étions heureux et …. épuisés.
Heureusement, Varadero nous a accueillis, nous a bercés, nous a soignés. Là, seulement, on s’est laissé vivre.

L’ECLATE-VIE DE JEAN-CLAUDE DANA

Tout au long de sa vie, Jean-Claude Dana a résolument choisi d’adopter le parti-pris de l’optimisme. Sa trop grande curiosité associée à une bonne dose d’inconscience l’a parfois égaré sur de périlleux chemins de traverse et seule la bienveillance de sa bonne étoile l’a aidé à se sortir indemne des tribulations qu’il a vécues.
Dans ce récit picaresque et coloré, l’auteur nous fait parcourir un périple qui s’étend sur une vingtaine d’années, de l’adolescence à l’âge adulte, des années cinquante aux années soixante-dix.
Vous y côtoierez avec plaisir la bande de joyeux drilles de ses amis tunes, juifs tunisiens comme lui, ainsi que d’autres, à l’aube de l’indépendance de l’Algérie.
Les pérégrinations du narrateur vous feront voyager de Tunis à Montpellier, en passant par Grenoble, Besançon et Paris, sans compter quelques escapades lointaines au bout du monde.
Esprit d’ouverture, amour des jolies femmes et des belles voitures, goût du jeu, des armes et de l’aventure sont intimement mêlés dans ce kaléidoscope dans lequel l’humour, sans lequel les choses ne seraient jamais ce qu’elles sont, ne perd jamais ses droits.
Le fil conducteur et la trame de toutes les histoires narrées sont tissés par les rencontres, provoquées ou inopinées, souvent charmantes, parfois dangereuses, voire insolites avec des personnages célèbres.
Vous traverserez les années soixante désormais rendues plus mythiques par la musique et la joie de vivre que par un mai 68 que l’auteur survole avec nonchalance.
Vous croiserez les initiatrices, Marlène la putain et Térésa la Sicilienne pucelle, Marie-Claude et Christiane, les belles instigatrices, Helga, la jolie teutonne, Laura, la fausse timide, Chris, la call-girl, Max, le séducteur mythomane, Elie, l’impavide joueur de poker, Roger, le vieux pied-noir tricheur, Fanfan, le tueur corse gaffeur, Hedi, l’officier de gendarmerie au double visage et bien d’autres…

1979.1980, classe de 5e4


Hakim Mechati, Abdelkarim Chaouch, Deslandes Bertrand, Moise Safta, Frederic Girves, Novara Constentino.

Hilem Andhaoui, Nadia Djemali, Muriel Zagdoum, Asma Cherif, Semira Grissa, Myriam Turki, Henda Ben Mlouka, Alessia Gori, Anne Deslandes.

Prof d’Histoire Geo Madame Gravier

Nous avions aussi: Madame Coll en Sciences, Mr Legouix en Francais, Madame Merlo en Sport, Madame Bouckari en Anglais, Madame Ettore en Musique, Mr Ducki en Dessin et Mr Schall en Math.

Mille excuses si j’ai malencontreusement écorché, oublié des Noms ou des Prénoms.Merci de me le signaler pour que je puisse corriger au plus vite.
Amitiés,
Bertrand

Photo et liste envoyées par Bertrand Deslandes.
De gauche à droit et de haut en bas:
Taoufik Gatoufi, Eric Lafrogne, Naoufel Lacheb, Jean Paul Garcia, Ali Azouz, Chieb Larguech, Sofia Tabbane, Slim Annabi.

DE MADHIA EN PASSANT PAR ELDJEM ET KERKENNAH A HAMMAMET

Programme indicatif

J. 1 mercredi 28/07/2010 Rendez-vous à l’aéroport. Vol régulier Air France. Arrivée dans l’après-midi à Madhia en bus climatisé. Dîner et nuit au Madhia Palace

J. 2 jeudi plage/mer ou sport ou farniente jusqu’à 17 h, heure à laquelle nous prendrons le bus pour la Médina de Madhia, riche de ses nombreux bijoutiers et de ses belles demeures, en particulier celles de la rue des Hamza.
De la «Skifa Kahla» à la Grande Mosquée, en passant par la rue des tisserands de soie, et guidé par un responsable de l’Association de sauvegarde de la Médina, nous découvrirons une médina unique, récemment réhabilitée, et entièrement perchée sur la mer. En effet la Méditerranée vous regarde à chaque coin de ruelle !
Le paysage le plus extraordinaire est un immense cimetière marin aux tombes désordonnées qui s’étend sur de vastes étendues, en pente douce, jusqu’au rivage. D’une médina cosmopolite il y a encore quelques quarante ans, il reste une cathédrale désaffectée mais admirablement rénovée et les ruines d’une synagogue.
19H Retour à l’Hôtel
21H Dîner dans un des meilleurs restaurants de poissons de Madhia au son d’un luth.

J. 3 vendredi, après le petit déjeuner, retour à la médina car c’est jour de marché, et le marché du vendredi est incontournable ! Toute la ville se transforme en vaste souk, mais l’élément le plus important est le marché de la soie, véritable caverne d’Ali Baba car de vieilles brodeuses et couturières y exposent des costumes traditionnels de mariage en soieries et dorures. Après cette belle balade, on ira faire une pause au Café Gamra où les habitués se retrouvent à l’ombre des arbres entrelacés.
Retour au Madhia Palace
Après midi à la plage (ou ailleurs) :Il se dit que les plages de Madhia sont les plus belles de Tunisie : sable couleur farine, mer turquoise ; sans algues indésirables et avec une brise qui, en été, rafraîchit agréablement.
20H30 Dîner dans un des meilleurs restaurants de poissons de Mahdia, nuit au Madhia Palace.

J.4 samedi après le petit déjeuner, départ pour El Djem à moins d’une heure de Madhia pour une visite guidée d’un lieu mythologique : sur la route du Sahel, à travers les oliveraies, apparaît soudain la façade du colisée romain d’ El Djem. Cet amphithéâtre, de 35000 places, est le troisième en taille après ceux de Rome et de Capoue. Il était un lieu de rassemblement et de spectacles très populaires [combats de gladiateurs et autres grandes messes]. La façade extérieure, très bien conservée sur la face sud, est formée d’une superposition de trois niveaux d’arcades. A l’intérieur, on peut se perdre dans les galeries circulaires voûtées aux perspectives vertigineuses. Après-midi libre.
Dans la soirée retour au colisée d’El Djem pour assister à une représentation de l’orchestre de l’Opéra de Toulon (Festival International de Musique Symphonique d’El Jem), sous réserve de programmation définitive
Diner et nuit au Madhia Palace.

J. 5 dimanche matinée libre. Vers 14h départ pour les Iles de Kerkennah.
Avant de prendre le ferry sur le port de Sfax, tour de ville – en bus – de la ville moderne avec ses immeubles années 1930 de style art-déco et néo-mauresque, ses grands bâtiments officiels (dont certains en forme de mosquée, avec coupoles et tours évoquent des minarets), sa synagogue, ses églises grecques et catholiques. Puis à pied par Bab Diwan, promenade dans la médina de Sfax, cernée de remparts dont certains vieux de douze siècles. C’est une des plus belles kasbahs de Tunisie, elle a même été choisie comme un des lieux de tournage du film « Le patient anglais ». Il est à remarquer que très peu de touristes s’arrêtent à Sfax qui est une cité économique et industrielle, la deuxième du pays.
En fin d’après-midi, traversée en ferry pour atteindre Kerkennah en 1H3Omm.
Dîner et nuit au Grand Hôtel.
J. 6 lundi : Pour décrire les Iles de Kerkennah, quoi de mieux qu’un extrait d’un article de Guy Deleuze : Honolulu, les Marquises ? Qui d’entre nous n’en a jamais rêvé ? Pourtant à 21 kms au large de Sfax somnole un merveilleux archipel oublié. Des îles abordables. 35 km sur 7 de sables d’or que foulent avec tendresse 900.000 palmiers ondulant sous la caresse d’un vent tiède venu du désert. Point d’usine ni de foule, ni de grand-route ni d’aéroport. Une mer translucide, peu profonde et donc chaude, d’oblongues plages, des éponges et des coquillages. Deux hôtels. Et vous !
Plage, mer et farniente jusqu’à 17H puis tour des Kerkennah guidé par un enseignant passionné par ses îles. Dîner –spectacle, nuit au Grand Hôtel
J. 7 mardi : journée en mer à bord d’une felouque entre plongée dans les eaux chaudes, grillade de poissons fraîchement pêchés et musique. Tout simplement paradisiaque!
Peut-être le savez-vous, à Kerkennah les pêcheurs sont propriétaires de leur lopin de mer. Dîner, nuit au Grand Hôtel
J. 8 mercredi : retour à Sfax par le ferry puis direction Hammamet et l’Hasdrubal spa. Après-midi libre.
Dîner et nuit à l’Hasdrubal

J9 jeudi : journée libre et dîner libre, nuit à l’Hasdrubal.
Hammamet vous connaissez ? mais Hammamet Yasmine où se trouve l’Hasdrubal ? Pour résumé, cela ressemble à Porto Banus (Andalousie), sans ses boutiques de luxe et ses milliardaires mais avec sa marina, ses plages et promenades, ses restaurants, ses casinos…

J 1o vendredi : journée et dîner libre, nuit à l’Hasdrubal
J 11 samedi : dîner « spécial » , nuit à l’Hasdrubal
J 12 dimanche : dîner libre et nuit à l’Hasdrubal
J 13 lundi : journée libre et dîner et nuit à l’Hasdrubal
J14 mardi : journée libre et dîner et nuit à l’Hasdrubal

Durant notre semaine à Hammamet, nous programmerons une visite à Tunis et environs, plus d’information dans quelques semaines.

J15 mercredi : départ en début d’après-midi pour l’aéroport Tunis-Carthage
MERCI D ETRE SI NOMBREUX A PARTICIPER AU CIRCUIT TUNISIE. NOUS NE PRENONS PLUS D’INSCRIPTION. (le 1ER JUIL 2010)

Pour nous cet été c’est la Tunisie ! circuit la première semaine : Madhia,El Djem, les Iles Kerkennah et la seconde semaine farniente dans un palace à Hammamet.
du mercredi 28 juillet au 11 août

programme indicatif, toute info au 0620884052

Invitation pour TunAction EXPO 2009

Les recettes serviront à la construction d’une aire de jeux pour les enfants polyhandicapés du centre ESSANED à Sidi Thabet.

Une semaine d’exposition sur le thème de l’enfance riche en couleurs et en émotions agrémentée par les interventions de musiciens et les projections de films documentaires de cinéastes tunisiens.
Programme
Samedi 07/03 de 18H à 21H: Vernissage
Dimanche 08/03 de 18H à 21H: Maher Belhaj (Luthiste) ; Samsa (Groupe de musique pop tunisienne)
Jeudi 12/03 de 19H à 21H: Hamdi Makhlouf (Luthiste)
Vendredi 13/03 à 20H: Silence (Film de Karim Souaki)
Samedi 14/03 à 15H: Mémoire d’une femme (Film de Lassaad Oueslati) ; SEANCE SURPRISE
Dimanche 15/03 à 16H: Oudhana, ma mémoire (Film de Mondhor Bou Assida)

Venez nombreux savourer ces émotions artistiques tout en nous aidant à redonner l’espoir d’une vie meilleure à ces enfants.

Les arts s’unissent pour une action caritative au profit des enfants handicapés et les plus démunis, lors de l’exposition vente de tableaux d’artistes peintres tunisiens.
TunAction EXPO 2009, à la Galerie Itinérance au 7 bis, Rue Goscinny 75013 Paris.
Du samedi 7 au dimanche 15 mars 2009. ( entrée gratuite)

CA SE PASSE COMME CELA AU « CABARET TUNE » (texte de Nadine TIBI)

(photo montage de Guy Sarfati)
Les talentueux maîtres de cérémonie, Danielle Toulemont et Philippe Tapia et les organisateurs Lina et Michel Hayoun ont offert aux nombreux invités un « Cabaret Tune » à la hauteur de leurs ambitions : poésie, histoires drôles , chansons : de Gershwin (Nadine Tibi) à Aznavour (Guy Sarfati) en passant par des airs de Bizet (David Serrero), de la guitare classique (Maurice Cohen-Jonathan) et du malouf (Syrine), de la maturité de compositions freudiennes (Fabien Franco) à l’attente de Madeleine (Yves Benacin) ; tout s’est enchaîné avec une dynamique et beaucoup de finesse dans l’humour (Jean Amella, Lucien Smadja), le charme (Virginie Dorade, Thu N’guyen, Denis Uzan) et l’émotion (Richard Dian).
La musique, au cœur de ce voyage, a fait revivre par magie un instant précieux, un souvenir disparu, un sentiment enfoui, guidée par les mots, tour à tour, drôles, émouvants, sensuels avec en fond de décor, la merveilleuse Tour Eiffel, revêtue de lumières scintillantes , rien que pour nos yeux…..
Graines d’artistes, artistes amateurs ou confirmés, tous ont donné la pleine mesure de leur talent à cette rencontre de genres et ont rivalisé d’élégance, d’énergie et de savoir-faire pour séduire le public ou pour un plaisir en partage, tout simplement…
Le jury ayant eu beaucoup de mal à départager les acteurs de cette grande fresque haute en couleurs , a attribué « l’unanimité des suffrages » , noblesse oblige, à chacun d’entre eux en leur remettant un prix bien mérité, couleur locale…..
Et le public conquis, en standing ovation, a chanté avec les artistes participants, prêt à être emmené au bout de la terre dans la fantastique tournée des comédiens, des chanteurs et musiciens, des poètes…….
Tard, dans la nuit, cet immense chœur d’inconditionnels de réjouissances a mis fin à la cérémonie des « TALENTS D OR CARNOT 2009 « , qui devrait être bi-annuelle pour le plaisir de tous ….
NADINE TIBI
www.nadine-tibi.odexpo.com
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POUR YVES BENACIN
Un attachement à de grands auteurs-compositeurs et un clin d’œil à Cookie Dingler, frère d’une ancienne de Carnot , dans un remake de la chanson « Femme libérée » ; une élégance , une guitare des plus mélodiques au bras de cet homme , spécialiste aussi des histoires de « cœurs » de par sa profession .
POUR VIRGINIE DORADE
Un regard posé sur une jolie paire de jambes qui fait oublier la tristesse de ses yeux bleus un peu mouillés par l’émotion quand elle chante de sa voix douce : « ne me quittes pas  » de l’immense Jacques Brel ; jamais, il ne te quittera, Virginie, tu es comme « la  » perle de ton sautoir de ce soir….POUR DENIS UZAN
Charme discret pour celui qu’on pourrait appeler PAUL pour accompagner VIRGINIE.
POUR LUCIEN SMADJA
Une histoire tragique se transforme en une drôle de comédie en donnant une couleur judéo-tunisienne aux textes d’Aznavour !
POUR THU NGUYEN
Des intonations qui se veulent « blues  » avec en « arrière plan de voix », la perception de sa culture musicale d’origine qui a donné une touche particulièrement harmonieuse à son interprétation des « Enchaînés » .
POUR JEAN AMELLA
Un sympathique conteur d’histoires grivoises tunisiennes ; mais pourquoi parler en euros ? Le dinar n’est-il pas la monnaie de là-bas ? en tout cas, ce n’était pas une histoire à deux sous non plus…..
POUR FABIEN FRANCO
Un talent d’auteur compositeur qui met en exergue de réelles connaissances de la condition humaine ; des nuances parfois cyniques à travers lesquelles il faut lire : aimez-moi pour moi ou bien désespérées avec un titre inquiétant « je vais me tuer », où passe un reel message d’espoir : la vie est belle et vaut la peine d’être vécue ..
POUR GUY SARFATI
L’ardent aznavourien de Carnot a interprété avec fougue et humour « Le blues du Dentiste » qu’il est et « Pour faire une Jam » ; ce « vif argent » à l’allure de latin lover a fait « pâmer » de plaisir la gent féminine ; AZNAVOUR n’a plus qu’à prendre sa retraite….
POUR DAVID SERRERO
Un jeune chanteur lyrique, hors concours, à la voix chaude , a chanté ,à capella, avec cette espèce d’attitude digne d’un toréador, deux extraits d’opéras célèbres de Bizet , repris en chœur par les voix des carmencita….. sous le charme !
POUR SYRINE BEN MOUSSA
Cette jeune jolie tunisoise, petite-fille d’un ancien de Carnot, a donné à entendre ses dons d’orfèvre acoustique , jouant avec la grâce de sa jeunesse, de l’oud, pour nous remémorer quelques chansons populaires tunisiennes oubliées
POUR MOI

« ANNE, LE MUSICAL », AU THEATRE DEJAZET

Anne, nous entraîne dans l’annexe qui servit de refuge à plusieurs familles pendant la Seconde Guerre Mondiale. De la relation privilégiée avec son père, de ses premiers émois amoureux en passant par les rapports conflictuels liés à la promiscuité contrainte des occupants, le spectacle nous livre le quotidien d’une adolescente pleine de vie.Anne le musical, hommage à Anne Frank, au théâtre Déjazet du
5 Mai au 30 juin 2009!
L’équipe de production poursuit l’aventure «Anne le Musical » au théâtre Déjazet, une nouvelle destination pour que le rêve devienne réalité et qu’« Anne le musical » s’installe à Paris jusqu’au 30 juin 2009.
Jean-Pierre Hadida l’enveloppe de ses paroles et de sa musique. Christine Giua et Pierre-Yves Duschesne réalisent la mise en scéne.
Jacques Rouveyrollis s’est penché sur sa lumière.
Adresse : 41 boulevard du Temple, Paris 3ème, métro République.

Cadeau de Claude RIZZO pour l’an nouveau : une histoire inspirée par celle de sa famille

La honte était parvenue à vaincre sa terreur de l’enfer. Dieu comprenait sans doute la détresse qui le poussait au parjure. L’un des souliers de sa dernière paire s’était ouvert comme une figue trop mûre. Sa chemise partait en lambeaux et ses pantalons ne semblaient pas en meilleur état.
— Tu lui diras la vérité, lui conseilla sa mère. Sur cette île, nous ne sommes pas les seuls à manquer de tout, même de nourriture.
Putain de misère ! L’Archipel maltais connaissait sa troisième année de sécheresse. La terre, brûlée par le soleil et le sirocco, s’ouvrait de crevasses larges comme le poing. Les denrées devenaient un luxe que seuls les Anglais pouvaient encore s’offrir. Une garnison de quinze mille hommes, les fonctionnaires et leur famille qu’il fallait nourrir : les Britishs raflaient le peu que l’île produisait encore, précipitant la population dans la famine.
Face à la calamité, certains Maltais osaient chuchoter, imaginant que l’on pourrait importer quelques sacs de blé français. Ces messieurs leur riaient au visage. L’Empire britannique s’en remettant à la France pour approvisionner ses colonies. Fallait-il être maltais pour imaginer une telle humiliation.
— Je crois bien que je vais y aller, annonça Paul Caruana sans bouger d’un pouce.
Il eut un regard par la fenêtre ouverte. Le troupeau s’était rassemblé au bout du champ. Plus rien à brouter, deux chèvres étaient mortes en quelques semaines et les survivantes ne donnaient plus de lait.
Paul passait désormais ses journées dans la crique voisine. La vingtaine de minuscules poissons de roche, une paire de mulets, une dorade les jours de chance, représentaient bien souvent leur seul repas.
Caruana finit par se lever et sortit.

— La lettre vient de ton frère, annonça le capelan après avoir ouvert l’enveloppe.
— De Gaëtano, vous en êtes sûr ?
Paul n’en revenait pas. Il vivait dans la certitude qu’il n’entendrait plus parler de son aîné. Celui-ci avait passé des semaines sur le port de La Valette, dormant sur les quais dans l’espoir d’être embauché sur l’un des navires faisant escale sur l’île. Il avait de toute évidence réussi son coup malgré la concurrence. Ils étaient des milliers à rêver de départ vers des terres hospitalières où les enfants n’auraient plus jamais faim. Un sixième de la population se préparait en effet à quitter le pays de ses ancêtres. Ces hommes, ces femmes, allaient ainsi engendrer la plus importante émigration en pourcentage que le monde n’ait jamais connue.
— Où est-il en ce moment ? demanda Paul.
Le curé se signa avant de répondre :
— À Tunis, chez les Barbaresques.
Un nom rappelant à lui seul la terreur aux couleurs de l’enfer qui fut imposée aux habitants de l’archipel durant des siècles. La guerre de course connaissait alors de beaux jours. Corsaires de Tunis et d’Alger, Chevaliers de Malte, se rendaient la politesse dans des razzias où les populations capturées finissaient sous le joug de l’esclavage. Ces visites croisées appartenaient désormais au passé. La France avait occupé l’Algérie. La Royal Navy veillait sur le sommeil des ayants droit de son Empire. Et il est prouvé que l’on dort bien mieux le ventre vide.
— D’après ce qu’il raconte, ajouta le capelan, la vie est plus facile chez les païens pour les hommes qui n’ont pas peur du travail. Il vous propose, à ta mère et à toi, d’aller le retrouver. Il te demande aussi d’amener tes chèvres. Il paraît que les gens de là-bas apprécient le lait des chèvres maltaises.
Le curé hocha la tête.
— Je serais bien étonné qu’un mahométan puisse faire la différence entre le lait de chèvre et celui de brebis. Bon, je continue. Il attend ta réponse. Si vous donnez votre accord, il enverra quelqu’un vous chercher d’ici quelques semaines. Il faudra vous tenir prêts à tout moment. Le bateau ne pourra pas vous attendre. Il finit en disant qu’il fera son affaire du coût de la traversée et qu’il vous embrasse.
Le prêtre remit la page de papier quadrillé dans l’enveloppe.
— Si tu veux, je t’écrirai la réponse.
— Merci mon père ! Je réfléchis avec ma mère et je vous dirai, répondit Paul en se levant.
— Et n’ai pas honte de venir à la messe le dimanche, lui dit encore le prêtre en le raccompagnant. Je te rassure. La moitié des paroissiens qui assistent aux offices n’ont plus de chaussures.

Le sujet occupa désormais la plupart de leurs échanges. Mme veuve Caruana percevait dans cette opportunité une chance à ne pas laisser passer. Jamais elle n’envisagea toutefois de faire partie du voyage. Le bout de son chemin se trouvait ici, près de son époux, dans le petit cimetière bordant l’église paroissiale.
Paul décida alors de classer le projet dans le tiroir des affaires sans suite. Il se préparait à rendre une nouvelle visite au capelan quand sa mère revint à la charge.
— Tout est arrangé, lui dit-elle. Tu n’as plus à te soucier de moi. J’irai vivre chez ta sœur Fiona. Son mari est d’accord pour m’héberger. Il te demande seulement de lui donner quatre chèvres avant de partir.

Paul s’éveilla en sursaut. On frappait à la porte sans ménagement.
— Tu as une demi-heure pour te préparer et réunir tes bêtes, annonça l’un des deux visiteurs dans un maltais chancelant. Le bateau est ancré dans Saint George’s Bay. Départ dans deux heures.
— Comme ça, en pleine nuit ?
L’autre eut un sourire.
— Hé oui, c’est ainsi, notre métier se pratique plutôt de nuit.
— Et quel est votre métier ?
— Le même que celui de ton frère Gaëtano et de bien des Maltais de Tunisie. C’est une sorte d’import-export où les échanges se font bien plus dans les criques isolées que dans les grands ports. Tu vois ce que je veux dire ?
Non, Caruana ne voyait pas. Mais l’instant se prêtait peu aux éclaircissements. Le temps de serrer sa mère contre lui, de sortir les chèvres de la bergerie, Paul Caruana quittait Ghar Dalam, le village de ses ancêtres. Deux heures plus tard, son île disparaissait dans les brumes de la nuit. Il ne devait plus jamais y revenir.

Tunis 1846.

Camerla Caruana attela son bouc à la petite charrette imaginée et conçue par son époux. Elle installa Fifine au premier étage, l’impériale en quelque sorte, capitonnée d’un vieil édredon et garnie d’un parapluie à l’usage de toutes les saisons.
Le nourrisson ouvrit les yeux, sourit à sa mère et se rendormit. Camerla lui passa la main sur le visage dans une tendre caresse.
— C’est l’heure de ta promenade, lui dit-elle en chargeant un arrosoir et une éponge destinés à nettoyer le pis de ses bêtes.
Le troupeau se mit en marche. Le bouc, sérieux comme un officier de l’armée des Indes, gardait ses distances, avançant à deux pas derrière sa patronne sans jamais se laisser distraire par les trognons de légumes et les papiers gras parfumés par les restes de gâteux au miel.
— Aïa, aïa ! Mourou, mourou ! criait Camerla, prolongeant ses appels d’un sifflement inimitable, connu dans tout le quartier franc et dans les moindres ruelles de la Médina.
Les premiers clients sortaient sur le pas de la porte, provoquant un affrontement général. Les chèvres perdaient alors leur flegme, se distribuant maints coups de corne dans leur désir de se présenter en tête devant Camerla. Leurs mamelles traînaient au sol, battaient leurs pattes et les faisaient souffrir. Leur combat était celui de la liberté.

Paul Caruana quitta l’église Sainte Croix. Assis sur les marches, il enleva ses chaussures, noua les lacets et les posa ainsi sur son épaule. Un geste guidé par un souci d’économie qui ne le quittait pas malgré les trois pièces d’or que son travail et celui de son épouse leur avaient rapportées.
Le curé, un Italien du Nord, blond comme un ange du Paradis, sortit à son tour et vint s’asseoir à ses côtés.
— Paolo, lui dit-il, je voudrais te donner un conseil. Et je pense qu’il serait sage que tu le prennes au sérieux. Vois-tu, je crois qu’il est temps que ton fils Nazzareno fréquente l’école italienne.
Caruana hocha la tête. L’idée lui paraissait plus que saugrenue.
— À l’école, mais pour quoi faire, mon père ? demanda-t-il.
— Pour apprendre à lire et à écrire. Mais aussi pour parler un bon italien. Vous savez que vous, les Maltais de Tunisie, vous êtes destinés à devenir italiens un jour ou l’autre. Et je pense que c’est là le désir de la majorité d’entre vous.
Paul ne pouvait nier que le prêtre avait raison. Les quelques milliers de Maltais vivant à Tunis subissaient de plus en plus l’influence italienne, seule communauté européenne organisée, défendue par une ambassade puissante et active.
Malte, n’étant pas considérée comme une nation, ses habitants ne pouvaient prétendre à aucune citoyenneté. Une époque où la loi tunisienne imposait aux consulats européens de prendre en charge leurs ressortissants. Mais où caser ces Maltais devenus bien encombrants ? L’ambassade du Royaume-Uni, sur la demande présente du Bey, fut contrainte de reconnaître leur existence. Et les voici sujets de l’Empire britannique ou éléments anglo-maltais suivant l’humeur d’un secrétaire de service.
Une décision qui n’en fit pas des Anglais pour autant. Le seul chemin qui s’ouvrait devant eux les dirigeait vers la nationalité italienne. Toute l’organisation de la vie quotidienne les y invitait : la paroisse Sainte-Croix sur laquelle régnait un clergé italien, les journaux, les écoles, l’île de Malte qui se perdait dans les souvenirs, les mariages mixtes et la volonté légitime d’appartenir à une nation prête à les reconnaître comme citoyens à part entière.
— Je parle l’arabe, le maltais et l’italien, fit remarquer Caruana. Et pourtant, je ne suis jamais allé à l’école.
Le prêtre eut un sourire.
— Il est question de l’italien, du vrai, pas du charabia sicilien que j’entends ici tous les jours, et auquel j’ai dû m’adapter pour me faire comprendre.
Caruana promit de réfléchir. Dix minutes plus tard, se promenant dans la Médina, il avait oublié le prêtre et sa drôle d’idée.
Paul ne pouvait se lasser du spectacle que lui offraient les marchés de Tunis. Il devait bien admettre qu’Allah pouvait se montrer plus généreux que le Christ quelquefois. Des montagnes d’agrumes, un jardin potager béni des dieux, des pastèques qu’un seul homme ne pouvait porter, des dizaines de boucheries proposant des agneaux enlevés à leur mère et des moutons à la chair ferme et odorante suivant les goûts. Des marchés vivants, bruyants, animés par des orchestres de rues, des diseuses de bonne aventure et des charmeurs de serpents. Des marchés où l’odorat était assailli à chaque instant : coriandre, clou de girofle, tebelcarouia, camoun, se mélangeaient dans des bouquets qui n’appartenaient qu’à l’Orient.
Caruana constata à nouveau que la Tunisie l’avait capturé. Il aimait ce pays et tous les êtres qui le partageaient : Arabes, Juifs, Siciliens et Maltais. Il en était à présent certain. C’est sur cette terre qu’il voulait mourir.
Paul retrouva son fondouk du quartier franc, le seul où les chrétiens étaient en droit de résider.
Des pièces l’une dans l’autre ouvraient sur une cour aux allures d’arche de Noé. Les cochons, volailles et chèvres des locataires partageaient l’espace avec les ânes des Tunisiens en visite à la Médina et les chameaux de tribus nomades résidant en ville le temps de vendre les produits de leur artisanat.
Là, s’entassaient une trentaine de familles maltaises, parmi les immondices, dans le doux parfum du fumier et des ordures. Et quand le temps se mettait à l’orage, lorsque ces tornades propres à la Méditerranée arrosaient la ville, leur arrivait alors tout ce que l’eau charriait avec elle. Le quartier franc méritait bien son titre d’égout de Tunis.

Tunis 1862.

On enterrait ce jour-là Paul Caruana, emporté par l’épidémie de typhoïde qui avait eu comme effet d’élaguer le quartier franc et de libérer ainsi quelques places pour de nouveaux immigrants. Le flot des miséreux arrivant de Sicile et de Malte n’était pas près de se tarir. Sans cette loi beylicale absurde, les contraignant à s’entasser dans le cloaque de la ville, leur existence aurait eu un goût de miel. Ce pays ne comptait en effet que dix-sept habitants au kilomètre carré. L’archipel maltais en dénombrait plus de six cents.

Tunis 1881.

Nazzareno Caruana était arrivé deux bonnes heures avant le début du défilé. La foule des grands jours se pressait le long de la Promenade de la Mer. Les Tunisiens étaient venus en nombre, voulant sans doute célébrer l’arrivée d’une civilisation éclairée qui les sortirait enfin de leur Moyen-Âge. Les juifs paraissaient plus sceptiques. Ils jugeraient sur pièce, l’Histoire leur ayant enseigné que ses vicissitudes les désignaient bien souvent comme bouc émissaire.
Caruana, lui, était là pour jouir d’un spectacle gratuit. L’événement ne semblait pas de nature à changer le cours de son existence. La France, à cette époque, offrait aux Maltais une image trouble et mitigée. Ces derniers n’avaient pas oublié le passage de Bonaparte et de ses soudards sur leur île. Les soldats de la Révolution, portant dans leurs bagages l’utopie de la liberté, furent accueillis comme des libérateurs. Ils sonnaient le glas du règne des Chevaliers, maîtres de l’Archipel depuis 1530. Dix-huit mois plus tard, les habitants se révoltaient contre ces envahisseurs hautains et pillards de surcroît. Les Anglais les avaient aidés à renvoyer chez eux ces visiteurs encombrants. Ils devaient oublier de quitter l’île une fois leur généreuse mission accomplie. L’image de la France retrouvait quelques couleurs avec la prise d’Alger, ce nid de pirates coupable de bien des razzias durant des siècles. Une nouvelle rencontre entre Français et Maltais s’annonçait. Allait-elle déboucher sur le pire ou le meilleur ?
Les Italiens s’étaient enfermés chez eux. Cette journée représentait à leurs yeux une bien lourde défaite. La France venait en effet de leur chiper une place que l’Histoire semblait leur avoir réservée.
Nazzareno Caruana se moquait bien en cet instant de toutes ces tribulations politiques. Privé de citoyenneté, il n’était mû par aucun sentiment national. Il appartenait à la tribu des Maltais de Tunis : c’était bien là son seul drapeau. Même l’île de ses ancêtres se perdait dans les souvenirs. La dernière lettre remontait à dix ans. Elle lui annonçait la mort de sa grand-mère et ouvrait ainsi le livre de l’oubli.
L’on entendit enfin la musique. La grande et belle armée coloniale remontait le Boulevard de la Mer. Une heure de spectacle haut en couleurs durant laquelle la France montra ses muscles. La Tunisie n’avait pas choisi sa puissance protectrice par hasard. Et les insurgés du Centre et du Sud ne semblaient pas avoir compris que l’on venait de leur offrir mille ans de bonheur et de prospérité.
Caruana retrouva les trois pièces de son fondouk où s’entassait la marmaille. Pris par le quotidien, il oublia la France et son Protectorat. L’événement ne paraissait pas de nature à changer le cours de son destin.

Tunis 1920.

Lazare Caruana arrêta son araba face au 56 rue de la Verdure. Il quitta sa charrette, flatta la croupe de son anglo-arabe dans une caresse de père.
Le cheval venait d’entrer dans l’existence des Caruana du fondouk de la rue Sidi Kadous. Il écrivait ainsi la première page d’une épopée riche de plusieurs volumes.
Rachid Boussen l’attendait. Il servit le thé, puis ouvrit le propos par maints salamalecs comme il se doit avant de parler affaire.
— Pourquoi la majorité des Maltais choisissent-ils ce quartier pour s’y installer ? demanda-t-il ensuite.
— Parce qu’ils veulent rester ensemble, répondit Lazare sans hésiter. Et maintenant, ici, nous avons notre église et notre cimetière.
Avec l’arrivée de la France, Tunis sortait de ses murailles et connaissait une expansion sans précédent. La ville nouvelle avait choisi son camp. Elle devait faire de Tunis la cité la plus européenne d’Afrique du Nord.
Les Maltais, un suivant l’autre, s’étaient installés dans le quartier de Bab el-Khadra, donnant ainsi leur nom à quelques rues des environs : rue Malta Srira, rue des Maltais, rue de la Valette.
Chaque jour voyait s’ouvrir de nouveaux chantiers, au grand bénéfice de la communauté italienne. Cette dernière conservait pourtant toute son animosité à l’endroit de la France, rêvant d’un renversement de situation qui ferait de la Tunisie une colonie transalpine.
Lazare Caruana avait perçu qu’il pouvait tirer profit de cette manne inespérée. Il avait ainsi investi les quelques sous que lui avait laissés son père dans une charrette et un cheval solide et résistant. Transporteur de matériaux de construction, il travaillait douze heures par jour et six jours par semaine.
— Et ça te gène de vendre tes terrains aux Maltais ? demanda-t-il en retrouvant Rachid Boussen.
Le Tunisien eut un geste de la tête. Le sujet éveillait chez lui des sentiments contradictoires. Des champs où ne poussaient que des melons, devenus grâce à la France de véritables pépites d’or. Mais la France avait fait de lui un colonisé. Sans doute le colonisé le plus riche du quartier. À combien toutefois peut-on chiffrer l’estime de soi ?
— Tout compte fait, je préfère les vendre à des Maltais, qui parlent presque tous arabe, qui vivent comme nous et que nous considérons un peu comme nos cousins. Et en plus, ils appellent leur dieu chrétien Allah.
— Ce n’est pas un exploit pour nous de parler arabe. Nos langues se ressemblent et nous sommes presque voisins.
Lazare pratiquait aussi le sicilien commun aux quartiers populaires. Le français lui posait par contre bien plus de problèmes. Cette langue s’imposait pourtant un peu plus chaque jour. Et la parler comme il se doit vous distinguait son homme. Aussi, comme bien des membres de la communauté, Lazare avait décidé d’envoyer ses enfants à l’école des Français.
— Alors, à combien tu me le fais ce bout de terrain ? demanda-t-il.
Rachid Boussen annonça un prix.
— Al Madona ! s’écria Caruana en levant les bras au ciel. Encore heureux que tu me considères comme ton cousin, sinon, tu me prendrais même mon pantalon.
Le Tunisien eut un sourire. On disait des Maltais qu’ils avaient hérité du sens des affaires des Phéniciens, le premier envahisseur de l’île, et celui qui avait sans doute forgé la mentalité de ses habitants.
Deux heures de négociation à la mode orientale, sourire aux lèvres, sans jamais quitter sa bonne humeur. Retrouvant son araba, Lazare Caruana avait acquis quatre ares de terrain, situés sur la place de Bab el-Khadra, avec une vue imprenable sur le cimetière musulman. Il venait de pénétrer dans le monde très fermé des capitalistes. Ne lui restait plus qu’à devenir colonialiste.

Tunis 1921.

Le Français est un être casanier, attaché au clocher de son village. La France enregistre dès lors un échec dans sa volonté de peupler son empire à partir d’éléments venus de la métropole.
En Tunisie, le péril italien continue à inquiéter le Ministre résident. La France manque de citoyens à opposer au groupe italo-sicilien. Qu’à cela ne tienne, elle va en rechercher dans le stock que la colonisation a mis à sa disposition.
Lazare Caruana s’endormit au soir du 7 novembre 1921. Il portait en cet instant le titre peu glorieux d’élément anglo-maltais ; sous-produit de l’Empire britannique en d’autres mots. Drôle d’Anglais à vrai dire, bien incapable de dire bonjour et au revoir dans sa langue. Il s’éveilla au matin du 8 novembre. Le Bey venait de signer le décret qu’on lui présentait, attestant que tout Maltais né dans la Régence devenait français, avec, pour les jeunes, la possibilité de renoncer à cette disposition à leur majorité. Et le voici désormais citoyen de la grande puissance coloniale. Drôle de français en réalité, à peine capable de dire bonjour et au revoir dans sa langue.
Cinq mille six cents Maltais venaient ainsi de changer de nationalité sans que l’on eût l’idée de leur demander leur avis. C’était toutefois sans compter sur la réaction de l’Angleterre. Le consul de ce pays se découvrit une affection soudaine pour ces « sujets » dont on venait de le priver. Une tendresse où le sentiment anti-français joua sans doute un rôle essentiel. L’affaire fit grand bruit. Et la Cour de justice internationale eut à trancher le différend. La France fut ainsi condamnée à restituer ces naturalisés d’office à la Grande-Bretagne.
Caruana, après avoir goûté aux bienfaits du colonialisme, se retrouva à nouveau dans le camp des colonisés. L’Angleterre eut alors la bonne idée de faire sien sept mille Allemands du Sud-Ouest africain. À chacun ses naturalisés d’office. Britanniques et Français finirent par s’entendre sur ce point. Et Lazare, en balle de ping-pong, reprit sa place dans le camp tricolore.
Mais quel était donc l’état d’esprit de ces Français de la statistique ? Question posée à Caruana, voilà ce qu’il serait sorti de son propos. Des remarques en maltais comme il se doit. Ce dernier n’ayant pas reçu, avec sa carte d’identité toute neuve, le mode d’emploi complet de la langue de Molière.
Sans doute était-il fier d’appartenir à présent à la communauté dominante. Et les perspectives d’un avenir français lui paraissait une chance pour ses enfants. Il ne pouvait malgré tout se défendre contre un sentiment de frustration. On venait en effet de rompre les derniers liens qui le reliaient à l’île de ses ancêtres. D’autre part, il se méfiait un peu de ces Français, des hommes sans Dieu et des anticléricaux. « Attenter à la nationalité, c’est attenter au christianisme », avait dit son curé. Et Caruana pensait qu’il devait avoir raison. Même si, en temps qu’Italien, il reconnaissait que le prêtre ne portait la France dans son cœur.

M. Paul Cambon, Ministre résident, perçut le danger que représentait la propagande du clergé italien auprès de ses néo-naturalisés.
Le cardinal Lavigerie entra alors en fonction. Le Primat d’Afrique apparaissait comme un grand ami de Malte. Un titre que lui avait valu son intervention sur l’île au cours d’une épidémie de choléra.
Le nouveau clergé se considérait au service de la politique coloniale de sa patrie. Il était appelé à remplacer les prêtres italiens, invités à rentrer chez eux.
Et ce fut à des vicaires maltais, amis de la France, que l’on confia l’une des nouvelles paroisses, celle du Sacré Cœur, située au centre du quartier maltais de Bab el-Khadra. Une église qui deviendrait celle de la communauté. La plus matinale de Tunis. Elle proposerait en effet une messe à cinq heures du matin. « La messe des cochers. » Un office que Lazare Caruana ne devait jamais manquer avant de commencer sa journée de travail.

Tunis 1948.

Jean Caruana n’avait jamais eu besoin de réveil-matin pour se lever. À quatre heures, déjà dans son écurie, il étrillait et nourrissait son compagnon de travail avant de bichonner sa calèche. Puis, sans éveiller sa femme et ses gosses qui dormaient dans les trois pièces situées au-dessus de l’écurie, il déjeunait d’un bol de café noir, d’un oignon cru et de quelques sardines.
Le temps d’écouter la messe des cochers, Jean venait prendre place dans la file des karrozzins qui attendaient leurs premiers clients devant le café Borg.

Ce matin-là, Jean Caruana connaissait une anxiété peu courante chez les Maltais ; des êtres placides et un brin fatalistes.
Alfred Sammut, son ami de toujours, buvait un verre de café au lait quand il entra dans le bar.
— Il est reçu, lui annonça celui-ci dans un sourire en lui tendant la Dépêche Tunisienne. Regarde, c’est là !
Jean lisait le français en déchiffrant chaque syllabe. « Robert Caruana », ânonna-t-il. Pas de doute. Son aîné était admis en sixième au lycée Carnot.
— Celui-là, il ne fera pas le cocher. Je peux déjà le prédire, affirma-t-il ensuite du haut de son orgueil.
Le destin de son aîné le conduirait un jour à travailler dans un bureau ou dans une banque. Et si la chance voulait bien lui sourire, peut-être deviendrait-il fonctionnaire chez les Français, avec une villa à Mutuelleville et des costumes de mariage pour toute la semaine.

Tunis 1956.

La pièce est jouée. Le rideau tombe sur les cris de joie des vainqueurs et le désespoir des cocus de la farce. Les grands décident du destin des nations. Le petit peuple est invité à payer l’addition.
« Les colonialistes à la mer ! » hurlent Mohamed et Ali sous les fenêtres de leurs voisins : David, Salvatore et Carmelo. Robert Caruana voudrait leur répondre, leur rappeler qu’ils sont cousins, presque frères. Mais dans quelle langue le leur dire ? Oubliés l’arabe, l’italien, le maltais, il n’a plus que le français et des rudiments d’anglais pour s’exprimer. Alors il se tait. Qu’il le veuille ou non, il est français. Et d’ailleurs il le veut. Il le revendique même. Il est français de Tunisie, d’origine maltaise. Et croit pouvoir le rester, ne voulant rien rejeter de cette chakchouka d’influences qui compose son identité.
Robert Caruana bâtira sa vie ici, sous les lois tunisiennes. Les Maltais en ont vu d’autres tout au long de l’Histoire.

Tunis -Marseille 1961.

Jean Caruana a décidé de jeter l’éponge. Voilà des mois que ses journées de travail ne lui permettent plus de payer l’avoine de ses chevaux. Et la Mairie de Tunis vient de rejeter sa demande. Habib Bourguiba lui refuse de trahir le métier de son père en conduisant un taxi.
La misère, à nouveau, pousse les Caruana à l’exil. Jean rêve un instant de retrouver l’île de ses ancêtres. Robert, son aîné, ne partage pas cet avis. Seul un départ sur les terres de France leur offrira un avenir porteur de promesses. Un départ et une découverte à la fois. Pour les Caruana de cette branche, à l’image de bien des familles de ces néo-Français, la Mère Patrie reste un concept flou, peuplé de quelques images de cartes postales.
La Tunisie leur montre la sortie. Malte leur ferme ses ports. Ces enfants perdus, que l’Histoire a malmenés, n’ont plus de place sur une île surpeuplée.
Marseille leur ferait oublier Tunis tant elle ressemble à Tunis. Afin de les protéger de l’oubli, les mêmes cris les accueillent. Colonialistes là-bas, colonialistes ici ; le dépaysement n’est pas pour demain.
Drôles d’ « exploiteurs d’Arabes » en réalité. Les Caruana semblent experts dans l’art de camoufler le trésor que leur a valu la sueur des burnous. Un deux pièces sous les toits, suintant d’humidité, glacial les jours de mistral, four à pain aux premiers rayons de soleil. Jean, garçon d’écurie à l’hippodrome du Pont de Vivaux. La mère, employée par quelques familles de la rue Saint-Férreol, retrouvait ainsi, dans le rôle de fatma, toutes les humiliations infligées aux femmes de ménage qu’elle n’avait jamais pu se payer. Robert, de son côté, avait gagné ses galons de plongeur en eau de vaisselle. Certains restaurateurs d’Aix-en-Provence se souviennent encore de lui. Un banquet, un mariage, l’étudiant en lettres ne refusait jamais les quelques billets que rapportait une nuit d’assiettes sales et de fourneaux encrassés.

Aix-en-Provence 1962.

L’affaire algérienne secoue la France. Deux camps hostiles se font face, prêts à l’affrontement. M. Ménard, prof de lettres modernes à la fac d’Aix-en-Provence, figure parmi les héros de la cause des opprimés. Non pas que sa bravoure le conduise à sortir sa pétaudière dans l’intention de s’opposer à l’OAS les armes à la main. Son courage semble vouloir s’exprimer par ailleurs. C’est ainsi, dans un propos mal assorti, que Robert Caruana s’entend à nouveau traité de sale colonialiste.

40 ans plus tard.

Les décennies ont refermé les cicatrices, ouvrant ainsi la voie aux souvenirs heureux. Le filtre du temps a libéré l’Histoire de ses passions. La Tunisie porte désormais un regard ému sur ses communautés dont elle reconnaît l’amour sans calcul qu’elles lui ont porté. Malte retrouve ses fils éparpillés, auxquels elle offre à présent ses plus beaux sourires dans son désir de les voir accourir, les poches pleines de devises.
Et Robert Caruana a ainsi reconstitué son triptyque : Malte, la Tunisie, la France dans une même phrase et dans bien des livres. L’impérialiste déchu s’est en effet découvert une vocation dans le métier d’écrivain.
La page est tournée. Les exploiteurs de burnous sont passés de mode. La vindicte, inspirée par un racisme bien ordinaire, se porte dorénavant sur les porteurs de burnous, avant de choisir d’autres cibles.
Seul le souvenir de M. Ménard reste en lui comme une tache indélébile. Non pas que son insulte l’ait marqué plus qu’une autre. Son « sale colonialiste » tombait toutefois comme un cheveu sur la soupe.
« Hors sujet. Mal à propos, monsieur Ménard ! » Et cette atteinte à la langue française, Robert Caruana ne pourra jamais vous la pardonner.

Les autres romans de Claude RIZZO, disponibles en librairie :
Au temps du jasmin – Editions Michel Lafon.
Le Maltais de Bab el-Khadra – Editions Michel Lafon.
Je croyais que tout était fini – Editions Michel Lafon.
La secte – Edition Lucien Souny.
Le sentier des aubépines – Editions Lucien Souny.

Île de Malte 1843.
Paul Caruana regardait la lettre posée sur la table. Voilà plus d’une demi-heure qu’elle était devant lui sans qu’il se décidât à l’ouvrir.
— Tu vas l’admirer comme ça jusqu’à ce soir ? lui demanda sa mère.
— Qu’est-ce tu veux que je fasse ?
En plus de ne pas savoir lire, Paul n’avait jamais reçu de lettres jusqu’à ce jour.
— Va voir notre curé. Lui te la lira.
Caruana eut un geste de la tête. Comment oser rendre visite au prêtre alors qu’il ne mettait plus les pieds à l’église depuis des mois ?

LA ROSE ET LE PAVOT AU THEATRE AIRE FALGUIERE

…Et se tissent, en mots et en musique, les contours d’un pays étrange tenant à la fois du séfarland et du Yiddishland, où Brest-Litovsk se relie à Tunis et où Sarcelles regarde Kovno en une saga savoureuse, émouvante et drôle.

Au Théâtre Aire Falguière
55, rue de la procession 75015 Paris
tel : 01 56 58 02 32 – http:/www.airefalguiere.com

Tarif normal : 15 € Tarif réduit : 10 €
Métro : ligne 12 : Volontaires, ligne 13 : Plaisance
Bus : 62 – 88 – 89 – 95Histoires de neige et de sable d’un juif russe et d’une juive tunisienne.
Spectacle à deux voix et en musique de et par Sonia Koskas et Maurice Delaistier

SOIREE de GALA FESTIVE POUR LES 15 ANS de l’ALCT

Tout en conservant à la soirée son caractère exceptionnel, dû à la solennité des lieux , notre bureau souhaite faire de ce dîner de gala un moment avant tout festif.
La musique et la cuisine tunisiennes seront de la fête, mais des surprises vous attendent.
Venez vous amuser avec nous dans ce cadre exceptionnel, rencontrer des personnalités célèbres et d’autres qui ne le sont que dans nos cœurs d’anciens du Lycée Carnot.
Attention ! les places sont limitées, inscrivez vous le plus rapidement possible. Et cela, en confirmant par le coupon ci-dessous, accompagné du chèque de règlement, par personne 60 € (adhérent 2008) , 65 € (non-adhérent). A réception, vous recevrez de la Mairie de Paris un carton à présenter à l’entrée de l’Hôtel de Ville.
Avec nos plus cordiales salutations,
Philippe Tapia
Vice-président
Michel Hayoun
Président
(Avec l’amical partenariat de l’AGALM (association des Anciens du Lycée de Mutuelleville et Harissa.com)

PS)En cas d’annulation et pour se faire rembourser la totalité de la réservation, il faut nous prévenir au moins 72 h à l’avance soit le 26 mars
06 20 88 40 52 ou par mail alct@free.fr. passez l’info à vos copains d’avant!

Pour la troisième fois, la Mairie de Paris reçoit jeudi 27 mars 2008 à 20h, dans ses salons, l’association des Anciens du Lycée Carnot de Tunis.
A noter: à réception de votre réservation, vous recevrez de la Mairie de Paris un carton à présenter à l’entrée de l’Hôtel de Ville
photo ci-contre prise aux 10 ans de l’ALCT
COUPON-REPONSE : LIRE LA SUITE …