DECOUVERTE DU PORTUGAL DU 12 AU 19 MAI 2013

LES VOYAGES DE CARNOT-TUNIS nous amènent à la découverte du Portugal
du 12 au 19 mai ( La meilleure période pour visiter le Portugal)
Fado, Villages médiévaux, Quartiers branchés de Lisbonne, stations balnéaires guindées…. Le Portugal nous attend dans sa diversité. Un beau voyage et en plus l’ambiance des voyages Carnot.

Circuit 8 JOURS/7 NUITS du 12 au 19 mai 2013
en chambre double et pension complète
en vol régulier et hôtels 4 et 5*

Hotel Real Palácio ***** – Lisbonne – www.realpalaciohotel.com
Hotel Sana Silver Coast **** – Caldas da Rainha http://www.silvercoast.sanahotels.com/en/rooms/
Hotel M´ Ar de Ar Muralhas **** – Évora – www.mardearhotels.com

au tarif de 1460 € TTC *

I t i n é r a i r e e n b a s d e p a g e

Ce prix comprend :
• 7 nuits d’hébergement en hôtels 4* et 5*, base chambre double ;
• La pension complète avec boissons du dîner du J1 au petit-déjeuner du J8 (eau, vin);
• Un diner-spectacle Fado
• Les visites et excursions mentionnées dans le programme (ci-dessous) ;
• Les frais d’entrée aux monuments (Palais Royal de Sintra, Musée des Carrosses, Couvent de Mafra, Monastère de Batalha, Couvent du Christ, Cathédrale d’Évora, Chapelle des Ossements)
• La dégustation de pastel de Belém ;
• Visite d’une cave avec dégustation de moscatel ;
• Le café à la pousada de Palmela ;
• La visite d’une quinta avec dégustation de vin et huile d’olive ;
• Les prestations d’un guide officiel dès l’arrivée jusqu’au départ ;
• Le transport en autocar de tourisme selon le programme ;
• Les transferts aéroport de Lisbonne / hôtel / aéroport de Lisbonne ;
• Les taxes + TVA.

Le prix ne comprend pas
• Les dépenses personnelles
• Les pourboires
• Les boissons non prévues
• l’assurance annulation si règlement par chèque

N’hésitez pas à nous contacter pour toutes informations complémentaires et à très vite réserver car les tarifs sont garantis jusqu’à fin février ( en ce qui concerne aérien).

Lina Hayoun 06 20 88 40 52 lyceecarnottunis@gmail.com

Valérie Thiebaut (TO Avenue des Voyages) 01 83 64 92 02/ 06 74 81 43 24
Philippe Tapia (TO Avenue des Voyages) 06 76 09 60 12
Bulletin d’inscription
Circuit 8 JOURS/7 NUITS du 12 au 19 mai 2013
au tarif de 1460 € TTC *
en chambre double et pension complète
en vol régulier et hôtels 4 et 5*

Nom.………………………………Prénom……………….………….
Nom.………………………………Prénom……………….………….
Adresse………………………………………………………………………………………………………………
Portable…………………………e-mail/fax……….……………………………………………………………….
Nombre de personnes…….………… Montant total du voyage ttc …………………..
soit……….…………………………………………………………………
Acompte 500 € par personne, soit…..………….……………..….…
Banque : ……………………………………….
N° Carte visa……………………………………………………………………date d’expiration ……………….
3 chiffres cryptogramme (au dos de la carte) ……… …………………………..

L’assurance annulation est prise en charge par le paiement en carte bleue premier. Il est conseillé de la souscrire dans le cas d’un règlement par chèque.

• solde à régler 45 jours avant le départ
• membre de l’association à jour de la cotisation 2013
• Carnot Tunis intervient en tant qu’intermédiaire pour « Avenue des Voyages » et ne pourrait être tenue pour responsable en cas de litige

CARNOT TUNIS/ MDA, 23 rue Vernet – 75008 PARIS
Tél : 06 20 88 40 52 – fax : 01 49 10 09 82 JO 6.1.1993
lyceecarnottunis@gmail.com
www.carnottunis.com

Itinéraire

12 mai – Arrivée Lisbonne
• Arrivée à l’aéroport de Lisbonne et accueil par notre guide.
• Transfert à l’hôtel, installation,
• Dîner et logement.

13 mai – Lisbonne / Sintra / Cabo da Roca / Cascais / Estoril / Lisbonne
• Petit-déjeuner à l’hôtel.
• Départ en direction de Sintra, classée patrimoine Mondial par l´Unesco. Visite du Palais National, ancienne résidence d’été des souverains portugais, ex-libris de la ville.
• Déjeuner au restaurant.
• Continuation par la côte, Cabo da Roca, le point plus occidental d’Europe.
• Puis, la ville de Cascais et la station balnéaire d’Estoril, qui est aussi connue pour son casino.
• Retour à l’hôtel, dîner et logement.

14 mai – Lisbonne
• Petit-déjeuner à l’hôtel.
• Visite guidée de Lisbonne, une des capitales les plus charmantes d’Europe : la basse ville, le quartier d’Alfama, Belém et ses monuments liés aux Découvertes Maritimes.
• Visite du Musée National des Carrosses, avec une collection regroupant des exemplaires du XVIème au XIXème siècle. Dégustation de pastel de Belém, délicieux petit flan à la pâte feuilletée.
• Déjeuner en cours de visites.
• Soirée-dîner Fado le spectacle, le dîner (eau et ¼ vin inclus), le transport, et assistance de guide francophone.
• Retour à l’hôtel et nuit.

15 mai – Lisbonne / Mafra / Ericeira / Sobreiro / Région Ouest
• Petit-déjeuner à l’hôtel.
• Départ vers Mafra, ville connue pour son couvent avec une magnifique bibliothèque et son fameux carillon. Continuation vers Ericeira, village traditionnel de pêcheurs, avec de belles plages et très apprécié des surfistes.
• Déjeuner.
• Visite du village miniature de Sobreiro pour faire un voyage dans le temps et visiter le village de José Franco qui recrée un Portugal traditionnel. Puis Óbidos, niché à l’abri de son enceinte et qui a conservé tout son charme.
• Visite à pied de ce village médiéval aux maisons blanchies à la chaux et aux balcons fleuris.
• Installation à l’hôtel de la région.
• Dîner et hébergement.

16 mai – Région Ouest / Batalha / Fátima / Tomar / Région Ouest
• Petit-déjeuner à l’hôtel.
• Départ pour la visite guidée du Monastère Dominicain Santa Maria da Vitória, chef d’œuvre de l’architecture gothique et ses chapelles imparfaites. À Fátima, centre religieux, temps libre permettant la visite de l’immense esplanade qui peut rassembler plus de 300.000 pèlerins.
• Déjeuner.
• Continuation vers Tomar, ancien siège de l’Ordre des Templiers et visite de la forteresse – Couvent de l’Ordre du Christ.
• Retour à l’hôtel,
• Dîner et logement.

17 mai – Région Ouest / Azeitão / Arrábida / Setúbal / Palmela / Évora
• Petit-déjeuner à l’hôtel.
• Arrêt à Vila Fresca de Azeitão pour une visite guidée d’un chai de vin moscatel, suivie de dégustation.
• Continuation par le Parc Naturel de l’Arrábida qui s’étend sur 10.000 hectares de Setúbal à Sesimbra et qui a été crée pour préserver la flore et la faune de la région.
• Déjeuner au restaurant.
• En arrivant à Setúbal, la ville du Sado, nous pourrons découvrir une très belle vue sur les immenses plages de la péninsule de Tróia. Découverte du château de Palmela, édifié sur le contrefort oriental da la Serra d’Arrábida, dans lequel est installée une belle pousada.
• Pause café à la Pousada.
• Arrivée à Évora, installation à l’hôtel,
• dîner et hébergement.

18 mai – Évora
• Petit-déjeuner à l’hôtel.
• Visite de la ville d’Évora, ville-musée classée au patrimoine mondial de l’Unesco. De la grande Place du Giraldo, dans la perspective des maisons à arcades, vous serez éblouis par les justes proportions et l’équilibre architectural de la ville.
• Découverte du quartier historique, la cathédrale romane et gothique, le Temple Romain et l’église Saint François avec la chapelle des ossements.
• Déjeuner en cours de visites.
• En après-midi, visite d’une quinta productrice de vin et huile d’olive, avec dégustations. Dîner et nuit à l’hôtel.

19 mai – Évora / Lisbonne
• Petit-déjeuner à l’hôtel.
• Selon les horaires de vol, transfert à l’aéroport de Lisbonne.
• Assistance aux formalités d’embarquement.
• Fin de nos services.

Tour Operateur : Avenue des voyages
235, avenue le jour se lève 92100 Boulogne
licence – IM075120232 –

VALENZA ANTOINE, PROFESSEUR DE MATHS


Nous avons la tristesse de vous apprendre son décès, lundi 27 avril ; une messe a été célébrée mercredi 29 avril à 16h à la Cathédrale de Tunis.
Nous présentons à sa famille et en particulier à Jean-Yves et Philippe Valenza, ses fils, nos plus sincères condoléances.
Vous pouvez apporter vos témoignages et amitiés sur le forum ou par mail à alct@free.fr
Antoine Valenza est né à Tunis le 26 septembre 1933. Il a été élève puis Professeur de Mathématiques au lycée Carnot ( photo de 1967 au lycée Carnot, envoyée par ..), au lycée Gustave Flaubert et à l’IHEC à Carthage.

Antoine VALENZA est Membre d’Honneur et Membre du Conseil des Sages de l’Association des Anciens Elèves du Lycée Carnot de Tunis et a été a été Premier Vice- président de l’association, section Tunis, de 1993 à 1996.
Antoine VALENZA a été Conseiller des Français de l’Etranger à l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE) et Président de l’Union des Français de l’Etranger section Tunisie (UFE) .

Photo et commentaire envoyés par Jean-Pierre SALMIERI : « voici une photo de l’ASF, vainqueur de la Coupe de basket de Tunisie en 1961 – Antoine est le 1er en haut à gauche N° 7 ».
Vous avez peut-être été l’élève ou le condisciple d’Antoine Valenza, Professeur de mathématiques au Lycée Carnot pendant plus de trente ans ?

« CARNOT AU COEUR » PAR SLAHEDINNE TLATI

« en 1949, photo des professeurs : M. Tlatli, 1ère rangée, 2ème à droite »
J’étais alors très loin de penser qu’il allait tenir une si grande place dans mon existence et que ces premiers pas scolaires allaient marquer le début d’une amitié de trente sept ans, comme élève d’abord, comme professeur ensuite. Et lorsque je parle d’amitié, c’est  » l’histoire de famille » qu’il faudrait dire, puisque mon père, lui-même, m’avait précédé en ces lieux, avant la première guerre mondiale, comme professeur d’arabe, que j’y ai rencontré mon épouse parmi mes collègues, et que tous mes enfants devaient y faire leur scolarité, plus tard.

En 1924, lorsque j’entrais en 9ème chez M. Fiesqui, dont la barbe grisonnante, taillée en bouc, nous en imposait, le lycée Carnot était dirigé par un personnage quasi mystique, archaïque et flottant dans sa longue redingote, noire, qui n’apparaissait que lors de distributions des prix : C’est M. Duval qui, en tant que proviseur, de 1898 à 1926 fut le véritable fondateur et organisateur du lycée Carnot.

Notre établissement ne compte à cette époque, qu’un millier d’élèves, alors que ce chiffre devait atteindre 2690, en 1939, et dépasser les 3.000 après 1950.C’est que le collège Saint Charles, fondé par le Cardinal Lavigerie, en 1882, au lendemain du protectorat, devenu le lycée Sadiki le 2 novembre 1889 et cédé à cette date à l’Etat tunisien, puis baptisé le 27 septembre 1893, lycée Carnot, pour ne pas être confondu avec le collègue Sadiki, déjà existant, n’avait cessé, depuis lors de s’agrandir et de pousser ses prolongements et ses constructions entre l’avenue de Paris, la rue Guynemer (actuellement rue saif ed-Dawala), la rue de la Loire et enfin vers l’avenue Roustan (actuellement avenue Habib Thameur) où se situe l’aile la plus récente, inaugurée en 1943, prés de laquelle se trouvait à la fin du XlXé siècle la première gare de T.G.M.

Je poursuivais, donc mes études au petit lycée, puis au grand lycée, dans cette ruche laborieuse, où les tunisiens étaient fort peu nombreux, où une discipline très stricte était assurée par un surveillant général, véritable cerbère, terrible et placide, M. Figre, dont le nom seul glaçait les élèves, mais où surtout nous avions la chance d’avoir un corps enseignant de très haut niveau. Ceux qui ont connu cet âge d’or du lycée Carnot ont gardé le souvenir de cette admirable pléiade de grands maîtres dévoués et brillants qui les ont enrichis de leur savoir et de leur méthodologie.

Ainsi par exemple, en philo, l’enseignement – qui était plutôt un dialogue sur le mode socratique – de notre professeur Lubac, m’a profondément marqué. Son physique de vieillard fragile, et son élocution désarticulée et traînante, le desservait grandement auprès de mes camarades. Mais lorsqu’on faisait l’effort de décrypter et de comprendre les propos de ce grand philosophe qui fut l’un des meilleurs disciples de Bergson, on demeurait fasciné par la clarté, la facilité et la puissance de son raisonnement, véhiculé par la lumineuse fluidité de style bergsonien. Ayant obtenu le premier prix chez lui, il tenait à me voir poursuivre études supérieures de philo. Mais mon choix était déjà fait pour l’histoire et la géographie. Un jeune agrégé de terminale, Marcel Calvet, m’avait donné la passion et presque le virus de connaître le vaste monde dans ses profondeurs passés et présentes et je voulus donc, après mon bac, obtenu en 1935, poursuivre l’étude de ces deux matières en France. Mais j’étais le premier Tunisien de mon espèce.

Peyrouton, notre cyclonique résident général, lorsqu’il eut vent de la chose, déclara textuellement : « je ne permettrai jamais à un Tunisien d’enseigner leur histoire à de petits français ». Cela ne changera rien à mon programme, et en octobre 1939, j’étais de retour de France, après des études poursuivies à Montpellier, puis à Paris jusqu’à l’agrégation au collège Sadiki. L’année suivante, je regagnais mes pénates au lycée Carnot pour assurer les mêmes pénates et ce, durant prés de vingt-sept ans.

En consultant le petit opuscule rédigé par mon collègue Marcel Gandolphe en octobre 1943, à l’occasion du cinquantenaire du lycée Carnot, on peut trouver la liste des professeurs. Sur 67 exerçant cette année- là, il n’y avait que cinq Tunisiens : Derouiche et Abed Mzali, pour l’arabe Khmais Hajri, pour l’anglais, Ahmed El Fani, pour la Physique et Tlatli pour l’histoire et géographie. « Photo envoyée par André Navikoff: en classe de 4èmeD avec notre professeur d’histoire et géo M. Slaheddine Tlatli ». La Tunisie sortait alors de six mois de guerre sur son propre sol qui furent particulièrement éprouvants, et le lycée Carnot, au milieu d’une ville en plein désarroi, avait connu les heures difficiles. Plus d’une fois les alertes nous obligeaient à quitter précipitamment la classe pour nous réfugier dans les tranchées. En mars, notre établissement reçut même, de nuit, trois bombes non explosées, dont on ne retrouvera que deux.

Avec mes nombreux collègues, nous avions l’occasion de nous rencontrer, et parfois de nouer des relations amicales, en particulier lors de la réception fort peu protocolaire et même bon enfant qui se tenait au début de chaque année scolaire pour accueillir nos nouveaux compagnons. Mais nous nous retrouvions aussi quotidiennement dans la salle des professeurs, ainsi que dans les conseils de classe au lorsque nous faisons passer les épreuves du bac. On pouvait distinguer parmi eux d’éminentes figures, comme celles de ce fin lettré qu’était Georges Démoulin, de ce grand physicien, notre ami Jean Debisse, qui devait prendre par la suite, la direction de Saclay, de ce fameux et filiforme mathématicien qu’était Henri Chalet, de cet historien bien connu, Jean Caniage, dont la thèse sur « les origines du Protectorat;#1524; devait le conduire bientôt en Sorbonne, de ce géographe koch, dont la thèse sur ;#1524; l’extrême Sud Tunisien;#1524; devait faire autorité, et de bien d’autres encore.

Par la suite, parmi les nouveaux collègues. Je fus heureux de retrouver deux de mes anciens élèves de Sadiki, Chedli Klibi et Mustapha Fiali, qui devaient faire une brillante carrière politique.

Il faudrait tout un livre pour évoquer toutes ces belles années de Carnot, passées dans une ambiance de labeur enthousiaste et d’émulation tonifiante. Car nous avions tous à cœur de pousser nos meilleurs poulains qui, par leurs succès au concours général et aux concours d’entrée aux grandes écoles de France faisant honneur à notre établissement et lui permettaient de se placer parmi les meilleurs lycées de France.

Mais on ne saurait terminer ces quelques lignes sans rappeler ce qui faisait le plus honneur à Carnot, cet esprit que nous tenions d’inculquer à nos élèves, en filigrane à travers notre enseignement et notre comportement et qui pouvait s’exprimer par un attachement tenace à certaines valeurs humanistes essentielles, comme celles de libertés fondamentales, du respect de la personne humaine et de sa dignité, et surtout de la tolérance, comme le rappelait Edgar Pisani et comme le déclarait, si parfaitement Philippe Séguin, lorsqu’il disait : « c’est au lycée Carnot en Tunisie, que j’ai appris la tolérance ». Car dans ce creuset tunisois où se sont toujours mêlées les races et les religions, «l’esprit Carnot » apparaissait comme l’antidote aux poisons de la haine et du racisme.

Et c’est pourquoi, aujourd’hui, où tant de valeurs sacrées sont foulées aux pieds sous nos yeux, où un peu partout on oublie le mot de Rabelais : «science sans conscience n’est que ruine de l’âme », la célébration de centenaire de notre lycée revêt tout son sens symbolique : celui d’une féconde et prestigieuse pépinière où des hommes de savoir et de bonne volonté ont consacré une partie de leur existence à semer le bon grain qui fait la grandeur de l’homme. Et ces semeurs ont la conscience tranquille de ne l’avoir pas fait en vain».

Slahedinne TLATIEn hommage à M. Slaheddine TLATI, ancien élève et professeur d’histoire et géo, disparu le 3 janvier 2009, nous publions le témoignage qu’il avait écrit à l’occasion du centenaire du Lycée Carnot (article paru dans «La presse » du 25/04/1993) :  » Lorsque j’ai connu le lycée Carnot de Tunis en 1924, il avait trente-et-un ans et j’en avais huit.

Naccache Annie, un prof mythique

 » Chers amis,
C’est avec une grande tristesse que je vous fais part du décès de ma mère – le 10 octobre 2006 – Annie Naccache, professeur de Français/latin/grec qui a fait toute sa carrière au lycée Carnot jusqu’à sa retraite en 1981.
Amitiés. Thierry Naccache  »

Vous pouvez réagir en allant sur la rubrique Annonces (Association) du Forum.Nous venons d’apprendre par Thierry, son fils, le décès d’une enseignante qui a marqué de son empreinte plusieurs centaines d’élèves de Carnot. Je me souviens que l’association tunisoise, dirigée à l’époque par Hichem Mehdi, lui avait rendu un hommage vibrant lors de la soirée de gala du centenaire du lycée, en 1993.
Lina
Voci le message de Thierry :

TRAIT D’UNION – AMICALE AMILCAR

TRAIT D’UNION
LETTRE DE L’AMICALE DES ANCIENS ELEVES DU LYCEE CARNOT DE TUNIS
– A M I L C A R –
Mai 2006 N° 2/2006

Jean de LA FONTAINE met en scène un fier lion et trois associés (*): au partage du gibier, le lion fit quatre parts égales.Il s’attribua la première «en qualité de sire »,la seconde par «droit du plus fort », la troisième «comme le plus vaillant » et la dernière….. en menaçant d’étrangler tout prétendant. …..A méditer par les temps qui courent !…..
Depuis le droit romain, toute disposition léonine a l’odeur de soufre du diable. Mondialisation , dit-on…….
Aussi, tout Carnotien ,auquel ses professeurs ont dispensé l’instruction avec un plus incomparable, – la valeur de Progrès humain alliée au Respect de l’Autre-, se sent-il « interpellé »,désorienté,ébranlé , ballotté….
Il avait tant l’ambition de vivre avec ces valeurs et de les transmettre hors de tout dogme, idéologie ou système se terminant en –isme !……Alors, La Fontaine, au secours !……..
(*) La Génisse, La Chèvre et La Brebis, en société avec le Lion
(Livre 1- N°6) : fable inspirée d’Esope.

A Tunis, l’Association des Anciennes Elèves du lycée de la rue de Russie (Armand Fallières) organise les festivités du Centenaire de ce lycée du 2 au 5 juin. Monique AUDIFFRED,correspondante, fera le déplacement avec une vingtaine d’anciennes élèves et Marie GAMBINI, présidente de l’Amicale des Anciennes Elèves d’Armand Fallières de Paris,lui a confié un message à transmettre aux «congressistes »de la part des Anciennes de France.
Nous avons remercié la présidente Mme Samira TURKI de sa sympathique et chaleureuse invitation et nous souhaitons à nos amies un succès aussi grand et brillant que celui de notre lycée en mai 1993.
Nos amis de l’AAELC de Tunis, sous l’impulsion de leur président Taoufik BEN GHARS et de Hichem MEHDI, leur président d’honneur, organiseront un programme d’activités pour ceux, carnotiens ou non, qui participeront à ce centenaire. Bravo pour l’élégance de ce geste d’hospitalité tout à fait dans la tradition carnotienne !

PROCHAINES RENCONTRES MENSUELLES

A noter nos Agapes de Printemps et nos prochains repas-rencontres du 2e semestre 2006 :
Dimanche 11 juin : Agapes de Printemps ( voir in fine)
Samedi 09 septembre : déjeuner à La Fermette Marbeuf (Tél.01 53 23 08 00)
Mercredi 11 octobre : dîner au “RENDEZ-VOUS”, 14 avenue de Wagram -75008 (métro Etoile).
Samedi 04 novembre : déjeuner à La Fermette Marbeuf
Mercredi 06 décembre : dîner au Rendez-vous

AGAPES DE PRINTEMPS DU 11 JUIN 2006

Pour ce déjeuner traditionnel et en accord avec nos amies d’Armand Fallières, il a été choisi à nouveau pour son cadre proche de Paris et son accueil
L’Ermitage de Villebon (salon Victor Hugo )- Hôtel Mercure –
Route du Colonel Marcel Moraine 92360 MEUDON LA FORËT

L’apéritif sera servi à partir de 12 h et le repas dans une salle climatisée et réservée pour nous.
On prendra le café dans les jardins en échangeant souvenirs et projets jusqu’à 17 h.
Le prix du repas sera de 45 euros par personne tout compris (apéritif – au choix ,entrées et plats/fromage et salade-/ buffet de desserts / vins, eaux minérales et café).

Ange LEONFORTE Tél. 01 45 65 22 31
22, rue Emile Dubois – 75014 PARIS e-mail : angeleonforte @wanadoo fr.la lettre d’information N°2/2006 de l’Amicale des Anciens du Lycée Carnot

Paul SEBAG

(en 1956, professeur de français au lycée Carnot)
In Memoriam
Paul SEBAG
26 septembre 1919 – 5 septembre 2004

Décédé à l’âge de 85 ans à Paris où il a passé une seconde moitié de vie très féconde sur le plan de la production scientifique (1), Paul Sebag laisse une œuvre riche et variée : une vingtaine de livres et une trentaine d’articles académiques.
C’est dans la revue Ibla qu’il publie, en 2004, son dernier article consacré aux origines de l’Orient romanesque, de même qu’il a abordé auparavant, au sein du même périodique, d’autres sujets relatifs à l’histoire de la Régence de Tunis (voir infra, la liste détaillée de ses publications).
Originaire de Tunis où il est né deux ans après la fin de la première guerre mondiale, P. Sebag qui a commencé sa carrière professionnelle en tant que professeur de philosophie au Lycée Carnot publie, en 1951, son essai de monographie de la Tunisie (2). Ce livre est vite devenu une référence en raison de sa précision analytique et de son approche globale, embrassant aussi bien les conditions naturelles que les grands évènements historiques, l’assise économique, l’enseignement, la culture ainsi que la structure politique.
Ce qui frappe le plus dans cet ouvrage de synthèse, c’est l’abondance de la documentation, la rigueur de l’argumentation matérialiste ainsi que la distanciation qui n’exclut point l’engagement – exprimé dans le dernier paragraphe du livre – pour la lutte de libération du peuple tunisien.
Cette position n’est point étrange au jeune Sebag qui adhère, malgré ses origines bourgeoises (3), au parti communiste tunisien (PCT), dès 1936. Lors de l’occupation allemande de la Tunisie, il est arrêté, torturé et condamné (4) aux travaux forcés à perpétuité avant d’être libéré. Il consigne alors ses souvenirs mais ne les publie, documents à l’appui, que soixante ans plus tard, dans un opuscule consacré à cette tranche militante de sa vie de jeunesse.
L’intérêt d’un tel écrit consiste évidemment dans le témoignage de l’acteur et dans la critique des historiens du parti communiste tunisien qui ne pouvaient cerner cette période, vu le manque d’archives, de journaux et d’entretiens avec les témoins de l’époque. Même s’il s’agit d’un récit à la première personne, l’auteur réussit le pari de rapporter les faits d’une manière objective. Ce n’est donc pas un ouvrage de partisan mais plutôt, selon les dires de l’auteur, un « devoir de mémoire » entrepris avec le recul du temps.
Ayant cessé d’être membre du PCT et ayant pris ses distances avec le mouvement communiste international sans toutefois se renier (« ne pas rougir d’avoir alors partagé cette illusion » écrit-il), il consacre sa vie ultérieure à la recherche et au savoir et s’impose, dans le champ académique, par son esprit de méthode et par sa vaste érudition.
Ses premiers pas de chercheur, il les accomplit en tant que chargé de recherches à l’Institut des Hautes Etudes, dans le Centre d’Etudes de Sciences Humaines dirigé par G. Granai ; puis à l’Université de Tunis, au sein de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines. C’est dans cette « Faculté du 9 avril » qu’il enseigne pendant de longues années et forme des « générations » de sociologues tunisiens. Il y fonde et dirige, en tant que rédacteur en chef, Les Cahiers de Tunisie, où il contribue par de nombreux articles et notes de lectures.
En 1977, il quitte « à contre-cœur », semble t-il, la Tunisie pour aller enseigner, en tant que maître-assistant, à l’université de Lille. Son pays natal restera toutefois son objet d’étude, le ferment de sa production intellectuelle à venir et, depuis sa jeunesse militante, son port d’attache affectif (5).
Par la suite, le long de sa « retraite » qui commence autour de 1990 et où il est nommé « maître assistant honoraire » – c’est sous ce titre qu’il publie son article dans l’ouvrage portant sur les itinéraires de France en Tunisie, édité par la Bibliothèque municipale de Marseille -, il se consacre entièrement à l’établissement de textes et à la publication de livres, pour la quasi-totalité, édités chez L’Harmattan, dans la collection « Histoire et Perspectives Méditerranéennes » dirigée par J-P. Chagnollaud.

Unité et diversité de l’oeuvre

La question qui mérite réflexion aujourd’hui, après le décès de Paul Sebag, ce pionnier de la sociologie tunisienne (6) qui a beaucoup enrichi le champ des études historiques, est la suivante : comment lire l’œuvre du « maître » et découvrir la problématique qui l’a fondée durant toute une vie d’homme dédiée à la recherche ?
Il me semble personnellement que l’œuvre de Paul Sebag est traversée par trois moments de connaissance correspondant à trois champs de recherche qui sont tour à tour : l’urbain, les relations de voyage et l’histoire des juifs tunisiens. Ces trois moments sont à la fois successifs et simultanés dans l’itinéraire du sociologue et historien de la Tunisie.
Quant à la problématique, sous-jacente et jamais exprimée par l’auteur en raison de sa modestie et de sa méfiance envers toute théorisation, elle réside dans le souci d’étudier, par le menu détail ethnographique et par le biais d’un regard sociologique et historique, comment un « indigène » – qu’il soit musulman ou israélite comme lui – rencontre et vit le choc de la modernité induit par la colonisation au XIXe siècle et annoncé par les Temps nouveaux à partir du XVIe siècle.
C’est donc l’idée du choc entre « le pot de fer » et « le pot de terre » qui structure les principaux écrits de Paul Sebag. Plus concrètement, le maître-sociologue était habité, dans le sens plein du terme, par le phénomène socio-historique de la sortie du juif du quartier de la Hara et de la sortie du musulman de la Houma avec toutes les conséquences de cette transplantation spatiale et sociale qui se traduit par des mutations dans les mœurs, les comportements individuels et collectifs, les apparences et les médiations symboliques (vêtements, langues, dialectes et autres manières d’être et de faire).
Rien ne traduit mieux cette problématique inscrite dans le vécu des acteurs de l’époque que la préface qu’il rédige pour le livre illustré de l’artiste-peintre Zoubeir Turki, dans laquelle Sebag inaugure le propos en notant que :
« Tunis change. On abat ses murs d’enceinte, hérités de siècles lointains, on rase ses quartiers de masures insalubres, on transforme en jardins publics ses vieux cimetières, peuplés de morts qu’on ne pleurait plus. Mais la fièvre moderniste, qui bouleverse le corps de la cité, en affecte l’âme, aussi profondément. Irrévérencieusement, on passe au crible les us et coutumes des ancêtres pour faire le départ entre le respectable et le périmé et, sous les coups de la nouvelle génération, s’écroulent chaque jour de larges pans de tradition. Que restera-t-il dans quelques années de cette manière de vivre à laquelle les Tunisois étaient restés jusqu’ici fidèles ? Comment le dire ? On sait seulement qu’une accumulation de mutations inévitables finira par donner à la vie quotidienne un autre visage. »
Le déchiffrement de cet « autre visage » ou de cet « autre monde » est mené dans une perspective de la « longue durée », pour reprendre une notion chère à F. Braudel, l’auteur du célèbre ouvrage portant sur La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, auquel Sebag réfère (« Une lecture d’Othello », p. 42, note 13), tout en gardant une veine historique classique. La raison est certes liée au fait qu’il se pensait « sociologue de discipline et historien par goût » (Ibid., p. 33) mais aussi parce qu’il était, selon la pertinente formule orale du géographe Habib Attia, un véritable « chartiste » animé d’un esprit de précision et de connaissance savante.
L’œuvre de Sebag est basée à la fois sur une documentation fouillée et un sens critique de l’investigation scientifique de l’écrit. Le recueil des articles de l’historien Pierre Grandchamp et l’établissement des textes des voyageurs comme ceux de Bartholomeo Ruffino (7) ou de Nicolas Béranger témoignent d’un esprit de rigueur souvent associé à une méthode historique basée sur la contre-enquête. En effet, dans ses travaux, Sebag commence presque toujours par citer et critiquer les thèses des auteurs qui l’ont précédés et qui se sont contentés de reprendre des interprétations antérieures voire des idées reçues et dont les contributions ont été parfois accueillies dans des ouvrages de référence comme les dictionnaires. Tel a été le cas de « Mille et Un jours » attribué à A. R. Lesage alors qu’il est, comme s’est appliqué à le montrer Sebag, l’œuvre de l’orientaliste et écrivain Pétis de La Croix. A propos de ce dernier, Sebag rédige, à la fin des années 1970, une note de mise au point pour dissiper la confusion due à une homonymie, entre le dit orientaliste et un autre du nom du Sieur de la Croix.
Pour les mêmes raisons, Sebag s’intéressait aux manuscrits et aux ouvrages inconnus qu’il recherchait chez les bouquinistes et à la bibliothèque nationale de Paris. C’est ainsi qu’il découvrit la chronique inachevée et posthume de l’ambassadeur français auprès de la Sublime Porte, G. De Guilleragues, portant sur les beys mouradites, d’autant plus qu’elle ne figurait pas dans les bibliographies historiques de la Tunisie proposées par Charles-André Julien dans son « Histoire de l’Afrique du Nord » ou par Jean Pignon dans sa contribution au livre collectif intitulé « Initiation à la Tunisie ». Vu la rareté de l’ouvrage de Garrigues, Sebag s’est décidé à le transcrire intégralement de sa plume, en s’efforçant d’identifier les noms des lieux et des personnes et à dater exactement les événements de cette précieuse chronique ayant à la fois une valeur documentaire et littéraire.
Sebag avait une veine d’écrivain qu’exprime à merveille son article succulent sur Othello ainsi que l’ensemble de ses présentations et notes de commentaire consacrées aux récits des voyageurs. Il avait également une vocation de collectionneur comme en témoignent les cartes, estampes et autres précieuses illustrations de ses livres (Cf. en particulier, Tunis. Histoire d’une ville ; Histoire des Juifs de Tunisie ; Tunis au XVIIe siècle…). Cette quête d’une documentation visuelle témoigne d’un souci de pédagogue qui montre et illustre pour mieux expliquer son propos ainsi que d’une empathie avec l’objet et les acteurs de l’histoire des deux côtés de la Méditerranée.

La ville et l’urbain

Dans l’itinéraire de recherche de Sebag, on décèlera un premier moment qui démarre avec une série d’enquêtes sur la ville et l’urbain, initiés au lendemain de l’indépendance de la Tunisie (1956). Déjà, à la veille de cette date historique, l’intérêt du sociologue s’oriente vers l’étude de la condition des salariés de la région de Tunis (1955), sur la base d’un sondage empirique par questionnaire destiné à évaluer les ressources, la structure des budgets, les dépenses consacrées à l’habitat, à l’alimentation, à l’habillement, à la santé, à la culture et aux loisirs. La synthèse des résultats est illustrée par un éventail de conditions économiques et sociales allant, chez les Tunisiens musulmans, de l’aisance relative (9,3%) à la détresse (24,6%), en passant par la gêne (16,9%), la précarité (20%) et la misère (29,2%).
L’étude de la condition ouvrière est relayée, quelques années plus tard, par l’enquête sur les milieux sociaux et les « attitudes à l’égard de la vie » – terme qui recouvre ce qu’on désignera, peu de temps après, par le « planning familial » – qui permet justement de sonder les attitudes natalistes et de découvrir que les trois quarts des familles qui ont 3 enfants auraient été réceptives à la contraception. C’est là une découverte de taille dans la mesure où le programme de la planification familiale allait être lancé et connaître une destinée qui transformera, comme on le sait aujourd’hui, la pyramide des âges et le modèle de la famille ainsi que le statut de la femme tunisienne.
En relation avec ces premières études sociologiques de type empirique, c’est la consommation des ménages, l’industrialisation du Grand Tunis et surtout l’extension des faubourgs de Borgel (1958), Sidi Fathallah (1960) et Saïda Manoubia (1960) qui sont l’objet d’investigations minutieuses. « Saïda » étant l’un des plus étendus des nouveaux faubourgs tunisois – le troisième en ordre de grandeur après Jebel Lahmar et Mellassine -, Sebag lui consacre un livre en entier qui résulte d’une enquête sociale approfondie doublée d’une enquête nutritionnelle et médicale entreprise par les Dr Ben Salem, Dr Claudian et Melle Taïeb.
L’enquête sociale se donne pour finalité la maîtrise des facteurs de la croissance et de la pauvreté urbaines par les pouvoirs publics. Elle permet également d’analyser les origines et les structures de la population du faubourg. Aussi, met-elle en valeur l’importance de la famille conjugale à laquelle s’ajoute souvent un membre très proche (père, mère, frère ou sœur de l’époux ou de l’épouse), sans que la famille indivise disparaisse. De même, elle attire l’attention sur le début de la prévalence du mariage exogame (53,4%), en dépit de la persistance du mariage dans la tribu ou dans la famille (26,6%).
Les enquêtes menées par Sebag dans les nouveaux faubourgs mettent en lumière les facteurs et les modalités de la croissance urbaine. À cette époque, la ville de Tunis connaît une augmentation considérable de sa population qui a presque doublé en vingt ans puisqu’elle est passée de 220 000 en 1936 à 410 000 en 1956. Cette croissance vertigineuse n’était pas due seulement au facteur démographique mais résultait de l’afflux vers Tunis de masses rurales chassées des campagnes par la misère. Ces nouveaux venus ont surpeuplé non seulement la Médina et ses anciens faubourgs (Bab Souika et Bab Jédid) mais également les nouveaux quartiers qui se sont constitués autour de la ville. Ces quartiers pauvres formaient la ceinture « rouge » de Tunis et abritaient des logements rudimentaires appelés « gourbis » qui coexistaient avec quelques maisons en dur fort humbles. C’est là, dans les nouveaux faubourgs, que se jouaient effectivement les transformations de la condition ouvrière et de la morphologie urbaine.
Adoptant une méthodologie serrée, combinant plusieurs techniques d’enquête, le sociologue Sebag – formé sur le terrain – étudie avec une grande précision, les formes de l’habitat, les origines et les structures de la population, les niveaux de vie en relation avec le travail et l’emploi, la vie familiale et la différenciation sociale ainsi que l’intégration à la vie citadine de ces masses d’origine rurale. Tout est passé au peigne fin et tous les types de documents analytiques (tableaux statistiques, cartes, plans, vues aériennes, archives de la police, questionnaires, interviews, observations) sont savamment utilisés.
Par là, Sebag fonde la sociologie tunisienne de la ville et de l’espace urbain qu’il ne cessera de développer le long de sa carrière de recherche, notamment avec sa magistrale monographie de La Hara (1959), sa remarquable investigation de La Grande mosquée de Kairouan (1963) et sa monumentale Histoire de la ville de Tunis (1998). Ce dernier ouvrage, composé de près de 700 pages était, à l’état de manuscrit, destiné dès le début des années 1970 à être une thèse de doctorat d’Etat en géographie qu’il n’a jamais, en chercheur très exigeant, voulue soutenir mais qu’il a enfin publiée, en la transformant en une histoire urbaine avec une structure différente. Il s’agit d’un travail colossal qui a nécessité pas moins d’un demi-siècle de collecte de documents, de mise à jour à la lumière des travaux les plus récents, de réflexion et de rédaction. Il a été enfin édité à la satisfaction de nombreux chercheurs, enseignants, praticiens, décideurs et habitants de Tunis qui attendaient de le lire et de mieux se connaître. Depuis sa parution, c’est une référence incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à la ville de Tunis et aux cités de la Méditerranée. Le lecteur est guidé pas à pas grâce à une grille de lecture simple où, pour chaque période historique, depuis la fondation de Tunis dans le Haut Moyen Age jusqu’au milieu des années 1970, l’auteur établit une radioscopie basée sur la trilogie de la population, de la morphologie et des activités urbaines.
En réalité, l’intérêt pour l’urbain découle d’une vocation de géographe – son véritable métier, s’il fallait en avoir un et un seul – toujours attentif aux conditions naturelles et climatiques ainsi qu’aux facteurs humains, tout en ayant une curiosité et une capacité de lecture des plans, cartes, estampes et autres photographies de l’agglomération urbaine étudiée. C’est là une démarche originale qui lie l’histoire sociale à l’étude de l’espace urbain, investi et reconstruit.

Récits de voyage

Parallèlement à la ville et à l’urbain, P. Sebag accorde une attention particulière aux récits des voyageurs ayant visité Tunis, du XVIIe au XIXe siècle. C’est là le second moment et champ de recherche révélant en lui l’historien qui fréquente, « par goût » plus que « par métier », les textes et les manuscrits. Cette vocation et passion pour les textes anciens commence avec la découverte inopinée, dans la boîte d’un bouquiniste, sur les quais de la Seine, de l’opuscule de Davis Nathan consacré à Tunis. Chapelain anglican dont Flaubert fut, lors de son voyage, l’hôte dans sa maison de la Marsa, Davis publia en 1841 une brève esquisse de l’état du Royaume au temps d’Ahmed Bey (1837-1855). Jugeant les pages consacrées à la ville de Tunis essentielles et d’autant plus intéressantes qu’elles étaient introuvables dans la Bibliothèque du Souk el-Attarine, Sebag les traduit et les publie en 1958, en les accompagnant de notes pour éclairer des pans entiers de l’histoire et de la vie quotidienne de ses habitants.
À la description des rues, des immeubles et des mosquées s’ajoute une ethnographie vivante des mœurs, des croyances et des pratiques superstitieuses des différentes communautés (musulmane, israélite et chrétienne – catholique, orthodoxe et protestante).
Une année plus tard, en 1959, Sebag renoue avec ce genre littéraire, en présentant un tableau descriptif des Juifs de Tunisie, d’après le voyageur juif roumain Benjamin II. C’est, encore une fois, de la langue anglaise qu’il traduit un chapitre de ce livre qui lui a été signalé par son ami Robert Attal et qui porte sur Tunis. Publié en 1859, le récit de Benjamin II était resté inconnu de tous ceux qui avaient étudié la Tunisie du XIXe siècle. La valeur de ce récit de voyage provient aussi, comme le signale d’emblée Sebag, de la capacité du voyageur-écrivain à pénétrer dans les communautés juives de Tunis, en alliant sympathie et objectivité pour l’objet étudié. Une telle compétence lui permet de brosser un tableau moral de cette minorité religieuse et de fournir de précieuses informations sur la place des juifs dans les activités économiques, y compris l’agriculture puisque des fellahs juifs exerçaient à Jerba, à Gabès, dans le Jérid et à Nabeul. Ces chefs-lieux sont décrits minutieusement de même que des villes comme Tunis, Sousse, El-Jem, Bizerte, sont également l’objet de notes qui s’attardent sur les Juifs ainsi que sur les comportements et les croyances magiques des femmes.
Plus tard, au cours des années 1980, Sebag continue de rendre compte d’autres récits de voyageurs ayant visité la régence de Tunis au XVIIe sècle, à l’instar de l’escale faite par Jean Thévenot, de la négociation de Laurent d’Arvieux et de la mission du Père de la Motte. Nous savons que le XVIIe siècle constitue une période à la fois cruciale et inconnue de l’histoire de la Tunisie. C’est pour cette raison que Sebag s’y intéresse et lui consacre un de ses meilleurs ouvrages, publié en 1989, où il met en œuvre les sources les plus variées pour offrir un tableau des plus complets de Tunis, cette « cité barbaresque au temps de la course ». Tout y est décrit : le pouvoir dynastique et ses puissances, les quartiers et la population, la course, l’esclavage, les activités économiques, les commodités civiles de la maison et de la cité, la religion, les lettres et les arts. Grâce à ce livre d’histoire urbaine (8), le lecteur se promène dans le Tunis du XVIIe siècle comme s’il y vivait. Paul Sebag se révèle ainsi un véritable cinéaste de l’écriture historique. Tout en étant didactique et très simple, celle-ci demeure érudite et passionnante. Nous touchons là au style même de notre sociologue et historien marqué par un mariage heureux, au niveau de la méthode, entre connaissance approfondie, synthèse et vulgarisation.
Il importe d’ajouter, au niveau de ce second champ de recherche, que la passion pour les relations de voyage s’est accompagnée d’un intérêt pour les chroniques comme celle, inachevée et posthume, de Guilleragues ainsi que celle de Béranger qui ont, toutes les deux, constitué des sources d’information fort utiles pour les chercheurs et historiens de la Tunisie.

Histoire des Juifs
Enfin, le troisième champ de recherche qui recoupe en chevauchant les deux champs de recherches précédents est celui relatif à l’histoire des Juifs de Tunisie. Ce moment de la connaissance, d’inspiration identitaire inavouée, est de facture documentaire indéniable. Il a été, pour Sebag, l’occasion de s’imposer comme une « autorité incontestée de l’histoire du judaïsme tunisien ».
En réalité, l’intérêt pour l’histoire des Juifs tunisiens n’a pas du tout été tardif puisqu’il remonte à l’enquête sur la Hara de Tunis effectuée entre juillet 1956 et mars 1957. En choisissant d’analyser l’évolution de ce quartier juif situé au cœur du « vieux Tunis », Sebag s’est attelé à en retracer l’historique et à décrire sa population ainsi que les niveaux de vie et la configuration de la religion et des croyances de la communauté qui y réside.
Parmi les apports de Sebag dans cette étude élaborée au moment où s’est posée, avec la construction du nouvel Etat tunisien, la question de l’identité nationale (exclusive), il y a d’abord l’aspect de la composition de la population de ce quartier pauvre qui s’est avérée ne pas être exclusivement juive puisque les israélites tunisiens ne constituaient que 70,52% alors que les musulmans tunisiens étaient de l’ordre de 7,78% ; le reste étant formé de français (12,41%), d’étrangers européens (7,78%) et autres.
En plus, la distribution dans l’espace permet de montrer, carte à l’appui, que la présence des israélites varie entre 0% et 75% au sein de telle ou telle partie de la Hara. Enfin, si les Juifs jouaient dans l’entre-deux-guerres un rôle politique, l’indépendance nationale les avait contraint à jouer uniquement un rôle religieux et social. À ce titre, Sebag ne manqua pas d’attirer l’attention sur l’isolement de la population juive qui se trouvait brusquement séparée du reste de la Nation et c’est pour cela qu’il recommanda la création d’un Consistoire juif – formule laïque, doit-on préciser – destiné à représenter et à intégrer la communauté.
Lors d’un colloque organisé, en 1967, par le Centre d’Etudes Economiques et Sociales (CERES), sur les mutations de la famille tunisienne, le directeur et sociologue Abdelwahab Bouhdiba demanda à Paul Sebag de brosser un tableau de la famille israélite au XXe siècle. Il en est ressorti un article fort intéressant sur les traits de la famille juive traditionnelle et sur ses transformations structurelles.
Qualifiée par Jacques Berque d’ « étude d’ethnologie historique », la contribution de Sebag permit de mettre en relief les similitudes et les différences existant entre la famille israélite et la famille musulmane en Tunisie. La famille juive s’est profondément transformée avec le passage de la famille traditionnelle à la famille conjugale et il s’est effectué un nouveau partage des rôles des sexes dans l’organisation domestique grâce, note Sebag, à la scolarisation dans les écoles françaises et à l’acceptation de l’« acculturation » par la majorité. Cette « acculturation » consistait en l’introduction d’une « langue de culture » avec toute les valeurs qu’elle véhiculait. Du coup, « la mutation culturelle a facilité la promotion économique et sociale de la minorité juive. Dès qu’elle a eu les moyens, elle a quitté les ghettos où elle avait jusque-là vécu groupée pour s’installer dans les villes neuves et se mêler aux colonies européennes. De celles-ci, elle a subi d’autant plus l’influence qu’elle parlait le français et avait accédé à une culture moderne, fût-elle élémentaire ».
Il est à signaler qu’il n’en a pas été de même pour les tunisiens de confession musulmane qui ont été scolarisés notamment dans les écoles franco-arabes, avec une très grande majorité masculine, tout en se réfugiant pour la plupart dans les traditions pour pouvoir résister à la colonisation. C’est là un des éléments cruciaux de la différence entre une minorité et une majorité de population dans une situation de domination économique, politique et culturelle.
Etudiant en sociologue les transformations des deux communautés, Sebag les compare alors à une sorte de bombe qui, pour la famille israélite, a explosé dès les premiers jours – le XIXe siècle, pour être précis – alors que, pour la famille musulmane, elle a été « une bombe à retardement ».
Au début des années 1990, Sebag réunit l’essentiel de ses connaissances historiques et ethnographiques sur les Juifs de Tunisie et les publie dans un livre riche et documenté qui brosse un tableau complet de la communauté, des origines à nos jours. Les aspects démographiques, économiques, sociaux, culturels et politiques sont traités dans une double approche historique et sociologique. L’on y apprend beaucoup sur la formation et l’évolution de cette minorité à travers les siècles. Sa structuration en deux communautés imbriquées et séparées – la mauresque (twânsa) et la livournaise (grâna) – au lendemain de la conquête ottomane est analysée de l’intérieur mais avec distanciation, de même que sont précisés les tournants historiques, les institutions ainsi que les langues et les écritures, les mœurs et les coutumes, les vêtements et les parures.
Au delà de l’analyse, à la fois globale et précise, ce livre de référence apporte également des éclairages importants sur deux phénomènes qui ont bouleversé la structure de l’antique communauté juive de Tunisie lors de la période contemporaine : l’occidentalisation durant le protectorat français et le départ massif vers la France et Israël au lendemain de l’indépendance nationale.
Au soir de sa vie, en 2002, Sebag ajoute à ce tableau historique une étude sur les noms des Juifs de Tunis où il étudie leurs origines et leurs significations. Comme à l’accoutumée, il signale les études précédentes qui ont traité du même objet, telle que celle de M. Eisenbeth (1936), en relevant les lacunes et les limites de cette contribution (9).
En conclusion de cette note d’hommage au disparu, nous retiendrons que l’œuvre de Paul Sebag s’organise autour de trois grands champs de recherche à partir du croisement de deux approches complémentaires, la sociologique et l’historique, dans un pays précis, la Tunisie, dont il a su démontrer la complexité humaine et la dynamique sociale.
Sociologue et historien, Paul Sebag a également développé une curiosité pour d’autres thèmes auxiliaires tels que les expéditions maritimes arabes, l’hôpital des Trinitaires espagnols, les monnaies, la course « barbaresque », voire les contes arabes et persans. C’est dire la diversité et la grande variété de sa carrière de chercheur reconnu, bien qu’isolé. Aussi, les nombreux travaux de Sebag pourraient-ils donner l’impression d’être des lambeaux d’un savoir éclaté alors qu’ils sont en réalité unis par une problématique commune élaborée autour de l’idée du choc de la modernité mais également de la singularité historique de la Tunisie. Dans un livre illustré sur la Tunisie (1961), Sebag écrit à ce titre : « Nous sommes sensibles à ce que chaque nation possède en propre; nous croyons reconnaître dans la personnalité tunisienne l’œuvre d’une destinée singulière, de Carthage à demain. ».
Cette même singularité a été analysée et mise en valeur par l’Ecole historique française de Tunisie – une véritable communauté scientifique locale – dont les illustres représentants étaient Charles Monchicourt, Pierre Grandchamp, Jean Pignon, Marcel Gandolphe, Jean Ganiage, Charles Saumagne, André Martel et l’ottomaniste R. Mantran…que Sebag a eu la fortune d’avoir pour « éclaireurs » et « compagnons de route ».
Il est à ajouter, enfin, que si les trois champs de recherche de Sebag (la ville, les récits de voyage et les Juifs de Tunisie) se sont succédés et parfois chevauchés le long de sa carrière, ce sont ses travaux sur la ville de Tunis qui ont été au cœur de ses investigations et de sa production scientifique.
Deux références, brèves mais consistantes, pourraient servir à illustrer cette orientation urbanistique éminemment féconde : un ancien article sur la ville européenne à Tunis au XVIe siècle et une récente notice de synthèse sur l’histoire urbaine de Tunis.
Dans l’article sur la ville européenne, Sebag apporte du nouveau sur la topographie de Tunis au XVIe siècle en reprenant, sur la base de documents inédits auxquels n’avait pas eu accès Ch. Monchicourt, la question de la localisation de la nova arx. Située entre les murs de la ville et le lac, cette nouvelle citadelle dont la construction commença en 1573 semble s’être déployée sur l’emplacement de la ville moderne de Tunis. Cette ville éphémère qui fut une première « ville européenne » dans le Tunis au XVIe siècle se serait située, selon l’évaluation de Sebag, entre l’actuelle avenue Mohamed V et la cathédrale de Tunis ; laquelle recouvrait le cimetière Saint-Antoine où se trouvait le lieu dit Bastion (bastioun).
Dans l’entrée « Tunis » rédigée pour l’Encyclopédie de l’Islam (Nouvelle édition, tome X, 2002, pp. 676-688), Sebag prolonge et enrichit l’apport du grand maître des études kairouanaises et tunisiennes qu’était Ch. Monchicourt, rédacteur de la première notice sur Tunis (Encyclopédie de l’Islam, 1934, Tome IV-I, pp. 881-888). Il approfondit les connaissances historiques en les réactualisant, étend l’analyse à la période de l’entre-deux-guerres et aux lendemains de l’indépendance nationale jusqu’aux tous récents développements et transformations de l’espace urbain. C’est tout un mouvement d’extension urbaine où « le centre-ville ne cesse de s’annexer les zones voisines et s’étend maintenant sur des terrains conquis sur le lac dont on a entrepris de reculer les rives ».
En fait, Paul Sebag reprend ici la note finale du livre monumental qu’il avait consacré à sa ville natale (10) et qu’il a eu l’élégance et la modestie de conclure par cette invitation :
« La nouvelle Tunis appelle déjà un autre livre, mais il reviendra à d’autres de l’écrire. Nous ne tenterons pas de conduire plus loin cette histoire d’une ville. »


(en 1994 au diner-débat de l’ALCT consacré à Paul Sebag, à l’occasion de la sortie de son livre « Tunis, histoire d’une ville » l’Harmattan. il est interrogé par Gérard Sebag (pas de parenté avec Paul), journaliste à France 2, Hélène Hayat secrétaire générale de l’ALCT).

Mohamed KERROU

Notes

(1) Je suis reconnaissant à Anne-Marie Planel, directeur adjoint de l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC), qui a lu une première version de la présente note et a émis des observations critiques qui ont été, pour la plupart, intégrées. Mes remerciements vont également à Maître Lionel Lévy, ancien ami du disparu, qui a eu l’amabilité de répondre, par écrit, aux questions que je lui ai adressées à propos de la vie et de l’itinéraire de Paul Sebag.

(2) « Ce travail n’était pas destiné par lui à la publication, mais l’ayant occasionnellement montré à un universitaire français, celui-ci lui fit observer qu’il serait regrettable qu’une étude de cette qualité soit perdue pour le public et pour les chercheurs » (Témoignage de M° L. Lévy).
Mme Lilia Ben Salem a eu la courtoisie de me signaler que les Editions sociales (Paris) avaient lancé, à l’époque, une série d’ouvrages sur le Maghreb et c’est ainsi que la monographie de la Tunisie de P. Sebag a été suivie d’un livre sur le Maroc (Ayache Germain, Le Maroc. Bilan d’une colonisation. Préface de Jean Dresh, 1956) et d’un livre sur l’Algérie (Lacoste Yves, Nouschi André ; Prenant André, L’Algérie. Passé et présent, 1960).
Ces trois livres ont été publiés au sein de la collection « La Culture et les Hommes ».

(3) « Le père de Paul, Victor Sebag qui était un avocat estimé, appartenait à une famille de la bourgeoisie juive tunisienne. Sa mère née Attal, également. Ils vivaient bien entendu dans la ville européenne, comme la bourgeoisie aisée. » (Témoignage de M° L. Lévy).

(4) « Une anecdote pour marquer le courage du jeune Paul Sebag devant le Tribunal militaire de Vichy. Son père ayant choisi comme avocat pour le défendre Me Tixier-Vignancourt, personnalité pétainiste alors en faveur à Tunis, ce dernier voulut mettre les faits reprochés sur le compte de la jeunesse et de la mauvaise influence subie. Paul Sebag déclara au Tribunal qu’il renonçait à se faire défendre par Me Tixier-Vignancourt et assumerait sa défense lui-même » (Témoignage de M° L. Lévy).

(5) « Paul Sebag aimait passionnément la Tunisie à laquelle il s’identifiait malgré sa culture franco-italienne. Ce sentiment était renforcé, je pense, par son sens de la justice qui lui faisait condamner le régime colonial, et sa sympathie pour le petit peuple, qu’il s’agisse de celui de la Médina, de la Hara ou de la petite Sicile. » (Témoignage de M° L. Lévy).

(6) Cf. notre article « Hommage à Paul Sebag, le pionnier de la sociologie en Tunisie », Réalités, n° 979, du 30/9 au 6/10/2004, pp. 40-41.

(7) « Paul s’est marié avec Diana Gallico, appartenant à la communauté des « Grana », fille d’un avocat de Tunis (…). Paul était italophone dès l’enfance (…). Il m’a expliqué comment, par la suite, le français a substitué l’italien sans qu’il oublie cette deuxième langue. J’ai observé qu’il avait néanmoins des notions d’arabe et même davantage » (Témoignage de M° L. Lévy).
A ces trois langues, il convient d’ajouter la langue de Shakespeare que P. Sebag maîtrisait parfaitement, comme l’atteste sa traduction de certains passages d’Othello et des récits de voyage de N. Davis et Benjamin II.

(8) Pour le compte rendu de ce livre, Cf. Boubakeur Sadok « Tunis au XVIIe siècle. Une cité barbaresque au temps de la course de Paul Sebag », Ibla, n° 167, 1991/1, pp. 117-123.

(9) Il est à signaler que le livre de Sebag sur les noms des Juifs tunisiens a été soumis à une recension critique d’une vingtaine de pages, de la part de M° Lionel Lévy qui, tout en exprimant son respect et admiration pour la probité intellectuelle de Sebag, a contesté les origines portugaises, italiennes et maghrébines de certains noms (Cf. www. harissa. com).

(10) Après la sortie de son livre sur Tunis. Histoire d’une ville (1998), Paul Sebag a été invité pour présenter, dans une librairie de la Marsa, son livre devant un public composé pour l’essentiel de ses anciens amis, élèves, étudiants et également nombre de jeunes qui sont venus l’écouter raconter l’histoire de leur ville.

Liste des publications de Paul Sebag
Livres

– La Tunisie. Essai de monographie, Paris, Editions Sociales, 1951.
– Enquête sur les salariés de la région de Tunis (en collaboration avec T. Benzina-Bencheikh, M. Lahmi, B. Lazar, J. Lévigne…), Paris, PUF (Publications de l’Institut des Hautes Etudes de Tunis, Mémoires du Centre des Sciences Humaines, Vol. III, fasc. 3), 1956.
– Le gourbiville de Saïda Manoubia. Etude préliminaire, Tunis, Centre d’Etudes Economiques, 1958.
– L’évolution d’un ghetto nord-africain. La Hara de Tunis (en collaboration avec R. Attal), Paris, PUF (Publications de l’Institut des Hautes Etudes de Tunis, Mémoires du Centre d’Etudes des Sciences Humaines, Vol. V), 1959.
– Un faubourg de Tunis : Saïda Manoubia. Enquête sociale par P. Sebag. Enquête nutritionnelle et médicale par Dr M. Ben Salem, Dr J. Claudin et Mme H. Taïeb, Paris, PUF (Publications de l’Université de Tunis, Mémoires du Centre des Sciences Humaines, Vol. VI), 1960.
– Tunisie. De Carthage à demain (en collaboration avec Cl. Roy). Photographies d’I. Morath, A. Martin ; M. Riboud, Paris, Delpire, 1961.
– La Grande mosquée de Kairouan. Texte de P. Sebag. Photographies d’A. Martin, Paris, Delpire, 1963.
– (Textes recueillis et collationnés par P. Sebag ; A. Martel) Pierre Grandchamp, Etudes d’histoire tunisienne XVIIe-XXe siècle, Paris, PUF (Publications de l’Université de Tunis, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines), 1966.
– Préface à Zoubeir Turki, Tunis naguère et aujourd’hui. Adaptation française de Cl. Roy, Tunis, Publications du secrétariat d’Etat à l’information et au tourisme, 1967.
– Les préconditions sociales de l’industrialisation dans la région de Tunis (en collaboration avec A. Bouhdiba ; C. Camilleri), Tunis, Cahiers du CERES, Série Sociologique n°1, 1968.
– Toute la Tunisie. Photographies d’A. Martin, Tunis, Cérès Productions, 1968 (Tr. anglaise par R. Maguire : Tunisia. Time past ans Time present, Tunis, Cérès Productions, 1968).
– Une relation inédite sur la prise de Tunis par les Turcs en 1574. Sopra la desolatione della Goletta e forte di Tunisie di Bartholomeo Ruffino. Introduction, texte et traduction annotée de P. Sebag, Tunis, Publications de l’Université de Tunis, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, 1971.
– Pétis de la Croix : Les Mille et Un jours. Contes persans, Paris, Christian Bourgois, 1980.
– Tunis au XVIIe siècle. Une cité barbaresque au temps de la course, Paris, L’Harmattan, 1989.
– Histoire des Juifs de Tunisie. Des origines à nos jours, Paris, L’Harmattan, 1991.
– (Ed) Nicolas Béranger, La Régence de Tunis à la fin du XVIIe siècle. Mémoire pour servir à l’histoire de Tunis depuis 1684. Introduction et notes de P. Sebag, Paris, L’Harmattan, 1993.
– Les Juifs de Tunisie. Images et textes (sous la coordination de J-P. Allali, A. Goldmann, P. Sebag). Préface d’A. Memmi, Paris, Biblieurope, 1997.
– Tunis : Histoire d’une ville, Paris, L’Harmattan, 1998.
– François Pétis de la Croix. Histoire du prince Calaf et de la princesse de la Chine, Paris, L’Harmattan, 2000.
– La course tunisienne au XVIIIe siècle, Tunis, Publications de l’Ibla, 2001.
– Communistes de Tunisie 1939-1943. Souvenirs et documents, Paris, L’Harmattan, 2001.
– Les noms des Juifs de Tunisie. Origines et significations, Paris, L’Harmattan, 2002.
– Une histoire des révolutions du Royaume de Tunis au XVIIe siècle. Une œuvre de Guilleragues ? Paris, L’Harmattan, 2004.

Articles

– « Les niveaux de vie et la consommation dans la délégation de la Marsa », Bulletin de Statistique et d’Etudes Economiques, n° 2, nouvelle série, avril-juin 1958, pp. 65-76.
– « Une description de Tunis au XIXe siècle [Nathan Davis] », Cahiers de Tunisie, n° 21-22, 1è et 2è trim. 1958, pp.161-181.
– « Le bidonville de Borgel », Cahiers de Tunisie, n° 23-24, 3è et 4è trim. 1958, pp. 267-309.
– « L’industrialisation de la Tunisie: une expérience pilote dans l’industrie de la chaussure », Cahiers de Tunisie, n° 25, 1è trim. 1959, pp. 147-173.
– « Les Juifs de Tunisie au XIXe siècle d’après J-J. Benjamin II », Cahiers de Tunisie, n° 28, 4è trim. 1959, pp. 489-510.
– « Le faubourg de Sidi Fathallah », Cahiers de Tunisie, n° 29-30, 1er et 2è trim.1960, pp. 75-136.
– « Les expéditions maritimes arabes du VIIIe siècle », Cahiers de Tunisie, n° 31, 3è trim. 1960, pp. 73-82.
– « Une ville européenne à Tunis au XVIe siècle », Cahiers de Tunisie, n° 33-34-35, 1è et 3è trim. 1961, pp. 97-107.
– « Milieux sociaux et attitudes à l’égard de la vie », Tunisie Médicale, n° 2, 1961, pp. 1-8.
– « Remarques sur l’histoire de la Grande mosquée de Kairouan » (en collaboration avec A. Lézine), Ibla, n° 99, 1962/3, pp. 244-256.
– « Cartes, plans et vues de Tunis et de la Goulette au XVIIe et au XVIIIe siècle » in Etudes Maghrébines. Mélanges Ch-A. Julien, Paris, PUF, 1964, pp. 89-101.
– « La peste dans la Régence de Tunis au XVIIe et XVIIIe siècle », Ibla, n° 109, 1965/1, pp. 35-48.
– « La famille israélite en Tunisie au XXe siècle », Revue Tunisienne des Sciences Sociales, n° 11, octobre 1967, pp. 109-122.
– « La Goulette et sa forteresse de la fin du XVIe siècle à nos jours », Ibla, n° 117, 1967/1, pp. 13-34.
– « Les travaux maritimes de Hassan b. Nu’mân », Ibla, n° 125, 1970/1, pp. 41-56.
– « Une nouvelle de Bandello (XVIe siècle) : Moulay Hassan et Moulay Hamida », Ibla, n° 127, 1971/1, pp. 35-62.
– « Une lecture d’Othello. Le More de Venise et « la haine pour rien » », Ibla, n° 129, 1972/1, pp. 33-58.
– « Sur une chronique des beys mouradites. Une œuvre posthume de Guilleragues? », Ibla, n° 131, 1973/1, pp. 53-78.
– « Grands travaux à Tunis à la fin du XVIIIe siècle », Revue de l’Occident Musulman et de la Méditerranée, n° 15-16, 1973, pp. 313-321.
– « Sur une chronique des beys mouradites. II : Guilleragues et De la Croix », Ibla, n° 139, 1977/1, pp. 3-51.
– « Voyages en Tunisie au XVIIe siècle. L’escale de Jean Thévenot (9-30 mars 1659) », Ibla, n° 145, 1980/1, pp. 47-78.
– « Sur deux orientalistes français du XVIIe siècle. F. Pétis de la Croix et le Sieur de la Croix », Revue de l’Occident Musulman et de la Méditerranée, n° 25, 1978, pp. 89-118.
– « La négociation de Laurent d’Arvieux (12 juin 1666 – 15 août 1666). Voyages en Tunisie au XVIIè siècle », Ibla, n° 147, 1981/1, pp. 71-94 et n° 148, 1981/2, pp. 253-286.
– « Voyage en Tunisie au XVIIe siècle. La mission du Père de la Motte (2 juin-26 juin 1700) », Ibla, n°165, 1990/1, pp. 3-37 et n° 166, 1990/2, pp. 219-236.
– « Les monnaies tunisiennes au XVIIe siècle », Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée, n°55-56, 1990, pp. 203-218.
– « L’hôpital des Trinitaires espagnols à Tunis (1720-1818) », Ibla, n° 174, 1994/2, pp. 203-218.
– « La Régence de Tunis et la France au XVIIe siècle » in Itinéraires de France en Tunisie du XVIe au XIXe siècle, Marseille, Bibliothèque Municipale, 1995, pp. 23-29.
– « Tunis », Encyclopédie de l’Islam, Nouvelle Edition, 2002, pp. 676-688 (Edition anglaise, pp. 629-639).
– « Aux origines de l’Orient romanesque. Quel est l’auteur des Mille et Un jours? », Ibla, n° 193, 2004/1, pp. 31-60. Voici, en hommage à Paul Sebag – professeur de français au lycée Carnot – un article publié, à Tunis, dans le dernier numéro de la revue Ibla (Institut des Belles Lettres Arabes) par Mohamed Kerrou, Maître de conférences à l’Université de Tunis.

PRESENTATION

Pourquoi une association des Anciens du Lycée Carnot de Tunis (ALCT) ? Une attente existait. Chacun dans son coin se demandait comment avaient évolué ses camarades de classe. Le 6 janvier 1993, l’ALCT est née. Très vite, elle a rencontré un fort écho. Nous avons été là au bon moment. Les anciens élèves avaient besoin de comprendre leur passé, l’histoire de la France et de la Tunisie, à travers leurs familles, leurs amisÖ A un stade de leur vie, ils ressentaient la nécessité de se replonger, au delà des clivages professionnels, communautaires ou politiques, dans ce melting-pot joyeux qu’était Carnot dans leur souvenir. Cette association est entrée immédiatement en résonance avec eux. Un réseau affectif s’est remis en marche. Les faits sont là : plus de mille adhérents et trois mille anciens retrouvés en une dizaine d’années.
Quelles sont les activités de l’ALCT ? Une lettre d’information, trois fois par an qui présente le courrier des adhérents, le compte-rendu du dîner-débat, l’actualité des adhérents, des rendez-vous dans des lieux de mémoire … L;#39;annuaire: des centaines de personnes sont inscrites dans l’annuaire de l’association – de plus en plus épais à chaque parution -, assistent régulièrement aux dîners-débats, participent aux voyages et se connectent sur notre site. Des avis de recherche, venus de partout ( France, Tunisie, Italie, IsraÎl, Canada et même de Colombie) sont lancés sur Internet. Comme celui-ci : « nous recherchons tous nos camarades de 3ème5, année 71-72. Voici la liste de la classe. Si vous avez un frère, une sŒur, un ami ou un membre de votre famille qui se reconnaît, ou une quelconque piste, contactez-nous très vite ». Ce site a fait naître des relations inimaginables par des connexions avec le monde entier. Ainsi à la suite d’échanges électroniques, un voyage à Rome a été organisé au printemps dernier pour rencontrer d;#39;anciens condisciples italiens. La réunion a été très chaleureuse. Beaucoup d’histoires, de blagues, des questions : « qui a mon ‚ge, qui est de ma promo, est ce que vous connaissez celui-là, qu’est devenu celui-ci ? J’ai joué avec un tel à la guitare, j’ai chanté avec cet autre à l’Hacienda et dans toutes les boites de Tunis où l’on faisait la fête ». Un seul d’entre nous a retrouvé un copain de classe. Une de nos figures mythiques, un professeur de maths, monsieur Colas – lui-même ancien élève, dont les quarante ans de carrière se sont déroulés à Carnot ñ a lancé un appel. Devenu aveugle, il souhaitait reprendre contact avec ses anciens élèves. Nous avons reçu des centaines de messages émouvants, chaleureux, qui décrivent ses cours, ses manies. Ce professeur, toujours ganté de blanc pour écrire au tableau à la craie omyacolor, nous faisait partager sa passion de l’astronomie. Ses élèves de l’année 1979 se souviennent des photos de la NASA qu’il leur avait montrées, les premiers clichés de la planète Mars par la sonde Voyager. L’infamie suprême était de se faire traiter de crétin. Dans ces courriers c’est tout un monde enfoui qui s’exprime. Il a été tout heureux de ces évocations qui o;shy;nt éclairé la fin de sa vie. D’autres liens, d’autres rencontres se font aussi comme des échanges d’appartements avec la Tunisie et des demandes de stage.En Tunisie, d’autres événements o;shy;nt ravivé la mémoire de Carnot. Les associations d’anciens élèves, celle de Tunisie et celle de France o;shy;nt en premier célébré le centenaire du lycée en 1993. Elles o;shy;nt ensuite mis en place ensemble, en 1998, le Prix francophone destiné aux élèves du lycée-pilote actuel (en 1983, le lycée Carnot est rétrocédé à l’Etat tunisien et prend le nom de son plus célèbre ancien élève tunisien, Habib Bourguiba). Un concours pour les élèves des classes terminales sur le thème : « vous vous apprêtez à jeter une bouteille à la mer contenant un message, en souhaitant qu’elle soit retrouvée par un jeune de votre ‚ge sur les rives françaises. Rédigez la lettre que vous allez mettre dans cette bouteille » a reçu un accueil enthousiaste. Un jury composé d’écrivains, tunisiens et français a sélectionné les meilleures rédactions. Neuf lauréats, sept filles et deux garçons, ‚gés de 15 à 18 ans, o;shy;nt été récompensés par un voyage d’une semaine à Paris. Une grande cérémonie a réuni dans la salle des fêtes du lycée les anciens élèves, toutes générations confondues. A Paris, durant la semaine de la Francophonie, ces jeunes émerveillés o;shy;nt été accueillis et guidés par des membres de notre association.;nbsp;;nbsp;;nbsp;;nbsp;;nbsp;En 2003, L’association a fêté ses dix ans en grande pompe à l’Hôtel de Ville de Paris. Plus de mille personnes ont répondu à l’appel, dont le président de l’association jumelle à Tunis Taoufik Ben Ghars et en présence de trois anciens élèves des lycées français de Tunisie : madame l’ambassadrice de Tunisie, Bertrand Delanoe et Philippe Séguin. Cette adolescence toujours présente en nous, revient en force. Raviver l’esprit Carnot, replonger dans nos racines et poursuivre l’idéal républicain dans lequel nous avons été élevés, tel est le but de l’association. C’est ce que je veux transmettre.(d’après le témoignage de Michel Hayoun, président de l’ALCT, dans l’ouvrage Les lycées français du soleil, creusets cosmopolites de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc, d’Effy Tselikas et Lina Hayoun, aux éditions Autrement, collection « Mémoires »).

Comment continuer les activités de l’ALCT ?
Pour pérenniser l’ALCT et ses activités, votre adhésion et votre fidélité nous sont vitales. En adhérant à l’ALCT, vous bénéficiez de l’annuaire 2007 comprenant les coordonnées de plus de 1000 anciens élèves de Carnot, des réductions sur les dîners-débats, les spectacles,des invitations prioritaires pour nos événements exceptionnels.
Pour cela Il vous suffit de glisser dans une enveloppe dès aujourd’hui le formulaire d’adhésion dument rempli, accompagné de votre chèque et de le poster. Cliquez ici pour accéder au formulairePourquoi une association des Anciens du Lycée Carnot de Tunis (ALCT) ?

Quelles sont les activités de l’ALCT ?