COLLOQUE INTERNATIONAL « LA CULTURE ITALIENNE EN TUNISIE »

Tunisiens de naissance, mais étrangers à leur pays adoptif, beaucoup d’entre eux ont vécu jusqu’au bout le rêve patriotique que cette frontière d’Italie, la Tunisie, sous protectorat français entre 1881 et 1956, devienne tôt ou tard italienne. La défaite de la seconde guerre mondiale, puis la décolonisation du pays, anéantissent toute velléité italienne de colonisation et brisent même le précaire équilibre franco-italien d’antan.

Si les intérêts du colonisateur français n’ont pas toujours correspondu à ceux des Italiens de Tunisie, le jeune Etat postcolonial, en quête de sa propre identité nationale n’arrive pas à intégrer ses communautés allogènes. Contraints au départ vers la France ou l’Italie, les Italo-tunisiens restent dans l’oubli pendant plusieurs décennies.

Se pencher sur la figure et l’œuvre d’Adrien Salmieri fournit une occasion d’étudier cet échange de cultures favorable à l’émergence d’une écriture sui generis.

PROGRAMME DU COLLOQUE

Vendredi 19 novembre, bibliothèque universitaire upv

14h00 Inauguration de l’exposition « Les Italiens de Tunisie : reflets de mémoire »

Vendredi 19 novembre, salle jourda

Adrien Salmieri, chantre de la colonie italienne de tunis

Modérateur : Guy Dugas

15h30 Guy Dugas (Directeur IRIEC Université Paul Valéry)

Ouverture du colloque

16h00 Isabelle Felici (Professeur en études italiennes, Université Paul Valéry)

Adrien Salmieri : italianité et ouverture culturelle

16h30 Alessio Loreti (Doctorant en littératures comparées, I.R.I.E.C. Université Paul Valéry)

Regards sur l’œuvre d’Adrien Salmieri : une écriture du combat

16h30 Débat avec Adrien Salmieri

Samedi 20 novembre, salle jourda

premiere SEANCE

Italie et Tunisie : perspectives socio-historiques

Modérateur : Alessio Loreti

9h30 Fiorenzo Toso (Professeur de linguistique, Université de Sassari)

La présence génoise en Tunisie: langues et cultures italiennes de Tabarka à Tunis (1700-1956)

10h00 Leila El-Houssi (Maître de conférences, Université de Florence)

Le chemin de l’émigration italienne en Tunisie : choix et perspectives d’une communauté du XIXème au XXème siècle

10h30 Michele Brondino (Directeur de l’association SECUM-EDM, Fossano)

La presse italienne de protestation sociale en Tunisie

11h00 Isabelle Felici (Professeur en études italiennes, Montpellier 3)

Domani (1935), une publication antifasciste à Tunis

11h30 Driss Abbassi (Historien)

Les représentations d’une référence historico-culturelle : l’«antiquité romaine» dans les manuels scolaires coloniaux et postcoloniaux en Tunisie

deuxieme séance

Cultures en partage et littérature

Modérateur : Isabelle Felici

13h30 Adrien Salmieri (écrivain)

A propos de quelques choix idéologiques de la collectivité italienne de Tunisie (1848-1938)

14h00 Alessio Loreti (Doctorant en littératures comparées, I.R.I.E.C. Montpellier 3)

Les Italiens dans l’espace culturel de la Tunisie coloniale

14h30 Guy Dugas (Directeur IRIEC Montpellier 3)

Elisa Chimenti, un surgeon judéo-italo-tunisien

15h00 Yvonne Fracassetti Brondino (Chercheur SECUM-EDM, Fossano)

Cesare Luccio entre colonisés et colonisateurs

15h30 Flaviano Pisanelli (Maître de conférences, Montpellier 3)

« La haine redevient ma seule volupté » : utopie et dissidence dans la poésie de Mario Scalesi (1892-1922)

16h00 Débat et conclusion des travaux

Adrien Salmieri et la culture italienne en Tunisie

Les Italiens de Tunisie

La figure d’Adrien Salmieri

Issu d’une famille de bourgeois italiens de Tunis, Adrien Salmieri, né en 1929, est l’auteur de plusieurs articles sur l’histoire et la culture de la communauté italienne de Tunisie et de nombreux ouvrages de fiction, pour la plupart en langue française.

C’est surtout dans son roman Chronique des morts (1974), à l’aide d’une analyse du passé réel et au fil de ses longues recherches à travers les abîmes d’une mémoire collective, que Salmieri reconstruit le passé intérieur des Italiens de Tunisie. L’auteur communique à son lecteur les « pensées secrètes » de ses morts. Salmieri veut offrir aux siens, qui sont devenus des fantômes incompris et errants dans les pages jamais écrites de l’Histoire, un monument littéraire qui réhabilite leur mémoire.

C’est autour de cette mémoire, individuelle et collective, qu’est construite cette rencontre qui se déroulera sur trois demi-journées. La première sera consacrée à la figure d’Adrien Salmieri.

La deuxième journée sera plus généralement consacrée aux manifestations de la présence italienne en Tunisie, aux écrivains italo-tunisiens (Cesare Luccio, Mario Scalesi, entre autres) et à la presse italienne de Tunisie.

En marge du colloque, la bibliothèque universitaire de Lettres accueille une exposition intitulée Les Italiens de Tunisie : reflets de mémoire.

Comité d’organisation : Guy Dugas, Isabelle Felici, Alessio Loreti

L’Université Paul Valéry – Montpellier III nous invite au Colloque International « Adrien Salmieri et la culture italienne en Tunisie »
Vendredi 19 novembre et samedi 20 novembre 2010

C’est avec une vision d’ouverture qu’il faut revisiter l’expérience des Italiens de Tunisie, qui ont vécu au carrefour des peuples de la Méditerranée.

« CARNOT AU COEUR » PAR SLAHEDINNE TLATI

« en 1949, photo des professeurs : M. Tlatli, 1ère rangée, 2ème à droite »
J’étais alors très loin de penser qu’il allait tenir une si grande place dans mon existence et que ces premiers pas scolaires allaient marquer le début d’une amitié de trente sept ans, comme élève d’abord, comme professeur ensuite. Et lorsque je parle d’amitié, c’est  » l’histoire de famille » qu’il faudrait dire, puisque mon père, lui-même, m’avait précédé en ces lieux, avant la première guerre mondiale, comme professeur d’arabe, que j’y ai rencontré mon épouse parmi mes collègues, et que tous mes enfants devaient y faire leur scolarité, plus tard.

En 1924, lorsque j’entrais en 9ème chez M. Fiesqui, dont la barbe grisonnante, taillée en bouc, nous en imposait, le lycée Carnot était dirigé par un personnage quasi mystique, archaïque et flottant dans sa longue redingote, noire, qui n’apparaissait que lors de distributions des prix : C’est M. Duval qui, en tant que proviseur, de 1898 à 1926 fut le véritable fondateur et organisateur du lycée Carnot.

Notre établissement ne compte à cette époque, qu’un millier d’élèves, alors que ce chiffre devait atteindre 2690, en 1939, et dépasser les 3.000 après 1950.C’est que le collège Saint Charles, fondé par le Cardinal Lavigerie, en 1882, au lendemain du protectorat, devenu le lycée Sadiki le 2 novembre 1889 et cédé à cette date à l’Etat tunisien, puis baptisé le 27 septembre 1893, lycée Carnot, pour ne pas être confondu avec le collègue Sadiki, déjà existant, n’avait cessé, depuis lors de s’agrandir et de pousser ses prolongements et ses constructions entre l’avenue de Paris, la rue Guynemer (actuellement rue saif ed-Dawala), la rue de la Loire et enfin vers l’avenue Roustan (actuellement avenue Habib Thameur) où se situe l’aile la plus récente, inaugurée en 1943, prés de laquelle se trouvait à la fin du XlXé siècle la première gare de T.G.M.

Je poursuivais, donc mes études au petit lycée, puis au grand lycée, dans cette ruche laborieuse, où les tunisiens étaient fort peu nombreux, où une discipline très stricte était assurée par un surveillant général, véritable cerbère, terrible et placide, M. Figre, dont le nom seul glaçait les élèves, mais où surtout nous avions la chance d’avoir un corps enseignant de très haut niveau. Ceux qui ont connu cet âge d’or du lycée Carnot ont gardé le souvenir de cette admirable pléiade de grands maîtres dévoués et brillants qui les ont enrichis de leur savoir et de leur méthodologie.

Ainsi par exemple, en philo, l’enseignement – qui était plutôt un dialogue sur le mode socratique – de notre professeur Lubac, m’a profondément marqué. Son physique de vieillard fragile, et son élocution désarticulée et traînante, le desservait grandement auprès de mes camarades. Mais lorsqu’on faisait l’effort de décrypter et de comprendre les propos de ce grand philosophe qui fut l’un des meilleurs disciples de Bergson, on demeurait fasciné par la clarté, la facilité et la puissance de son raisonnement, véhiculé par la lumineuse fluidité de style bergsonien. Ayant obtenu le premier prix chez lui, il tenait à me voir poursuivre études supérieures de philo. Mais mon choix était déjà fait pour l’histoire et la géographie. Un jeune agrégé de terminale, Marcel Calvet, m’avait donné la passion et presque le virus de connaître le vaste monde dans ses profondeurs passés et présentes et je voulus donc, après mon bac, obtenu en 1935, poursuivre l’étude de ces deux matières en France. Mais j’étais le premier Tunisien de mon espèce.

Peyrouton, notre cyclonique résident général, lorsqu’il eut vent de la chose, déclara textuellement : « je ne permettrai jamais à un Tunisien d’enseigner leur histoire à de petits français ». Cela ne changera rien à mon programme, et en octobre 1939, j’étais de retour de France, après des études poursuivies à Montpellier, puis à Paris jusqu’à l’agrégation au collège Sadiki. L’année suivante, je regagnais mes pénates au lycée Carnot pour assurer les mêmes pénates et ce, durant prés de vingt-sept ans.

En consultant le petit opuscule rédigé par mon collègue Marcel Gandolphe en octobre 1943, à l’occasion du cinquantenaire du lycée Carnot, on peut trouver la liste des professeurs. Sur 67 exerçant cette année- là, il n’y avait que cinq Tunisiens : Derouiche et Abed Mzali, pour l’arabe Khmais Hajri, pour l’anglais, Ahmed El Fani, pour la Physique et Tlatli pour l’histoire et géographie. « Photo envoyée par André Navikoff: en classe de 4èmeD avec notre professeur d’histoire et géo M. Slaheddine Tlatli ». La Tunisie sortait alors de six mois de guerre sur son propre sol qui furent particulièrement éprouvants, et le lycée Carnot, au milieu d’une ville en plein désarroi, avait connu les heures difficiles. Plus d’une fois les alertes nous obligeaient à quitter précipitamment la classe pour nous réfugier dans les tranchées. En mars, notre établissement reçut même, de nuit, trois bombes non explosées, dont on ne retrouvera que deux.

Avec mes nombreux collègues, nous avions l’occasion de nous rencontrer, et parfois de nouer des relations amicales, en particulier lors de la réception fort peu protocolaire et même bon enfant qui se tenait au début de chaque année scolaire pour accueillir nos nouveaux compagnons. Mais nous nous retrouvions aussi quotidiennement dans la salle des professeurs, ainsi que dans les conseils de classe au lorsque nous faisons passer les épreuves du bac. On pouvait distinguer parmi eux d’éminentes figures, comme celles de ce fin lettré qu’était Georges Démoulin, de ce grand physicien, notre ami Jean Debisse, qui devait prendre par la suite, la direction de Saclay, de ce fameux et filiforme mathématicien qu’était Henri Chalet, de cet historien bien connu, Jean Caniage, dont la thèse sur « les origines du Protectorat;#1524; devait le conduire bientôt en Sorbonne, de ce géographe koch, dont la thèse sur ;#1524; l’extrême Sud Tunisien;#1524; devait faire autorité, et de bien d’autres encore.

Par la suite, parmi les nouveaux collègues. Je fus heureux de retrouver deux de mes anciens élèves de Sadiki, Chedli Klibi et Mustapha Fiali, qui devaient faire une brillante carrière politique.

Il faudrait tout un livre pour évoquer toutes ces belles années de Carnot, passées dans une ambiance de labeur enthousiaste et d’émulation tonifiante. Car nous avions tous à cœur de pousser nos meilleurs poulains qui, par leurs succès au concours général et aux concours d’entrée aux grandes écoles de France faisant honneur à notre établissement et lui permettaient de se placer parmi les meilleurs lycées de France.

Mais on ne saurait terminer ces quelques lignes sans rappeler ce qui faisait le plus honneur à Carnot, cet esprit que nous tenions d’inculquer à nos élèves, en filigrane à travers notre enseignement et notre comportement et qui pouvait s’exprimer par un attachement tenace à certaines valeurs humanistes essentielles, comme celles de libertés fondamentales, du respect de la personne humaine et de sa dignité, et surtout de la tolérance, comme le rappelait Edgar Pisani et comme le déclarait, si parfaitement Philippe Séguin, lorsqu’il disait : « c’est au lycée Carnot en Tunisie, que j’ai appris la tolérance ». Car dans ce creuset tunisois où se sont toujours mêlées les races et les religions, «l’esprit Carnot » apparaissait comme l’antidote aux poisons de la haine et du racisme.

Et c’est pourquoi, aujourd’hui, où tant de valeurs sacrées sont foulées aux pieds sous nos yeux, où un peu partout on oublie le mot de Rabelais : «science sans conscience n’est que ruine de l’âme », la célébration de centenaire de notre lycée revêt tout son sens symbolique : celui d’une féconde et prestigieuse pépinière où des hommes de savoir et de bonne volonté ont consacré une partie de leur existence à semer le bon grain qui fait la grandeur de l’homme. Et ces semeurs ont la conscience tranquille de ne l’avoir pas fait en vain».

Slahedinne TLATIEn hommage à M. Slaheddine TLATI, ancien élève et professeur d’histoire et géo, disparu le 3 janvier 2009, nous publions le témoignage qu’il avait écrit à l’occasion du centenaire du Lycée Carnot (article paru dans «La presse » du 25/04/1993) :  » Lorsque j’ai connu le lycée Carnot de Tunis en 1924, il avait trente-et-un ans et j’en avais huit.

CE SAMEDI 27 SEPTEMBRE A 11 H AU MUSEE !


Moïse de Camondo, collectionneur passionné, y a rassemblé meubles, tableaux, tapis, tapisseries, porcelaines et orfèvrerie du XVIIIe siècle français d’une qualité exceptionnelle.
A sa mort en 1935, il lègue cet ensemble aux Arts décoratifs et à l’Etat français en souvenir de son fils Nissim disparu en combat aérien lors de la première guerre mondiale afin qu’il devienne le musée Nissim de Camondo.
Ouvert en 1936, cet hôtel particulier présente ces collections dans leur emplacement d’origine. Il est aussi le témoignage d’une demeure patricienne moderne et confortable au début du siècle à Paris.

Inscription à alct@free.fr ou à ALCT 18 Champs Elysées à Paris 75008
tarif 13 € par personne pour la visite guidée.
RV samedi 27 à 10h45 au Musée Nissim de Camondon 63, rue de Monceau 75008 Paris Métro : Villiers, Monceau Bus : 30, 94, 84
Parkings : Place P. Goubaux, Malesherbes, Avenue de Villierssamedi 27 septembre à 11 h, retrouvons-nous autour de notre guide-conférencière , diplômée de l’école du Louvre, pour la visite guidée de l’admirable hôtel particulier du comte de Camondo (reconstitution d’une demeure artistique du XVIIIe siècle construite en bordure du parc Monceau).

DE TIBERIADE A EILAT, DE JERUSALEM A PETRA

Georges-Gad entre Lina et Michel dans son kibboutz (il vit depuis 63 ans à REGAVIM) et la photo de sa classe de seconde en 1940.
la baie d’HAIFA. Au premier plan, le temple BAHAI et ses magnifiques jardins.
Un dicton populaire dit qu’on travaille à HAIFA, qu’on prie à JERUSALEM et qu’on s’amuse à TEL-AVIV
traversée mouvementée du lac de TIBERIADE
pour arriver au Capharnaüm, sur la rive Est du lac de TIBERIADE, photo des vestiges de la synagogue dans laquelle est venu prêcher Jésus-Christ
Alex, notre guide, un personnage à la John Wayne.
c’est toujours la fête ! là autour du piano de l’hôtel DAN à TEL AVIV
le passage de la frontière isralo-jordanienne
PETRA la magnifique et son trésor
Ce voyage, c’était pour certains d’entre nous une découverte, mais aussi des témoignages et des rencontres.
Pour Michel et moi, l’image que nous gardons au cœur, c’est l’accueil et le sourire de Georges CHEMLA dans les jardins de son kibboutz, photos de classe en mains l’hymne du lycée Carnot toujours en tête et bon pied, bon oeil à 85 ans(carnot 1935 à 1942/math-élem).

1935.1936, Classe de 3ème A2


Robert Séguin, père de Philippe,6ème à partir de la gauche dans la première rangée(haut), mort pour la France l’année de la naissance de Philippe.
Joseph Boujenah dit Jo, père de Michel, 2ème à partir de la gauche dans la deuxième rangée (haut)
Photo d’André Laperrousaz dont les camarades de classe étaient les pères de personnalités bien connues (Philippe Séguin, Michel Boujenah).

1935.1936 – 6ème A2


1935-1936 – 6ème A2
1er rang en haut de gauche à droite : PARIENTE. SEROR. TNANI. MUSTAPHA ? . COHEN TEDESCHI. MANSOUR. GOZLAN. BENATIAS. ANTONIETTI
2ème rang de gauche à droite :?. ZANA. COHEN. HABABOU. ATLAN. DANA GEORGES CHEMLA. SAIDANE. ?. ORSETTI
3ème rang de gauche à droite : FITOUSSI. ADIB. BUHAGIAR. CHARRIN. ZBIROU. GAUCI. ARE. TAIEB. DE PAZ. ?
Professeur : M. CARANOBE Photo adressée par Georges CHEMLA dit Gad SHAHAR