TIFFANY AU MUSEE DU LUXEMBOURG, le 14 DECEMBRE

Visite-conférence 13 € /par pers, le lundi 14 décembre à 17H50. Entrée à régler sur place

Chèque de 13 E par personne à l’ordre de Carnot-TunisMDA/ 23, rue Vernet 75008 Paris

Louis Comfort Tiffany (1848-1933), fils de Charles Lewis Tiffany, fondateur de la célèbre maison Tiffany ; Co. à New York, figure incontestablement parmi les plus talentueux créateurs de tous les temps. Son regard de peintre en matière de couleur et de composition, sa passion pour l’exotisme et ses innovations dans le domaine du verre font de lui, dès 1900, un chef de file du design américain dont la réputation s’étend jusque dans les grandes capitales européennes : il rivalise avec les grands verriers européens de la fin du XIXe siècle.

L’ornementation somptueuse, le travail soigné, les effets spectaculaires et originaux de lumière et couleur qui caractérisent sa production verrière (vases en verre soufflé, vitraux, lampes et objets) le placent au cœur de nombreux mouvements artistiques de son époque, de l’Arts ; Crafts et le Mouvement esthétique américain jusqu’à l’Art Nouveau et le Symbolisme. L’exposition rassemblera environ 160 œuvres (vitraux, vases, luminaires, objets, bijoux et mosaïques, dessins, aquarelles et photos d’époque) qui révèleront la remarquable contribution de ce créateur, tant à l’industrie du verre qu’à l’ensemble des arts décoratifs.

Les visiteurs auront l’occasion d’admirer un ensemble exceptionnel de vitraux de Tiffany qui a été démonté, étudié, restauré et transporté à l’occasion de cette exposition. La présentation de ces vitraux à Paris relève d’une prouesse technique et logistique.

Divisée en six thèmes, l’exposition abordera les débuts de la carrière de Tiffany: ses séjours en Europe (en particulier à Paris où il étudie la peinture dans l’atelier de Léon-Charles Bailly) puis son intérêt croissant pour l’art du verre; son travail de décorateur d’intérieur pour d’influents clients américains; ses relations avec le marchand d’art parisien Siegfried Bing qui contribue à la diffusion et au succès de ses créations en Europe; les vitraux, un aspect essentiel et pourtant méconnu de sa production; les vases en verre Favrile, aux formes organiques et aux remarquables contrastes de couleurs; enfin l’expansion de l’entreprise reposant, entre autres, sur le commerce des lampes et d’objets décoratifs qui contribue à asseoir son immense popularité.

Le Musée du Luxembourg a choisi d’organiser à Paris cette exposition conçue par le Musée des beaux-arts de Montréal. Après Paris, l’exposition sera accueillie à Montréal au musée des beaux arts du 11 février au 2 mai 2010 et à Richmond (EU) au Virginia Museum of Fine Arts du 29 mai au 15 août 2010.

Le commissariat général de l’exposition est assuré par Rosalind Pepall, conservatrice principale des arts décoratifs (anciens et modernes) du Musée des beaux-arts de Montréal, en collaboration avec deux commissaires invités : Alice Cooney Frelinghuysen, conservatrice (Anthony W. et Lulu C. Wang) des arts décoratifs américains, Metropolitan Museum of Art, New York, et Martin Eidelberg, spécialiste de l’œuvre de Tiffany et professeur émérite d’histoire de l’art, Rutgers University, New Jersey, sous la direction de Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du Musée des beaux- arts de Montréal.

La scénographie a été confiée au créateur Hubert Le Gall qui a déjà signé celle de René Lalique, bijoux d’exception, 1890-1912 pour le Musée du Luxembourg (2007).Parce que c’est la première exposition à Paris de M. Tiffany, chef de file du design américain et l’un des plus grands verriers de la fin du XIXème siècle, Carnot-Tunis vous propose d’y aller, guidée, par une conférencière en Histoire de l’Art, diplômée de l’Ecole du Louvre. Cette exposition a lieu au Musée du Luxembourg. Lundi 14 décembre à 17H50 à réserver très vite !

VALENZA ANTOINE, PROFESSEUR DE MATHS


Nous avons la tristesse de vous apprendre son décès, lundi 27 avril ; une messe a été célébrée mercredi 29 avril à 16h à la Cathédrale de Tunis.
Nous présentons à sa famille et en particulier à Jean-Yves et Philippe Valenza, ses fils, nos plus sincères condoléances.
Vous pouvez apporter vos témoignages et amitiés sur le forum ou par mail à alct@free.fr
Antoine Valenza est né à Tunis le 26 septembre 1933. Il a été élève puis Professeur de Mathématiques au lycée Carnot ( photo de 1967 au lycée Carnot, envoyée par ..), au lycée Gustave Flaubert et à l’IHEC à Carthage.

Antoine VALENZA est Membre d’Honneur et Membre du Conseil des Sages de l’Association des Anciens Elèves du Lycée Carnot de Tunis et a été a été Premier Vice- président de l’association, section Tunis, de 1993 à 1996.
Antoine VALENZA a été Conseiller des Français de l’Etranger à l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE) et Président de l’Union des Français de l’Etranger section Tunisie (UFE) .

Photo et commentaire envoyés par Jean-Pierre SALMIERI : « voici une photo de l’ASF, vainqueur de la Coupe de basket de Tunisie en 1961 – Antoine est le 1er en haut à gauche N° 7 ».
Vous avez peut-être été l’élève ou le condisciple d’Antoine Valenza, Professeur de mathématiques au Lycée Carnot pendant plus de trente ans ?

« Le Looser  » d’André Fitoussi

Jérôme, cardiologue réputé, tombe dans la folie du jeu, entrainé par une jeune femme diabolique dont il s’est épris. La décadence s’’enclenche lentement, alors qu’il est encore possible d’y mettre fin. Il n’’entend rien, refusant de suivre les conseils avisés de ses amis. Fou d’amour pour Isabelle, il finit par vendre ses meubles, se refait, se promet d’arrêter de jouer, mais ne tient que très peu de temps. Cette fois c’est son cabinet médical qu’il doit vendre, il perd tout : son argent, son domicile, son travail, la femme qu’il aime.

L’auteur, André Fitoussi, est né à Tunis le 13 janvier 1933; après des études secondaires au Lycée Carnot de Tunis, puis PCB à Tunis, il poursuit ses études de médecine à Paris. André Fitoussi a été chercheur en hémodynamique, diplômé de cardiologie, diplômé de réparation juridique du dommage corporel, DEA de sécurité sociale.

Le looser est disponible à la FNAC, sur Alapage ou chez votre libraire.

1933.1934, classe de 1ère


En Partant du Bas de Gauche à droite:
1er rang :1er – Ahmed ZOUITEN (1915-2008) Pharmacien, Ancien président du conseil de l’ordre des pharmaciens, 2ème : KHATECH
3ème rang : 3ème Hassen BELKHOJA ( 1916-1981 ) : Homme Politique , ancien ministre de Bourguiba , Ancien président de l’EST …
3ème rang : 6ème Hédi SAHAB ETTABAÂ : Ancien président de la société des courses de Tunis
Dernier rang : 5ème Edgard PISANI ( 1918 – ) Dr en Lettres , Homme Politique Français Membre de plusieurs gouvernements , Ancien Président de l’ institut du monde Arabe
Photo et liste envoyées par Khalil ZOUITENPhoto et liste envoyées par Khalil ZOUITEN. Dans cette classe de 1ère se côtoyaient les futurs ministres tunisien et français : Hassen BELKHODJA et Edgard PISANI.

1933.1934 en classe primaire


et nous livre le témoignage suivant : je vous envoie une photo de classe de1934 . Mon père est au 3 ème rang , 2ème en partant de la gauche….
Mon père s’appelle Maurice SCEMAMA. Né en 1923 à Tunis, il habitait avenue de Paris et son père avait une pharmacie. Sa mère s’appellait berthe Fitoussi.
Parmi ses cousins dont j’ai entendu parler il y avait le futur ponte de l’hématologie , le Pr Samama et yves Cohen, le futur doyen de la faculté de pharmacie de paris XI
Mon père a fait toutes ses études au lycée Carnot, y compris math sup et spé, fut reçu à l’écrit de polytechnique avant d’être séquestré au camp de Bizerte par les allemands. Il s’est évadé et a rejoint parmi les premiers les troupes du général De gaulle où il a combattu en afrique du nord à 20 ans et a été décoré .Son père étant décédé en 1945 il monta à paris pour faire ses études de pharmacie. Il obteint son diplome de docteur en pharmacie et docteur es science en physique , arriva major de l’internat de paris. Il fit carrière dans l’industrie pharmaceutique et notamment chez Upsa où il mit au point la formule de l’aspirine effervescente telle qu’on la connait encore aujourd’hui…puis il dirigea son propre laboratoire d’analyses médicales à Montparnasse pendant ses dix dernières années d’activité .
Il est décédé le 29 septembre 2003 …
C’était un homme brillant, excellent pilote d’avion, père exigeant, grand-père admirable, mais à jamais meurtri par ses mois de captivité et par le port de l’étoile jaune si bien qu’il n’a pas voulu élever ses enfants dans la tradition juive .C’est un homme qui a toujours souhaité ne pas se mettre en valeur là où d’autres auraient fait étalage…C’est à son humilité auquel je rend hommage en vous envoyant cette photo de ce qui furent ses années de bonheur sans nuage….
cordialement

son fils
Philippe Scemama
Philippe nous envoie une photo de classe de son père Maurice Scemama

La vie Culturelle à Tunis, de Daniel PASSALACQUA

sur la vie culturelle à Tunis au 19ème siècle et dans le premier tiers du 20ème siècle traduit de l’italien par Daniel PASSALACQUA (lc1947 sc.ex)

Bab el B’har, ou Porte de la Mer, aujourd’hui dénommée également Porte de France, en était la limite à l’est, et s’ouvrait presque directement sur le Bahira ou Lac de Tunis; elle permettait l’accès de la ville aux marchandises et aux voyageurs qui, débarqués à La Goulette, traversaient le lac sur des barcasses qui accostaient au mole qui se trouvait sur le site de l’Ambassade de France actuelle, devant le cimetière chrétien de Saint Antoine hors des murs (créé au 17ème siècle sur un terrain offert par le Bey mouradite Hamouda Bacha, et déplacé en 1892 au Cimetière de Bab El Khadra, pour permettre de construire la Cathédrale actuelle).

Les communautés européennes chrétiennes ou juives livournaises s’étaient établies dans la zone franche qui s’étendait le long des murs, des deux cotés de la Porte de la Mer, dans les rues Sidi Bou Mendil, de la Commission, des Glacières, en pénétrant dans la Médina sur quelques centaines de mètres dans les rues Zarkoun, de la Kasbah, Jemaa ez-Zitouna (où se trouvait depuis le 17ème siècle l’Eglise de Sainte Croix), jusqu’aux rues transversales El Karamed, Sidi el Mourjani, des Teinturiers à son embouchure vers Bab Jedid, et dans le quartier de Sidi el Benna (où se trouvait l’Eglise Sainte Lucie), plus particulièrement pour ce qui concerne ceux qui appartenaient à la classe ouvrière, petits artisans ou boutiquiers.

Au début du 19ème siècle, une collectivité italienne d’entité non négligeable résidait dans la zone franche, collectivité rapidement renforcée par l’arrivée de dizaines de familles de juifs livournais qui commencèrent à affluer à partir de 1815, en apportant avec eux, et de manière déterminante, les usages et les coutumes des sociétés européennes les plus évoluées, ainsi qu’un bagage culturel précieux. J’ai lu qu’il existait des salons littéraires, des salons où l’on faisait de la musique, qui rendaient agréables les soirées des familles bourgeoises, mais aussi d’initiatives pour distraire les personnes plus modestes. Aux initiatives privées succéda bien vite, en 1826, la première structure destinée à accueillir le public, quand ouvrit ses portes le Théâtre Tapia à la Rue Zarkoun, créé par la famille de même nom.

Ce n’était guère plus qu’une grande pièce, d’une capacité de 300 personnes environ, qui accueillait des spectacles lyriques avec des chanteurs venus d’Italie pour la circonstance, qui s’installaient à Tunis pour la « saison », mais aussi de concerts de diverse nature. Il était probable qu’on y donnait des pièces de théâtre également. Pour l’opéra et les concerts, les chœurs et l’orchestre étaient stables et composés donc de membres de la communauté italienne Les effectifs de l’orchestre étaient réduits à la plus simple expression, (j’ai lu qu’il pouvait s’agir de 15 à 18 musiciens), qui suffisaient de toute manière à rendre heureux les spectateurs qui accouraient de manière assidue et qui, avec leur compétence, confirmaient les qualités vocales ou musicales de nombreux débutants ou en compromettaient de manière définitive la future carrière.

Bien que l’information ne provienne pas d’une source indiscutable, il paraîtrait que Enrico Caruso, alors tout à fait au début de sa carrière, est venu interpréter le rôle de Turiddu dans la « Cavalleria Rusticana » de Mascagni, et que cet événement ait été jalousement gardé dans la mémoire de ceux qui eurent le privilège d’assister à ces représentations.

Pour les besoins de la chronique, je voudrais citer ce que me racontait ma grand-mère maternelle, née en 1879 à Tunis dans le Palais Gnecco à la Rue de la Commission, à savoir l’élégance du public qui accourait au Théâtre Tapia. Elle me racontait avec moult détails comment elle s’y rendait en famille, accompagnée par des domestiques qui ouvraient le chemin en l’éclairant de leurs lanternes: sa mère et ses sœurs (comme toutes les autres dames et demoiselles) chaussaient de hauts sabots dits « trampoli », pour ne pas souiller les escarpins de satin qu’elles portaient à la main, dans un petit sac, en marchant avec difficulté sur les pavés souvent irréguliers des rues et ruelles qui menaient au Théâtre.

Ce théâtre vécut jusqu’aux dernières années du 19ème siècle, c’est à dire jusqu’à ce qu’apparurent des structures plus adaptées au but à atteindre, aussi bien à l’intérieur de l’enceinte de la Médina, qu’à l’extérieur, dans la ville qui naissait sur des terrains bonifiés, récupérés sur le Lac Bahira.

**A partir de 1826 jusqu’aux premières années qui ont suivi l’instauration du protectorat français, la vie culturelle avait une spécificité plus particulièrement italienne et, en témoignage de sa vitalité, il faut citer les
divers théâtres qui existaient à l’intérieur de la Médina (même s’ils étaient moins importants que le Théâtre Tapia), comme le « Théâtre Italien » de la Rue Zahmoul (disparu en 1919/1920), destiné à la prose, ou celui de la Rue Sidi El Benna, dans la quartier de Bab Jedid (disparu en 1940/1941), installé dans un quartier à forte densité sicilienne, destiné surtout à la prose en dialecte ou à l’ « Opera dei Pupi » (ou Théâtre des Marionnettes siciliennes), dont je garde un souvenir de tout jeune enfant. D’autres lieux existaient mais les identifier et en documenter l’activité avec certitude nécessiterait une recherche approfondie, qui ne rentre pas dans mes possibilités présentes. Je citerai quand même le « Grand Théâtre » de la Rue Al Jazira, créé en 1876 dans les locaux offerts par le Bey à la collectivité italienne, destiné à la musique symphonique, disparu avant 1899, et le « Nouveau Théâtre » ou Théâtre Cohen, crée en 1875, consacré lui aussi à la musique classique.

J’ai parlé ci-dessus de vie culturelle plus particulièrement italienne parce que l’écrasante majorité des européens qui vivaient alors à Tunis étaient d’origine italienne. Après 1881 Tunis est devenue de plus en plus cosmopolite et, si l’identité culturelle italienne continua à exister, elle ne devint qu’une importante composante de la vie de la ville.

Cette importance est témoignée par d’innombrables éléments, que je pourrais citer d’une manière plutôt sommaire, mais dont la connaissance devrait être approfondie.

Après 1881 la ville commençait à s’étendre en dehors des murs, et plus particulièrement vers l’est, sur des terrains marécageux, au fur et à mesure de leur assèchement, et c’est ainsi qu’apparurent les rues Hamilcar, Charles de Gaulle (naguère d’Italie), Gamal Abdelnasser (naguère Es-Sadikia), de Hollande, de Grèce, de Carthage, vers le sud, de Rome, d’Alger, Bach Hamba (naguère Saint Charles), de Paris, vers le nord, mais surtout l’Avenue de France et l’Avenue Habib Bourguiba (d’abord baptisée « de la Marine », puis « Jules Ferry »). Ces rues et avenues portent toujours les traces précieuses de l’œuvre d’architectes, souvent italiens, et d’entreprises et ouvriers italiens.

Pendant cette période, la population connaissait un développement rapide et important, dont je donnerai quelques indications chiffrées en marge; cet accroissement, qui voyait la communauté italienne atteindre environ 50.000 habitants en 1899, était à l’origine d’une grande effervescence dans tous les domaines et d’un développement exceptionnel de l’activité culturelle.

En 1882 était crée le théâtre de plein air italien appelé « Arena Politeama » à la Rue de Belgique, qui a toujours été très fréquenté à chaque saison, pendant toute la durée de son existence. Presque en même temps était crée à la Rue M’hamed Ali (naguère de Constantine, parallèle de l’Avenue de France, qui reliait la Rue des Maltais à la Rue de Rome) le Théâtre Cohen-Tanuji, à l’initiative d’une famille de juifs tunisiens fortement italianisés, très raffinés et cultivés, où furent donnés pendant de longues décades des spectacles en prose et musicaux de nette influence italienne, et qui fut fréquenté avec assiduité par notre collectivité.

En 1885 ouvrit ses portes le « Teatro Paradiso » (ou Théâtre Paradis) au 3, Avenue de France, dédié à l’art lyrique, à la musique symphonique et aux concerts, et également à la prose. Il est possible aujourd’hui encore d’admirer sa façade élégante, bien qu’elle soit en partie masquée par les arbres, alors que son foyer et les escaliers frappaient jusqu’aux années 1952/53 par leur beauté et la richesse des marbres et des fers forgés artistiques. Malencontreusement, la banque qui était devenue propriétaire de l’immeuble, fit alors recouvrir ces splendeurs par des structures en béton, froides et anonymes, pour une très discutable modernisation.

Trois grands évènements suivirent, de 1902 à 1906, avec l’inauguration d’abord du Théâtre Municipal, qui existe toujours dans sa forme définitive de 1912, puis en 1903 du Théâtre Rossini, tous deux situés Avenue Jules Ferry, enfin en 1906 du Théâtre du Palmarium à l’Avenue de Carthage.

Le Théâtre Municipal, projeté par l’architecte français Resplandy et construit par une entreprise italienne, a été remodelé et agrandi en 1904 et en 1912 et a tout de suite constitué la réalisation dont la Commune de Tunis s’enorgueillissait. Sa naissance et sa vie depuis 1902 jusqu’à nos jours ont été racontés par Fatma Ben Becheur dans un livre splendide édité en 1999. Il a été jumelé pendant de longues années avec l’Opéra de Paris, et a ainsi bénéficié du concours des meilleurs chanteurs du moment, qui venaient à Tunis pour un cycle de représentations ou pour toute une saison, en trouvant sur place des chefs d’orchestre, des orchestres et des masses chorales stables et de qualité.

Si je me fie aux souvenirs acquis grâce à ce que me racontaient ma grand-mère maternelle ou mes parents (tous trois épris de musique en général et d’opéra en particulier), le Rossini était un théâtre splendide et tout
à fait fonctionnel, même si la gestion privée des propriétaires et impresarios, Trionfo et Palomba, ne
permettait pas toujours de concurrencer le niveau des réalisations du Théâtre Municipal, qui bénéficiait de contributions communales. Le chef d’orchestre et les chanteurs venus d’Italie pour toute une saison, étaient généralement de bon niveau, alors que l’orchestre et les choristes étaient recrutés sur place. On m’a parlé de représentations mémorables et exaltantes. Vers la fin des années 20, Trionfo et Palomba durent cesser leur activité à cause de son poids économique trop important, et ainsi disparut un théâtre dont la collectivité était fière. Le grand magasin de meubles Boyoud s’installa alors dans ses murs jusqu’en 1959/1960, pour céder la place au cinéma Le Palace.

On peut sourire en apprenant qu’au Théâtre Rossini tout le répertoire français était chanté en italien, alors qu’au Théâtre Municipal tout le répertoire italien était chanté en français, et il en a été ainsi jusqu’en 1952/53.

Le Théâtre du Palmarium constituait la structure centrale dans le carré composé du Théâtre Municipal, du Grand Café du Casino et du grand hôtel international Tunisia Palace, dont les bâtiments communiquaient tous entre eux. Il appartenait lui aussi à la Municipalité de Tunis et était destiné principalement à la revue, au cabaret, à l’opérette, au cinéma, mais il avait également en annexe un casino, au cours du premier quart du 20ème siècle. Il a été détruit par les bombardements de février 1943, il a été reconstruit en 1947 pour être consacré presque exclusivement au cinéma. Il a été démoli dans les années 90, ainsi que le Tunisia Palace, pour construire le complexe commercial actuel.

La contribution que la communauté italienne a donnée au bon fonctionnement de ces trois établissements est tout à fait remarquable, car l’effectif des trois orchestres (plus de 150 musiciens) était composé de manière très majoritaire de musiciens professionnels italiens; de nationalité italienne étaient également presque tous les choristes, les machinistes, les électriciens!!..

On ne peut pas négliger le rôle fondamental joué par des artistes italiens pour la formation technique et l’affirmation artistique d’une foule de jeunes. Parmi des dizaines de noms, je citerai pour les premières trente années du 20ème siècle Monsieur Strino, violoniste talentueux, qui enseigna le violon et le chant, Monsieur Pullicino, Monsieur Salvatore Venezia, trompettiste virtuose et enseignant inflexible, qui forma entre autres pratiquement tous les membres de sa famille, de son fils Giuseppe (appelé affectueusement Jou-Jou, pour évoquer le fait qu’il avait à toute heure de la journée son violon sous le menton, et qu’il arpentait son appartement en faisant des gammes), aux neveux Jean Sant, violoniste élégant d’une grande musicalité généreuse et frémissante, et Guglielmo Gurrisi, flûtiste expressif et subtil (à lui également on avait affublé un surnom amusant, Frin-Fri, car tout comme son cousin Giuseppe, il avait à tout moment sa flûte aux lèvres). Je ne voudrais pas oublier parmi les très nombreux autres élèves de Salvatore Venezia un violoniste très raffiné et un peu précieux, Armand « Sarino » De Carlo, dont le père, un des plus grands tailleurs de Tunis avec mon grand-père maternel Domenico Cellura (son vis-à-vis au 4, Rue d’Alger), avait en vain essayé de contrecarrer sa vocation pour en faire un bon tailleur, et mon propre oncle Angelo Cellura.

Giuseppe Venezia a été pendant de longues années premier violon dans l’orchestre de Santa Cecilia à Rome, puis est revenu à Tunis dans les années 70, en devenant kappelmeister de l’orchestre de la Ville de Tunis. Sant, Gurrisi, De Carlo (e Boccanera, facétieux bassoniste, et bien d’autres) ont constitué l’ossature du grand orchestre symphonique de Tunis, reconstitué par Luis Gava en 1946, puis, après sa dissolution en 1957/58, de l’orchestre du Centre Culturel International, voulu par Cecil Hourani, créé par Anis Fulheian, qui a cessé son activité en 1969.

Après la disparition du Théâtre Rossini, de toute manière, la vie culturelle italienne dans le domaine musical se confond et se fond avec celle de tous les autres strates de la population cosmopolite de Tunis, avec sans doute une empreinte plus particulièrement française. La période allant de 1947, c’est à dire de la date de pleine reprise de l’activité musicale, opéristique, concertiste et chambriste, à nos jours pourrait probablement et utilement faire l’objet d’une publication ultérieure.

On ne peut pas taire, pendant ce long laps de temps, la dense activité de la « Dante Alighieri », créée en 1893, qui, en plus de l’œuvre infatigable accomplie pour maintenir l’italianité de la communauté qui résidait en Tunisie, pour lui consentir notamment de développer la connaissance de la littérature italienne, a eu un rôle considérable pour la diffusion et l’approfondissement de la culture musicale, en organisant des concerts aussi bien dans son siège primitif de la Rue Zarkoun, puis dans le nouveau et prestigieux siège bâti dans les années 1933/34 à la Rue Thiers (aujourd’hui Rue Ibn Khaldoun – ce siège fut mis sous séquestre en 1943 par les Autorités du Protectorat et attribué à l’Alliance Française, pour devenir après 1956 la Maison de la Culture Ibn Khaldoun). Le Conservatoire de Musique que la Dante Alighieri créa fut d’abord dirigé de manière remarquable par Madame Coen, venue expressément de Rome dans ce but, alors que son dernier directeur a été le Maestro Tito Aprea, qui fit une carrière prestigieuse après sont retour en Italie en 1943.
Ce Conservatoire a été fréquenté par de nombreux élèves non seulement italiens mais également appartenant aux Collectivités française et juive tunisienne, ce qui a permis à des enseignants souvent talentueux de former de très nombreux musiciens, dont plusieurs devinrent des professionnels très appréciés.

Il est évident qu’au cours des deux siècles écoulés la collectivité italienne a donné vie à une intense activité dans le domaine de la prose, avec la présence à certains moments de nombreuses compagnies d’acteurs amateurs enthousiastes, mais également grâce aux troupes venues d’Italie. Après 1939 ce fut le silence; vers 1950/51 reprit l’activité des compagnies d’amateurs, puis dans les années 1953/54 il y eut une timide reprise des tournées, mais elle ne fut pas durable. Je ne suis toutefois pas la personne la plus qualifiée pour parler de prose, et je serai heureux si d’autres que moi se proposaient d’explorer ce domaine très important dans la vie de notre collectivité. En ce qui concerne l’école, c’est là un domaine très vaste, qui est traité séparément par des spécialistes.

Les indications fournies ci-dessus sont certainement pleines de lacunes et insuffisamment précises. C’est pourquoi je les ai qualifiées de sommaires; elles ont surtout pour but de constituer les prémices à un travail collectif beaucoup plus approfondi.

Pour compléter le panorama des possibilités culturelles offertes à Tunis naguère, je crois nécessaire de citer quelques autres théâtres qui eurent une vie plus ou moins heureuse et durable :

– le “Théâtre Français” situé 68, Avenue Jules Ferry, crée en 1882, destiné à la prose
– le “Petit Théâtre” de Douchet Avenue Jules Ferry, qui vécut de 1898 à 1902, destiné à la prose
française
– le “Théâtre Tunisien”, situé 39, Avenue Jules Ferry, créé en 1901, destiné à la prose
– le “Café Théâtre Egyptien”, situé 38, Avenue Jules Ferry, créé en 1900, destiné à la prose en
langue arabe
– le“Café Théâtre de la Monnaie”, créé en 1890, disparu en 1914
– le “Teatro Italiano” de la Rue de Turquie, dit « Circolo artistico », contigu au journal L’Unione,
créé avant 1900, disparu en 1943, destiné à la prose et aux varietés
– le “Théâtre de plein air » de l’Avenue Jules Ferry, sur le site actuel du Ministère de l’Intérieur,
destiné à des spectacles de varieté mais aussi à des match de catch
– le “Théâtre de plein air » du Passage, créé en 1908, disparu aux environs de 1930
– le “Théâtre” de l’Avenue Lucien Saint (aujourd’hui du Ghana), disparu dans les années 20
– le “Théâtre Mondial”, situé Rue Thiers (aujourd’hui Ibn Khaldoun), créé en 1910, destiné à la
prose et aux varietée, transformé en 1934/35 en cinéma , toujours existant
– le “Théâtre du Casino’ de Hammam-Lif”, créé en 1898, destiné à la prose et varietés, disparu
dans les années 40
– le “Théâtre de Khereddine”, créé en 1899, destiné à des spectacles lyriques (avec un orchestre de 6/7
musiciens !!!…) ou de varieté, très frequenté du mois de juin au mois de septembre par une clientèle
très élégante qui dînait au champagne après le spectacle dans le très renommé restaurant, disparu
dans les années 1914/15. En 1905, le dîner très raffiné, digne des meilleurs restaurants parisiens (sic)
coutait 5 francs !!..

Additif – Données démographiques sommaires, communiquées pour donner quelques bases utiles à la reflexion :

– Au début du 19ème siècle,environ 1.500 italiens residaient de manière permanente à Tunis, à l’interieur
de la Médina, alors que les français étaient une centaine (même si parfois c’était des sujets de Royaumes
ou Granduchés italiens, au service des Chambres de Commerce ou des Comptoirs français,
devenus citoyens français après 1789: c’était le cas des gênois Gandolfo, envoyés à Tunis vers 1650
comme représentants de la Répu blique de Gênes devenus citoyens français, en transformant leur nom en
Galdolphe, lorsque Napoleon Bonaparte reunit Gênes et le Piemont à la France; un dernier membre de
cette famille vit toujours à Tunis). Au cours du 19ème siècle, leur nombre est allé croissant régulièrement,
pour connaître une très forte augmentation avec l’émigration provenant du sud à partir de 1870.

– En 1880, la ville de Tunis semble avoir compté entre 40 et 50 mille habitants, parmi lesquels les italiens
étaient au moins 4 mille et les français quelques centaines. Après 1881avec l’expansion de la ville hors
des murs, la population a connu une augmentation rapide et importante.

– Le recensement de 1906 donne les chiffres suivants, spectaculaires:
– population globale du pays = 1.900.000 habitants, dont 1.703.142 tunisiens musulmans, 64.170 juifs
tunisiens, 81.156 italiens, 36.610 français, 10.330 maltais, ainsi que des grecs, des espagnols, etc. etc.
– population de Tunis et alentours = 400.024 habitants, dont 52.076 italiens, 18.626 français , 5.000
maltais.

Qui pourrait imaginer aujourd’hui, à l’aube du 21ème siècle, l’intensité de la vie culturelle que connaissait la communauté européenne de Tunis, surtout italienne, il y a 110 – 120 ans, alors que la ville était presque entièrement enserrée à l’intérieur de ses murailles.

extrait du volume « Memoria della Collettività Italiana »

Le Palmarium


A l’automne 1902, les travaux de « l’ensemble municipal » s’achèvent.
A côté du Tunisia-Palace, premier grand hôtel d’Afrique du Nord et véritable joyau architectural,


le Théâtre municipal, le Palmarium et le Café du Casino ouvrent leur portes.

Maître d’ouvrage de l’ensemble longeant à la fois l’avenue Jules Ferry (actuelle avenue Habib Bourguiba) et l’avenue de Carthage, un architecte au nom lumineux : Resplandy. (ces 4 cartes postales sont tirées du site http://michel.megnin.free.fr/vt_rues.htm)
Ce siècle nouveau cherchait un style et il trouva l’art nouveau, tout en courbes, en volutes, en motifs végétaux et en clins d’œil à l’architecture arabe. Resplandy s’en inspire pour dessiner l’ensemble municipal.
Le Palmarium est d’abord un jardin de palmiers d’où son nom d’ailleurs : « A l’ouverture officielle du Municipal, le gratin franchit, à l’entracte, les portes du foyer d’alors, et pénétra émerveillé dans un jardin d’hiver qui était la reproduction d’une douce oasis de carte postale. Il y avait du sable, des ruisseaux (…) et surtout des palmiers authentiques qui sortaient de terre et respiraient un Sahara apprivoisé » ( Pierre Legrand, 1951).
Vers 1907, le Palmarium se transforme en music-hall sur la scène duquel se produit Maurice Chevalier, Georgel, Mistinguet ainsi qu’une longue file d’acrobates, de comiques et de magiciens.
En 1914, la guerre en fait un dispensaire militaire.
Il ouvre à nouveau ses portes en 1920 gardant sa fonction de music-hall et attirant jusqu’en 1933 les ballets russes, des opérettes, Lucienne Boyer et Charles Trénet.
Mais en ce début des années 30, le cinéma fascine et connaît une popularité croissante. Le music-hall lui cède la place. C’est ainsi qu’en 1933, l’architecte Piollenc le transforme portant un coup à l’unité du monument de Resplandy.
La seconde guerre mondiale réserve au Palmarium un sort tragique : une bombe tombe au beau milieu de la salle le 2 mars 1943.
Rénové, la mythique salle de cinéma renaît de ses cendres, le 5 février 1951.

L’une des nouvelles annexes de ce troisième Palmarium sera la salle des fêtes qui deviendra après l’indépendance la galerie Yahia, fameuse par son parquet en bois.
Dès 1972 Le Palmarium accueille les Journées Cinématographiques de Carthage.
Le Palmarium referme ses portes définitivement en 1976.
La possible démolition de l’ensemble municipal soulève une vive polémique, « Faut-il le transformer complètement ou le rénover ? »
Le débat a duré longtemps. N’est-ce pas normal pour un tel lieu de mémoire de provoquer les élans du cœur et de la passion ? Cette polémique a permis de sauvegarder le Théâtre Municipal, classé depuis Monument historique.
Aujourd’hui sur ces lieux s’élèvent un centre commercial appelé « Palmarium ».
(Lina Hayoun)La vie et les diverses transformations du Palmarium épousent étroitement l’histoire de Tunis. Le Palmarium commence par être un jardin d’hiver …..