LA LETTRE MEL DE SEPTEMBRE 2013

LES GRANDES EXPOS PROGRAMMEES PAR CARNOT-TUNIS

NOVEMBRE : Mercredi 6 novembre à 18h
GEORGES BRAQUE au GRAND PALAIS, 3, avenue du Général Eisenhower, Paris
Le Grand Palais présente la première rétrospective consacrée à GEORGES BRAQUE (1882-1963), depuis près de quarante ans. Initiateur du cubisme et inventeur des papiers collés, il fut l’une des figures d’avant-garde du début du XXe siècle. L’exposition propose un nouveau regard porté sur l’œuvre de l’artiste et une mise en perspective de son travail avec la peinture, la littérature ou la musique de son temps. Elle réunit des œuvres venues du monde entier.
Visites- conférences 13 €, entrée à payer sur place, merci de confirmer votre venue en envoyant un mail d’inscription à alct@free.fr
PUIS de nous adresser un chèque de 13 € par personne à CARNOT-TUNIS MDA 23, rue Vernet 75008 PARIS

JANVIER 2014 : Mercredi 8 janvier à 17h45
FRANCISCO de GOYA
Nous vous invitons à découvrir à la Pinacothèque de Paris une exposition autour de l’artiste espagnol Goya. Né en 1746 à Saragosse, Francisco de GOYA est un peintre et graveur espagnol. Il a travaillé à la cour et a également réalisé des portraits de toute l’aristocratie. Ces œuvres les plus connues aujourd’hui sont sans nul doute La maja desnuda (musée du Prado à Madrid), le tableau de Charles IV et sa famille (1800) et El tres de Mayo de 1808 qui représente la résistance espagnole. Il meurt à Bordeaux en 1824.
Visites- conférences 13 €, entrée à payer sur place, merci de confirmer votre venue en envoyant un mail d’inscription à alct@free.fr
PUIS de nous adresser un chèque de 13 € par personne à CARNOT-TUNIS MDA 23, rue Vernet 75008 PARIS
Pour ces expositions, inscrivez-vous vite en deux étapes :
1/ mail à alct@free.fr
2/ envoyer un chèque de 13 € par exposition à CARNOT-TUNIS MDA 23, rue Vernet 75008 PARIS

A SAVOIR

Madeleine BERGER BENNACEUR, élue en juin 2009 Conseillère à l’Assemblée des Français de l’Etranger pour la circonscription Tunisie – Libye, a reçu les insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite, le 14 mai. Madeleine, née à Tunis, est ancienne élève du lycée Carnot et responsable de l’association des anciens de Carnot à Tunis. Elle est diplômée de l’Université Paris IX Dauphine (Maîtrise de Sciences de Gestion, DESS Marketing et DEA) et enseigne l’économie et la gestion au lycée Gustave Flaubert à la Marsa . Aujourd’hui Conseillère AFE, elle veille à assurer la défense des intérêts des Français résidant dans ces deux pays.

Dans le cadre du Festival de Cannes , Yamina BENGUIGUI, Ministre déléguée à la francophonie, a remis les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur à FERID BOUGHEDIR, ancien élève du lycée Carnot, célèbre réalisateur d »Un été à la Goulette » et « Halfaouine, l’enfant des terrasses ».
Les enfants de la Tunisie : On les aime, ils nous font rire, animent nos émissions préférées, ou font partie du paysage politique. Ils ont tous en commun un début de vie en Tunisie et une brillante carrière en France ou à l’international. Cliquez sur le lien pour lire l’article paru sur le site du petitjournal.com http://www.lepetitjournal.com/tunis/a-voir-a-faire/84189-enfants-de-tunisie-ils-sont-devenus-celebres-en-france

CARNET

Nous avons la tristesse de vous faire part de la disparition, de Shirine, fille de Foad SABERAN membre du Conseil d’administration de Carnot-Tunis. L’ensemble du bureau lui présente, ainsi qu’à sa famille, nos plus affectueuses pensées.

A VOUS LA PAROLE !

Bonjour aux anciens du lycée Carnot de Tunis ! A propos du décès d’Antoine SCARDAGLI, j’ai connu un SCARDAGLI (un copain de mon frère Maurice PEREZ) ; ils étaient ensemble en mathelem en 1960. Est ce que c’est la même personne ? D’autre part, peut on avoir des nouvelles des anciens élèves de 2A’C 1964-1965? Merci Patrick PEREZ (lc1953-1965) .

J’ai été l’année 1956-1957 un élève de M. REBOUL à Tunis. Je suis maintenant membre de l’Académie des Sciences et je suis conscient de tout ce que je dois à l’enseignement de ce professeur. Je voudrais, ici, exprimer ma reconnaissance pour tout ce qu’a fait M. Reboul. Yves Meyer Académie des Sciences (Paris)
Salut tout le monde je suis une ancienne élève du lycée Carnot de 1970 à 1980 svp si vous me reconnaissez ou si vous avez une photo de classe, envoyez la moi ; merci d’avance ah j’ai oublié une chose importante en ce temps je portais un corset vu que j’avais une scoliose. Rim BEN JAAFAR ZEHANI (alct@free.fr)

J’ai rencontré au cours d’un séjour à Tunis Guy PAOLLILO, prof d’histoire-géo au lycée Carnot que certains ont certainement connu. Il s’occupe depuis de nombreuses années de l’Association Française d’Entraide et de Bienfaisance de Tunisie (SFEB) et fait un travail assez remarquable.
( aide à l’enfance, aide aux familles, aux personnes seules, veuves ou divorcées, aux personnes âgées sous forme de secours permanents, exceptionnels, en nature, prêts, consultations médicales, etc..) . Une visite à notre professeur s’impose lors d’un passage à Tunis : c’est un homme formidable, qui déploie une énergie extraordinaire et qui mérite d’être aidé. Joseph KHAYAT
SFEB 10 RUE FELICIEN CHALAY TUNIS (place Pasteur, direction Mutuelville, 3 eme rue à droite)

J’ai eu la chance d’étudier dans une classe mixte de Sciences Ex. de 1960-1961.
Quatre profs m’ont profondément marqué chacun a sa manière : M. MASSAL, le prof de Sciences Naturelles dont je ne retrouvais plus le nom jusqu’à la rencontre imprévue avec le site du Lycée Carnot. Il gardait précieusement dans le placard de notre classe un électrophone, et de temps à autre, en fin de semaine, il me semble ou en fin de journée, il nous faisait entendre une œuvre de musique classique, recueilli, bien planté sur ses deux jambes, tête rejetée en arrière et yeux fermés. Pour moi élève au conservatoire de Musique a Tunis pendant toute ma scolarité c’était un régal tout a fait inattendu ; surtout après la rigueur et le conformisme du Lycée Armand Fallières ou j’avais été élève les 6 années précédentes.
M. THOMAS, notre charmant prof de maths aux yeux bleus et à la démarche légèrement clopinante, qui nous enseignait cette matière que j’aimais tant a l’époque. Il a, par ses conversations avec ma maman – en fin de scolarité -, influencé très positivement ma vie à l’université l’année suivante.
Puis il y avait les deux compères : notre prof de philo M. BRUN, qui a contré et bouleversé dans nos jeunes tètes une bonne dose des idées liées à notre éducation jusque là , et notre prof de physique, M. GUICHANET, dont un des élèves, Alain SOUSSAN , faisait d’admirables caricatures qui loin de fâcher M. GUICHANET le faisait rire aux éclats. Je retrouve le nom d’un ami oublie, Jean Claude BORELLIi. Il me semble l’avoir croise au début de mes études a Marseille.
Il régnait dans cette classe assez turbulente, une dynamique ambiance d’étude et une dose de liberté qui a fait de cette année là, une année d’études inoubliable et très fructueuse. J’ai perdu de vue tout ce monde et ce morceau de vie. Mais son influence fructueuse a marqué toute ma vie à venir.
Si vous avez d’autres photos, de cette classe de Sces Ex, j’aimerais beaucoup y accéder car je n’en ai aucune, excepté les images et sensations restés dans ma mémoire. Merci pour ce site. Liliane BISMUTH

A LIRE

Vient de paraître en France le dernier roman historique de Hatem El KAROUI : le samedi 30 novembre 1805, le cheikh Slimane MELLAMELLI débarque du navire « USS Congrès » au port d’Hampton Roads dans l’est des États-Unis. Il s’apprête à rencontrer le président Thomas Jefferson pour essayer d’aplanir un litige tuniso-américain délicat, à savoir la saisie par l’US Navy au large du port de Tripoli de navires tunisiens dans le cadre d’un blocus américain du territoire libyen alors que la Régence de Tunis était théoriquement en paix avec les États-Unis d’Amérique.
Avec L’émissaire barbaresque au Nouveau Monde Hatem EL KAROUI nous propose un éclairage intéressant sur un épisode mal connu de l’Histoire.

Karine TUIL fille de notre camarade Gérard TUIL publie, chez Grasset, son dernier livre « l’Invention de nos vies » :Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un « beau mariage »… Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c était à refaire ? À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c est la déflagration…

ENTRE SICILE ET TUNISIE d’HUGUETTE SENIA-BADEAU


A Marseille où elle réside depuis, elle a accompli une carrière d’enseignante consacrée aux élèves en difficulté scolaire et aux enfants sourds. Plus tard, le hasard l’impliqua dans des travaux de traduction au cours desquels elle pris goût à l’écriture et développa, à travers la vie de ses ascendants, l’histoire des immigrés siciliens en Tunisie durant la première moitié du vingtième siècle.

A partir de l’immigration de ses grands-parents, Huguette Senia-Badeau raconte la vie des Siciliens en Tunisie dans la première moitié du vingtième siècle, leur combat pour s’intégrer dans le brassage ethnique qui s’imposait à eux et l’acharnement pour certains à vouloir devenir Français tout en protégeant leurs racines.
Le récit immerge le lecteur dans la médina de Tunis des années cinquante où l’auteur a grandi et se poursuit par un retour sur l’enfance de ses parents. La traversée de la deuxième guerre mondiale y est contée à travers le regard de ceux qui l’ont vécue et souligne les souffrances du quotidien.
L’auteur développe ensuite avec une spontanéité d’enfant ses propres souvenirs aux accents de folklore tunisien. L’histoire s’achève en 1957 avec les premières vagues d’émigration des Pieds Noirs vers la France. Le style fait appel aux sens et évoque une atmosphère.
« Entre Sicile et Tunisie’ s’adresse à ceux qui ont connu la Tunisie et vécu l’exil, mais aussi aux curieux et aux jeunes générations pour qui il sera la découverte d’un passé récent riche de traditions.L’auteur Huguette Senia-Badeau a vécu jusqu’à l’âge de dix ans à Tunis dans le carrefour de cultures d’après guerre.

La vie Culturelle à Tunis, de Daniel PASSALACQUA

sur la vie culturelle à Tunis au 19ème siècle et dans le premier tiers du 20ème siècle traduit de l’italien par Daniel PASSALACQUA (lc1947 sc.ex)

Bab el B’har, ou Porte de la Mer, aujourd’hui dénommée également Porte de France, en était la limite à l’est, et s’ouvrait presque directement sur le Bahira ou Lac de Tunis; elle permettait l’accès de la ville aux marchandises et aux voyageurs qui, débarqués à La Goulette, traversaient le lac sur des barcasses qui accostaient au mole qui se trouvait sur le site de l’Ambassade de France actuelle, devant le cimetière chrétien de Saint Antoine hors des murs (créé au 17ème siècle sur un terrain offert par le Bey mouradite Hamouda Bacha, et déplacé en 1892 au Cimetière de Bab El Khadra, pour permettre de construire la Cathédrale actuelle).

Les communautés européennes chrétiennes ou juives livournaises s’étaient établies dans la zone franche qui s’étendait le long des murs, des deux cotés de la Porte de la Mer, dans les rues Sidi Bou Mendil, de la Commission, des Glacières, en pénétrant dans la Médina sur quelques centaines de mètres dans les rues Zarkoun, de la Kasbah, Jemaa ez-Zitouna (où se trouvait depuis le 17ème siècle l’Eglise de Sainte Croix), jusqu’aux rues transversales El Karamed, Sidi el Mourjani, des Teinturiers à son embouchure vers Bab Jedid, et dans le quartier de Sidi el Benna (où se trouvait l’Eglise Sainte Lucie), plus particulièrement pour ce qui concerne ceux qui appartenaient à la classe ouvrière, petits artisans ou boutiquiers.

Au début du 19ème siècle, une collectivité italienne d’entité non négligeable résidait dans la zone franche, collectivité rapidement renforcée par l’arrivée de dizaines de familles de juifs livournais qui commencèrent à affluer à partir de 1815, en apportant avec eux, et de manière déterminante, les usages et les coutumes des sociétés européennes les plus évoluées, ainsi qu’un bagage culturel précieux. J’ai lu qu’il existait des salons littéraires, des salons où l’on faisait de la musique, qui rendaient agréables les soirées des familles bourgeoises, mais aussi d’initiatives pour distraire les personnes plus modestes. Aux initiatives privées succéda bien vite, en 1826, la première structure destinée à accueillir le public, quand ouvrit ses portes le Théâtre Tapia à la Rue Zarkoun, créé par la famille de même nom.

Ce n’était guère plus qu’une grande pièce, d’une capacité de 300 personnes environ, qui accueillait des spectacles lyriques avec des chanteurs venus d’Italie pour la circonstance, qui s’installaient à Tunis pour la « saison », mais aussi de concerts de diverse nature. Il était probable qu’on y donnait des pièces de théâtre également. Pour l’opéra et les concerts, les chœurs et l’orchestre étaient stables et composés donc de membres de la communauté italienne Les effectifs de l’orchestre étaient réduits à la plus simple expression, (j’ai lu qu’il pouvait s’agir de 15 à 18 musiciens), qui suffisaient de toute manière à rendre heureux les spectateurs qui accouraient de manière assidue et qui, avec leur compétence, confirmaient les qualités vocales ou musicales de nombreux débutants ou en compromettaient de manière définitive la future carrière.

Bien que l’information ne provienne pas d’une source indiscutable, il paraîtrait que Enrico Caruso, alors tout à fait au début de sa carrière, est venu interpréter le rôle de Turiddu dans la « Cavalleria Rusticana » de Mascagni, et que cet événement ait été jalousement gardé dans la mémoire de ceux qui eurent le privilège d’assister à ces représentations.

Pour les besoins de la chronique, je voudrais citer ce que me racontait ma grand-mère maternelle, née en 1879 à Tunis dans le Palais Gnecco à la Rue de la Commission, à savoir l’élégance du public qui accourait au Théâtre Tapia. Elle me racontait avec moult détails comment elle s’y rendait en famille, accompagnée par des domestiques qui ouvraient le chemin en l’éclairant de leurs lanternes: sa mère et ses sœurs (comme toutes les autres dames et demoiselles) chaussaient de hauts sabots dits « trampoli », pour ne pas souiller les escarpins de satin qu’elles portaient à la main, dans un petit sac, en marchant avec difficulté sur les pavés souvent irréguliers des rues et ruelles qui menaient au Théâtre.

Ce théâtre vécut jusqu’aux dernières années du 19ème siècle, c’est à dire jusqu’à ce qu’apparurent des structures plus adaptées au but à atteindre, aussi bien à l’intérieur de l’enceinte de la Médina, qu’à l’extérieur, dans la ville qui naissait sur des terrains bonifiés, récupérés sur le Lac Bahira.

**A partir de 1826 jusqu’aux premières années qui ont suivi l’instauration du protectorat français, la vie culturelle avait une spécificité plus particulièrement italienne et, en témoignage de sa vitalité, il faut citer les
divers théâtres qui existaient à l’intérieur de la Médina (même s’ils étaient moins importants que le Théâtre Tapia), comme le « Théâtre Italien » de la Rue Zahmoul (disparu en 1919/1920), destiné à la prose, ou celui de la Rue Sidi El Benna, dans la quartier de Bab Jedid (disparu en 1940/1941), installé dans un quartier à forte densité sicilienne, destiné surtout à la prose en dialecte ou à l’ « Opera dei Pupi » (ou Théâtre des Marionnettes siciliennes), dont je garde un souvenir de tout jeune enfant. D’autres lieux existaient mais les identifier et en documenter l’activité avec certitude nécessiterait une recherche approfondie, qui ne rentre pas dans mes possibilités présentes. Je citerai quand même le « Grand Théâtre » de la Rue Al Jazira, créé en 1876 dans les locaux offerts par le Bey à la collectivité italienne, destiné à la musique symphonique, disparu avant 1899, et le « Nouveau Théâtre » ou Théâtre Cohen, crée en 1875, consacré lui aussi à la musique classique.

J’ai parlé ci-dessus de vie culturelle plus particulièrement italienne parce que l’écrasante majorité des européens qui vivaient alors à Tunis étaient d’origine italienne. Après 1881 Tunis est devenue de plus en plus cosmopolite et, si l’identité culturelle italienne continua à exister, elle ne devint qu’une importante composante de la vie de la ville.

Cette importance est témoignée par d’innombrables éléments, que je pourrais citer d’une manière plutôt sommaire, mais dont la connaissance devrait être approfondie.

Après 1881 la ville commençait à s’étendre en dehors des murs, et plus particulièrement vers l’est, sur des terrains marécageux, au fur et à mesure de leur assèchement, et c’est ainsi qu’apparurent les rues Hamilcar, Charles de Gaulle (naguère d’Italie), Gamal Abdelnasser (naguère Es-Sadikia), de Hollande, de Grèce, de Carthage, vers le sud, de Rome, d’Alger, Bach Hamba (naguère Saint Charles), de Paris, vers le nord, mais surtout l’Avenue de France et l’Avenue Habib Bourguiba (d’abord baptisée « de la Marine », puis « Jules Ferry »). Ces rues et avenues portent toujours les traces précieuses de l’œuvre d’architectes, souvent italiens, et d’entreprises et ouvriers italiens.

Pendant cette période, la population connaissait un développement rapide et important, dont je donnerai quelques indications chiffrées en marge; cet accroissement, qui voyait la communauté italienne atteindre environ 50.000 habitants en 1899, était à l’origine d’une grande effervescence dans tous les domaines et d’un développement exceptionnel de l’activité culturelle.

En 1882 était crée le théâtre de plein air italien appelé « Arena Politeama » à la Rue de Belgique, qui a toujours été très fréquenté à chaque saison, pendant toute la durée de son existence. Presque en même temps était crée à la Rue M’hamed Ali (naguère de Constantine, parallèle de l’Avenue de France, qui reliait la Rue des Maltais à la Rue de Rome) le Théâtre Cohen-Tanuji, à l’initiative d’une famille de juifs tunisiens fortement italianisés, très raffinés et cultivés, où furent donnés pendant de longues décades des spectacles en prose et musicaux de nette influence italienne, et qui fut fréquenté avec assiduité par notre collectivité.

En 1885 ouvrit ses portes le « Teatro Paradiso » (ou Théâtre Paradis) au 3, Avenue de France, dédié à l’art lyrique, à la musique symphonique et aux concerts, et également à la prose. Il est possible aujourd’hui encore d’admirer sa façade élégante, bien qu’elle soit en partie masquée par les arbres, alors que son foyer et les escaliers frappaient jusqu’aux années 1952/53 par leur beauté et la richesse des marbres et des fers forgés artistiques. Malencontreusement, la banque qui était devenue propriétaire de l’immeuble, fit alors recouvrir ces splendeurs par des structures en béton, froides et anonymes, pour une très discutable modernisation.

Trois grands évènements suivirent, de 1902 à 1906, avec l’inauguration d’abord du Théâtre Municipal, qui existe toujours dans sa forme définitive de 1912, puis en 1903 du Théâtre Rossini, tous deux situés Avenue Jules Ferry, enfin en 1906 du Théâtre du Palmarium à l’Avenue de Carthage.

Le Théâtre Municipal, projeté par l’architecte français Resplandy et construit par une entreprise italienne, a été remodelé et agrandi en 1904 et en 1912 et a tout de suite constitué la réalisation dont la Commune de Tunis s’enorgueillissait. Sa naissance et sa vie depuis 1902 jusqu’à nos jours ont été racontés par Fatma Ben Becheur dans un livre splendide édité en 1999. Il a été jumelé pendant de longues années avec l’Opéra de Paris, et a ainsi bénéficié du concours des meilleurs chanteurs du moment, qui venaient à Tunis pour un cycle de représentations ou pour toute une saison, en trouvant sur place des chefs d’orchestre, des orchestres et des masses chorales stables et de qualité.

Si je me fie aux souvenirs acquis grâce à ce que me racontaient ma grand-mère maternelle ou mes parents (tous trois épris de musique en général et d’opéra en particulier), le Rossini était un théâtre splendide et tout
à fait fonctionnel, même si la gestion privée des propriétaires et impresarios, Trionfo et Palomba, ne
permettait pas toujours de concurrencer le niveau des réalisations du Théâtre Municipal, qui bénéficiait de contributions communales. Le chef d’orchestre et les chanteurs venus d’Italie pour toute une saison, étaient généralement de bon niveau, alors que l’orchestre et les choristes étaient recrutés sur place. On m’a parlé de représentations mémorables et exaltantes. Vers la fin des années 20, Trionfo et Palomba durent cesser leur activité à cause de son poids économique trop important, et ainsi disparut un théâtre dont la collectivité était fière. Le grand magasin de meubles Boyoud s’installa alors dans ses murs jusqu’en 1959/1960, pour céder la place au cinéma Le Palace.

On peut sourire en apprenant qu’au Théâtre Rossini tout le répertoire français était chanté en italien, alors qu’au Théâtre Municipal tout le répertoire italien était chanté en français, et il en a été ainsi jusqu’en 1952/53.

Le Théâtre du Palmarium constituait la structure centrale dans le carré composé du Théâtre Municipal, du Grand Café du Casino et du grand hôtel international Tunisia Palace, dont les bâtiments communiquaient tous entre eux. Il appartenait lui aussi à la Municipalité de Tunis et était destiné principalement à la revue, au cabaret, à l’opérette, au cinéma, mais il avait également en annexe un casino, au cours du premier quart du 20ème siècle. Il a été détruit par les bombardements de février 1943, il a été reconstruit en 1947 pour être consacré presque exclusivement au cinéma. Il a été démoli dans les années 90, ainsi que le Tunisia Palace, pour construire le complexe commercial actuel.

La contribution que la communauté italienne a donnée au bon fonctionnement de ces trois établissements est tout à fait remarquable, car l’effectif des trois orchestres (plus de 150 musiciens) était composé de manière très majoritaire de musiciens professionnels italiens; de nationalité italienne étaient également presque tous les choristes, les machinistes, les électriciens!!..

On ne peut pas négliger le rôle fondamental joué par des artistes italiens pour la formation technique et l’affirmation artistique d’une foule de jeunes. Parmi des dizaines de noms, je citerai pour les premières trente années du 20ème siècle Monsieur Strino, violoniste talentueux, qui enseigna le violon et le chant, Monsieur Pullicino, Monsieur Salvatore Venezia, trompettiste virtuose et enseignant inflexible, qui forma entre autres pratiquement tous les membres de sa famille, de son fils Giuseppe (appelé affectueusement Jou-Jou, pour évoquer le fait qu’il avait à toute heure de la journée son violon sous le menton, et qu’il arpentait son appartement en faisant des gammes), aux neveux Jean Sant, violoniste élégant d’une grande musicalité généreuse et frémissante, et Guglielmo Gurrisi, flûtiste expressif et subtil (à lui également on avait affublé un surnom amusant, Frin-Fri, car tout comme son cousin Giuseppe, il avait à tout moment sa flûte aux lèvres). Je ne voudrais pas oublier parmi les très nombreux autres élèves de Salvatore Venezia un violoniste très raffiné et un peu précieux, Armand « Sarino » De Carlo, dont le père, un des plus grands tailleurs de Tunis avec mon grand-père maternel Domenico Cellura (son vis-à-vis au 4, Rue d’Alger), avait en vain essayé de contrecarrer sa vocation pour en faire un bon tailleur, et mon propre oncle Angelo Cellura.

Giuseppe Venezia a été pendant de longues années premier violon dans l’orchestre de Santa Cecilia à Rome, puis est revenu à Tunis dans les années 70, en devenant kappelmeister de l’orchestre de la Ville de Tunis. Sant, Gurrisi, De Carlo (e Boccanera, facétieux bassoniste, et bien d’autres) ont constitué l’ossature du grand orchestre symphonique de Tunis, reconstitué par Luis Gava en 1946, puis, après sa dissolution en 1957/58, de l’orchestre du Centre Culturel International, voulu par Cecil Hourani, créé par Anis Fulheian, qui a cessé son activité en 1969.

Après la disparition du Théâtre Rossini, de toute manière, la vie culturelle italienne dans le domaine musical se confond et se fond avec celle de tous les autres strates de la population cosmopolite de Tunis, avec sans doute une empreinte plus particulièrement française. La période allant de 1947, c’est à dire de la date de pleine reprise de l’activité musicale, opéristique, concertiste et chambriste, à nos jours pourrait probablement et utilement faire l’objet d’une publication ultérieure.

On ne peut pas taire, pendant ce long laps de temps, la dense activité de la « Dante Alighieri », créée en 1893, qui, en plus de l’œuvre infatigable accomplie pour maintenir l’italianité de la communauté qui résidait en Tunisie, pour lui consentir notamment de développer la connaissance de la littérature italienne, a eu un rôle considérable pour la diffusion et l’approfondissement de la culture musicale, en organisant des concerts aussi bien dans son siège primitif de la Rue Zarkoun, puis dans le nouveau et prestigieux siège bâti dans les années 1933/34 à la Rue Thiers (aujourd’hui Rue Ibn Khaldoun – ce siège fut mis sous séquestre en 1943 par les Autorités du Protectorat et attribué à l’Alliance Française, pour devenir après 1956 la Maison de la Culture Ibn Khaldoun). Le Conservatoire de Musique que la Dante Alighieri créa fut d’abord dirigé de manière remarquable par Madame Coen, venue expressément de Rome dans ce but, alors que son dernier directeur a été le Maestro Tito Aprea, qui fit une carrière prestigieuse après sont retour en Italie en 1943.
Ce Conservatoire a été fréquenté par de nombreux élèves non seulement italiens mais également appartenant aux Collectivités française et juive tunisienne, ce qui a permis à des enseignants souvent talentueux de former de très nombreux musiciens, dont plusieurs devinrent des professionnels très appréciés.

Il est évident qu’au cours des deux siècles écoulés la collectivité italienne a donné vie à une intense activité dans le domaine de la prose, avec la présence à certains moments de nombreuses compagnies d’acteurs amateurs enthousiastes, mais également grâce aux troupes venues d’Italie. Après 1939 ce fut le silence; vers 1950/51 reprit l’activité des compagnies d’amateurs, puis dans les années 1953/54 il y eut une timide reprise des tournées, mais elle ne fut pas durable. Je ne suis toutefois pas la personne la plus qualifiée pour parler de prose, et je serai heureux si d’autres que moi se proposaient d’explorer ce domaine très important dans la vie de notre collectivité. En ce qui concerne l’école, c’est là un domaine très vaste, qui est traité séparément par des spécialistes.

Les indications fournies ci-dessus sont certainement pleines de lacunes et insuffisamment précises. C’est pourquoi je les ai qualifiées de sommaires; elles ont surtout pour but de constituer les prémices à un travail collectif beaucoup plus approfondi.

Pour compléter le panorama des possibilités culturelles offertes à Tunis naguère, je crois nécessaire de citer quelques autres théâtres qui eurent une vie plus ou moins heureuse et durable :

– le “Théâtre Français” situé 68, Avenue Jules Ferry, crée en 1882, destiné à la prose
– le “Petit Théâtre” de Douchet Avenue Jules Ferry, qui vécut de 1898 à 1902, destiné à la prose
française
– le “Théâtre Tunisien”, situé 39, Avenue Jules Ferry, créé en 1901, destiné à la prose
– le “Café Théâtre Egyptien”, situé 38, Avenue Jules Ferry, créé en 1900, destiné à la prose en
langue arabe
– le“Café Théâtre de la Monnaie”, créé en 1890, disparu en 1914
– le “Teatro Italiano” de la Rue de Turquie, dit « Circolo artistico », contigu au journal L’Unione,
créé avant 1900, disparu en 1943, destiné à la prose et aux varietés
– le “Théâtre de plein air » de l’Avenue Jules Ferry, sur le site actuel du Ministère de l’Intérieur,
destiné à des spectacles de varieté mais aussi à des match de catch
– le “Théâtre de plein air » du Passage, créé en 1908, disparu aux environs de 1930
– le “Théâtre” de l’Avenue Lucien Saint (aujourd’hui du Ghana), disparu dans les années 20
– le “Théâtre Mondial”, situé Rue Thiers (aujourd’hui Ibn Khaldoun), créé en 1910, destiné à la
prose et aux varietée, transformé en 1934/35 en cinéma , toujours existant
– le “Théâtre du Casino’ de Hammam-Lif”, créé en 1898, destiné à la prose et varietés, disparu
dans les années 40
– le “Théâtre de Khereddine”, créé en 1899, destiné à des spectacles lyriques (avec un orchestre de 6/7
musiciens !!!…) ou de varieté, très frequenté du mois de juin au mois de septembre par une clientèle
très élégante qui dînait au champagne après le spectacle dans le très renommé restaurant, disparu
dans les années 1914/15. En 1905, le dîner très raffiné, digne des meilleurs restaurants parisiens (sic)
coutait 5 francs !!..

Additif – Données démographiques sommaires, communiquées pour donner quelques bases utiles à la reflexion :

– Au début du 19ème siècle,environ 1.500 italiens residaient de manière permanente à Tunis, à l’interieur
de la Médina, alors que les français étaient une centaine (même si parfois c’était des sujets de Royaumes
ou Granduchés italiens, au service des Chambres de Commerce ou des Comptoirs français,
devenus citoyens français après 1789: c’était le cas des gênois Gandolfo, envoyés à Tunis vers 1650
comme représentants de la Répu blique de Gênes devenus citoyens français, en transformant leur nom en
Galdolphe, lorsque Napoleon Bonaparte reunit Gênes et le Piemont à la France; un dernier membre de
cette famille vit toujours à Tunis). Au cours du 19ème siècle, leur nombre est allé croissant régulièrement,
pour connaître une très forte augmentation avec l’émigration provenant du sud à partir de 1870.

– En 1880, la ville de Tunis semble avoir compté entre 40 et 50 mille habitants, parmi lesquels les italiens
étaient au moins 4 mille et les français quelques centaines. Après 1881avec l’expansion de la ville hors
des murs, la population a connu une augmentation rapide et importante.

– Le recensement de 1906 donne les chiffres suivants, spectaculaires:
– population globale du pays = 1.900.000 habitants, dont 1.703.142 tunisiens musulmans, 64.170 juifs
tunisiens, 81.156 italiens, 36.610 français, 10.330 maltais, ainsi que des grecs, des espagnols, etc. etc.
– population de Tunis et alentours = 400.024 habitants, dont 52.076 italiens, 18.626 français , 5.000
maltais.

Qui pourrait imaginer aujourd’hui, à l’aube du 21ème siècle, l’intensité de la vie culturelle que connaissait la communauté européenne de Tunis, surtout italienne, il y a 110 – 120 ans, alors que la ville était presque entièrement enserrée à l’intérieur de ses murailles.

extrait du volume « Memoria della Collettività Italiana »

1956.1957, La bande des « Bagnards » devant le lycée Carnot


Cette photo des « bagnards » en meilleure résolution est la propriété de Michel Khayat qui est notre « président d’honneur ». J’ai oublié de mentionner la présence de Roger Haddad (que nous recherchons toujours) et de signaler que c’est grâce aux encouragements de ma fille Astrid que j’ai pu retrouver mes anciens camarades.
Tous ceux qui figurent sur la photo n’étaient pas de Carnot mais aussi de Sadiki.
Nous étions toute une bande d’adolescents heureux de vivre en Tunisie et en mélangant nos différences qui en ont fait une fraternité. Nous avions appelé notre bande, « les bagnards de la cellule 7 » d’après un petit groupe de jazz que nous aimions et qui n’a fait qu’un seul disque dans sa carrière !! mais quel disque ! nous avons réusi à le retrouver et à l’acheter sur E bay.

Malheureusement de ce groupe d’amis sinon de frères, deux sont morts, six d’entre nous ont réussi à se retrouver 45 ans après. Nous croyons savoir où se trouve deux autres ; mais comment les contacter ? Un d’entre nous est à Dubai et se partage avec sa Tunisie natale, c’est « le commandant de bord » ex Tunis-air spécialiste d’entrainement Airbus : Samir Tabib (son père était un grand Monsieur et ancier officier de St Cyr, premier chef d’état major de l’armée tunisienne, si je ne me trompe). Un second Tommy Fitoussi se partage entre Tel- Aviv et Paris, où est établi son frère. Michel Khayat vit à Paris, Erick Franco vit à Villeneuve-Loubet (Cannes) a deux enfants, une superbe fille Angélique mariée et un fils Jean (auteur et acteur) qui rencontre un brillant succès actuellement à Paris (avec Marthe Villalonga), Yves et sa femme Nicole qui faisaient également partie des Bagnards, vivent à Marseille et font des concours de Bridge et moi dans le Loir et Cher après une vie de grand voyageur.
En nous retrouvant, nous étions persuadé que le temps s’était arrêté!! Il en manque : Roger Pons par exemple ?? La photo est de 1957 nous étions en classe de seconde pour certains. Comme dit une chanson célèbre, si tous les gars du monde voulaient se donner la main……..
J’essaierai d’avoir une meilleure résolution pour la photo.
Cordialement.Philippe Duval: « La photo a été prise devant le lycée mais le miracle, c’est de nous être retrouvés 45 ans après presque tous et toujours frères chrétiens, juifs et musulmans.

Un ancien de Carnot à l’honneur !

Jean-Paul Costa est né en 1941 à Tunis. Il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, de la Faculté de Droit de Paris, et de l’Ecole nationale d’administration.
Le président de la Cour est élu au scrutin secret par les 46 juges de la Cour et peut être réélu. La Cour européenne des Droits de l’Homme a été créée à Strasbourg par les Etats membres du Conseil de l’Europe en 1959 pour connaître des allégations de violation de la Convention européenne des Droits de l’Homme de 1950. La Cour européenne des Droits de l’Homme a élu le 30 novembre 2006, son nouveau président, Jean-Paul COSTA (lc 1951.1957/1ère), pour un mandat de trois ans qui commencera le 19 janvier 2007.

BOESCH MARGUERITE

Moi-meme, j’étais élève au petit lycée Jules Ferry, au lycée Armand Fallières puis à Alger au lycée Delacroix.
En 1946, mon père a été nommé à Paris, au lycée Charlemagne, et moi j’ai commencé mes études d’allemand à la Sorbonne.
J’ai enseigné dans différents lycées de France. En 1957, je suis retourné à Tunis comme professeur d’allemand au lycée Armand Fallières(jusqu’en 1963)où j’avais été élève.
Puis de 1963 à 1968 au lycée français de la Marsa et à partir du 1er octobre 1968, j’ai été nommé au Lycée Carnot jusqu’en 1976.
Comme beaucoup de collègues rappelés en France, j’ai terminé ma carrière dans un lycée en France, pour moi c’était le lycée Kléber de Strasbourg.
Vous voyez que j’ai des liens très forts avec le lycée Carnot !
J’ai maintenant 80 ans et ne me déplace plus guère. Mais je serai ravie de recevoir l’annuaire 2006.2007.
Bien amicalement Marguerite Boesch
A vous ses anciens élèves, je vous propose de faire une chaine de l’amitié autour de Mme Boesch, soit en lui écrivant par notre intermédiaire – alct@free.fr -, soit en l’appelant au 03 88 35 49 98
Lina
le 29 mars 2009
Marguerite Boesch est décédée lundi 23 mars 2009.
Marguerite Boesch, prof d’allemand au lycée Carnot – de 1968 à 1976 – nous écrit et adhère à l’ALCT : J’ai bien reçu votre dernière lettre d’information. Je n’ai jamais été élève au lycée Carnot, mais mon père, Georges Boesch, agrégé d’allemand y a enseigné de 1921 à 1943, avant d’etre nommé à Alger.