LA MUSIQUE POPULAIRE TUNISIENNE


jeudi 13 décembre à 18 heures précises

Dans la salle du Ministère de l’Agriculture (entrée principale 3-5 rue Barbet de Jouy, Paris 7ème, métro Varenne).

Les amis et sympathisants de France-Tunisie seront également les bienvenus.

A l’issue de la conférence, vers 20 heures, un apéritif réunira ceux qui le souhaiteront à la cafétéria, au même endroit, moyennant une participation de 15 euros par personne
L’Association FRANCE-TUNISIE vous invite à la conférence donnée par René Assous, intitulée : « La Musique Populaire Tunisienne », conférence illustrée par des extraits musicaux.

La vie Culturelle à Tunis, de Daniel PASSALACQUA

sur la vie culturelle à Tunis au 19ème siècle et dans le premier tiers du 20ème siècle traduit de l’italien par Daniel PASSALACQUA (lc1947 sc.ex)

Bab el B’har, ou Porte de la Mer, aujourd’hui dénommée également Porte de France, en était la limite à l’est, et s’ouvrait presque directement sur le Bahira ou Lac de Tunis; elle permettait l’accès de la ville aux marchandises et aux voyageurs qui, débarqués à La Goulette, traversaient le lac sur des barcasses qui accostaient au mole qui se trouvait sur le site de l’Ambassade de France actuelle, devant le cimetière chrétien de Saint Antoine hors des murs (créé au 17ème siècle sur un terrain offert par le Bey mouradite Hamouda Bacha, et déplacé en 1892 au Cimetière de Bab El Khadra, pour permettre de construire la Cathédrale actuelle).

Les communautés européennes chrétiennes ou juives livournaises s’étaient établies dans la zone franche qui s’étendait le long des murs, des deux cotés de la Porte de la Mer, dans les rues Sidi Bou Mendil, de la Commission, des Glacières, en pénétrant dans la Médina sur quelques centaines de mètres dans les rues Zarkoun, de la Kasbah, Jemaa ez-Zitouna (où se trouvait depuis le 17ème siècle l’Eglise de Sainte Croix), jusqu’aux rues transversales El Karamed, Sidi el Mourjani, des Teinturiers à son embouchure vers Bab Jedid, et dans le quartier de Sidi el Benna (où se trouvait l’Eglise Sainte Lucie), plus particulièrement pour ce qui concerne ceux qui appartenaient à la classe ouvrière, petits artisans ou boutiquiers.

Au début du 19ème siècle, une collectivité italienne d’entité non négligeable résidait dans la zone franche, collectivité rapidement renforcée par l’arrivée de dizaines de familles de juifs livournais qui commencèrent à affluer à partir de 1815, en apportant avec eux, et de manière déterminante, les usages et les coutumes des sociétés européennes les plus évoluées, ainsi qu’un bagage culturel précieux. J’ai lu qu’il existait des salons littéraires, des salons où l’on faisait de la musique, qui rendaient agréables les soirées des familles bourgeoises, mais aussi d’initiatives pour distraire les personnes plus modestes. Aux initiatives privées succéda bien vite, en 1826, la première structure destinée à accueillir le public, quand ouvrit ses portes le Théâtre Tapia à la Rue Zarkoun, créé par la famille de même nom.

Ce n’était guère plus qu’une grande pièce, d’une capacité de 300 personnes environ, qui accueillait des spectacles lyriques avec des chanteurs venus d’Italie pour la circonstance, qui s’installaient à Tunis pour la « saison », mais aussi de concerts de diverse nature. Il était probable qu’on y donnait des pièces de théâtre également. Pour l’opéra et les concerts, les chœurs et l’orchestre étaient stables et composés donc de membres de la communauté italienne Les effectifs de l’orchestre étaient réduits à la plus simple expression, (j’ai lu qu’il pouvait s’agir de 15 à 18 musiciens), qui suffisaient de toute manière à rendre heureux les spectateurs qui accouraient de manière assidue et qui, avec leur compétence, confirmaient les qualités vocales ou musicales de nombreux débutants ou en compromettaient de manière définitive la future carrière.

Bien que l’information ne provienne pas d’une source indiscutable, il paraîtrait que Enrico Caruso, alors tout à fait au début de sa carrière, est venu interpréter le rôle de Turiddu dans la « Cavalleria Rusticana » de Mascagni, et que cet événement ait été jalousement gardé dans la mémoire de ceux qui eurent le privilège d’assister à ces représentations.

Pour les besoins de la chronique, je voudrais citer ce que me racontait ma grand-mère maternelle, née en 1879 à Tunis dans le Palais Gnecco à la Rue de la Commission, à savoir l’élégance du public qui accourait au Théâtre Tapia. Elle me racontait avec moult détails comment elle s’y rendait en famille, accompagnée par des domestiques qui ouvraient le chemin en l’éclairant de leurs lanternes: sa mère et ses sœurs (comme toutes les autres dames et demoiselles) chaussaient de hauts sabots dits « trampoli », pour ne pas souiller les escarpins de satin qu’elles portaient à la main, dans un petit sac, en marchant avec difficulté sur les pavés souvent irréguliers des rues et ruelles qui menaient au Théâtre.

Ce théâtre vécut jusqu’aux dernières années du 19ème siècle, c’est à dire jusqu’à ce qu’apparurent des structures plus adaptées au but à atteindre, aussi bien à l’intérieur de l’enceinte de la Médina, qu’à l’extérieur, dans la ville qui naissait sur des terrains bonifiés, récupérés sur le Lac Bahira.

**A partir de 1826 jusqu’aux premières années qui ont suivi l’instauration du protectorat français, la vie culturelle avait une spécificité plus particulièrement italienne et, en témoignage de sa vitalité, il faut citer les
divers théâtres qui existaient à l’intérieur de la Médina (même s’ils étaient moins importants que le Théâtre Tapia), comme le « Théâtre Italien » de la Rue Zahmoul (disparu en 1919/1920), destiné à la prose, ou celui de la Rue Sidi El Benna, dans la quartier de Bab Jedid (disparu en 1940/1941), installé dans un quartier à forte densité sicilienne, destiné surtout à la prose en dialecte ou à l’ « Opera dei Pupi » (ou Théâtre des Marionnettes siciliennes), dont je garde un souvenir de tout jeune enfant. D’autres lieux existaient mais les identifier et en documenter l’activité avec certitude nécessiterait une recherche approfondie, qui ne rentre pas dans mes possibilités présentes. Je citerai quand même le « Grand Théâtre » de la Rue Al Jazira, créé en 1876 dans les locaux offerts par le Bey à la collectivité italienne, destiné à la musique symphonique, disparu avant 1899, et le « Nouveau Théâtre » ou Théâtre Cohen, crée en 1875, consacré lui aussi à la musique classique.

J’ai parlé ci-dessus de vie culturelle plus particulièrement italienne parce que l’écrasante majorité des européens qui vivaient alors à Tunis étaient d’origine italienne. Après 1881 Tunis est devenue de plus en plus cosmopolite et, si l’identité culturelle italienne continua à exister, elle ne devint qu’une importante composante de la vie de la ville.

Cette importance est témoignée par d’innombrables éléments, que je pourrais citer d’une manière plutôt sommaire, mais dont la connaissance devrait être approfondie.

Après 1881 la ville commençait à s’étendre en dehors des murs, et plus particulièrement vers l’est, sur des terrains marécageux, au fur et à mesure de leur assèchement, et c’est ainsi qu’apparurent les rues Hamilcar, Charles de Gaulle (naguère d’Italie), Gamal Abdelnasser (naguère Es-Sadikia), de Hollande, de Grèce, de Carthage, vers le sud, de Rome, d’Alger, Bach Hamba (naguère Saint Charles), de Paris, vers le nord, mais surtout l’Avenue de France et l’Avenue Habib Bourguiba (d’abord baptisée « de la Marine », puis « Jules Ferry »). Ces rues et avenues portent toujours les traces précieuses de l’œuvre d’architectes, souvent italiens, et d’entreprises et ouvriers italiens.

Pendant cette période, la population connaissait un développement rapide et important, dont je donnerai quelques indications chiffrées en marge; cet accroissement, qui voyait la communauté italienne atteindre environ 50.000 habitants en 1899, était à l’origine d’une grande effervescence dans tous les domaines et d’un développement exceptionnel de l’activité culturelle.

En 1882 était crée le théâtre de plein air italien appelé « Arena Politeama » à la Rue de Belgique, qui a toujours été très fréquenté à chaque saison, pendant toute la durée de son existence. Presque en même temps était crée à la Rue M’hamed Ali (naguère de Constantine, parallèle de l’Avenue de France, qui reliait la Rue des Maltais à la Rue de Rome) le Théâtre Cohen-Tanuji, à l’initiative d’une famille de juifs tunisiens fortement italianisés, très raffinés et cultivés, où furent donnés pendant de longues décades des spectacles en prose et musicaux de nette influence italienne, et qui fut fréquenté avec assiduité par notre collectivité.

En 1885 ouvrit ses portes le « Teatro Paradiso » (ou Théâtre Paradis) au 3, Avenue de France, dédié à l’art lyrique, à la musique symphonique et aux concerts, et également à la prose. Il est possible aujourd’hui encore d’admirer sa façade élégante, bien qu’elle soit en partie masquée par les arbres, alors que son foyer et les escaliers frappaient jusqu’aux années 1952/53 par leur beauté et la richesse des marbres et des fers forgés artistiques. Malencontreusement, la banque qui était devenue propriétaire de l’immeuble, fit alors recouvrir ces splendeurs par des structures en béton, froides et anonymes, pour une très discutable modernisation.

Trois grands évènements suivirent, de 1902 à 1906, avec l’inauguration d’abord du Théâtre Municipal, qui existe toujours dans sa forme définitive de 1912, puis en 1903 du Théâtre Rossini, tous deux situés Avenue Jules Ferry, enfin en 1906 du Théâtre du Palmarium à l’Avenue de Carthage.

Le Théâtre Municipal, projeté par l’architecte français Resplandy et construit par une entreprise italienne, a été remodelé et agrandi en 1904 et en 1912 et a tout de suite constitué la réalisation dont la Commune de Tunis s’enorgueillissait. Sa naissance et sa vie depuis 1902 jusqu’à nos jours ont été racontés par Fatma Ben Becheur dans un livre splendide édité en 1999. Il a été jumelé pendant de longues années avec l’Opéra de Paris, et a ainsi bénéficié du concours des meilleurs chanteurs du moment, qui venaient à Tunis pour un cycle de représentations ou pour toute une saison, en trouvant sur place des chefs d’orchestre, des orchestres et des masses chorales stables et de qualité.

Si je me fie aux souvenirs acquis grâce à ce que me racontaient ma grand-mère maternelle ou mes parents (tous trois épris de musique en général et d’opéra en particulier), le Rossini était un théâtre splendide et tout
à fait fonctionnel, même si la gestion privée des propriétaires et impresarios, Trionfo et Palomba, ne
permettait pas toujours de concurrencer le niveau des réalisations du Théâtre Municipal, qui bénéficiait de contributions communales. Le chef d’orchestre et les chanteurs venus d’Italie pour toute une saison, étaient généralement de bon niveau, alors que l’orchestre et les choristes étaient recrutés sur place. On m’a parlé de représentations mémorables et exaltantes. Vers la fin des années 20, Trionfo et Palomba durent cesser leur activité à cause de son poids économique trop important, et ainsi disparut un théâtre dont la collectivité était fière. Le grand magasin de meubles Boyoud s’installa alors dans ses murs jusqu’en 1959/1960, pour céder la place au cinéma Le Palace.

On peut sourire en apprenant qu’au Théâtre Rossini tout le répertoire français était chanté en italien, alors qu’au Théâtre Municipal tout le répertoire italien était chanté en français, et il en a été ainsi jusqu’en 1952/53.

Le Théâtre du Palmarium constituait la structure centrale dans le carré composé du Théâtre Municipal, du Grand Café du Casino et du grand hôtel international Tunisia Palace, dont les bâtiments communiquaient tous entre eux. Il appartenait lui aussi à la Municipalité de Tunis et était destiné principalement à la revue, au cabaret, à l’opérette, au cinéma, mais il avait également en annexe un casino, au cours du premier quart du 20ème siècle. Il a été détruit par les bombardements de février 1943, il a été reconstruit en 1947 pour être consacré presque exclusivement au cinéma. Il a été démoli dans les années 90, ainsi que le Tunisia Palace, pour construire le complexe commercial actuel.

La contribution que la communauté italienne a donnée au bon fonctionnement de ces trois établissements est tout à fait remarquable, car l’effectif des trois orchestres (plus de 150 musiciens) était composé de manière très majoritaire de musiciens professionnels italiens; de nationalité italienne étaient également presque tous les choristes, les machinistes, les électriciens!!..

On ne peut pas négliger le rôle fondamental joué par des artistes italiens pour la formation technique et l’affirmation artistique d’une foule de jeunes. Parmi des dizaines de noms, je citerai pour les premières trente années du 20ème siècle Monsieur Strino, violoniste talentueux, qui enseigna le violon et le chant, Monsieur Pullicino, Monsieur Salvatore Venezia, trompettiste virtuose et enseignant inflexible, qui forma entre autres pratiquement tous les membres de sa famille, de son fils Giuseppe (appelé affectueusement Jou-Jou, pour évoquer le fait qu’il avait à toute heure de la journée son violon sous le menton, et qu’il arpentait son appartement en faisant des gammes), aux neveux Jean Sant, violoniste élégant d’une grande musicalité généreuse et frémissante, et Guglielmo Gurrisi, flûtiste expressif et subtil (à lui également on avait affublé un surnom amusant, Frin-Fri, car tout comme son cousin Giuseppe, il avait à tout moment sa flûte aux lèvres). Je ne voudrais pas oublier parmi les très nombreux autres élèves de Salvatore Venezia un violoniste très raffiné et un peu précieux, Armand « Sarino » De Carlo, dont le père, un des plus grands tailleurs de Tunis avec mon grand-père maternel Domenico Cellura (son vis-à-vis au 4, Rue d’Alger), avait en vain essayé de contrecarrer sa vocation pour en faire un bon tailleur, et mon propre oncle Angelo Cellura.

Giuseppe Venezia a été pendant de longues années premier violon dans l’orchestre de Santa Cecilia à Rome, puis est revenu à Tunis dans les années 70, en devenant kappelmeister de l’orchestre de la Ville de Tunis. Sant, Gurrisi, De Carlo (e Boccanera, facétieux bassoniste, et bien d’autres) ont constitué l’ossature du grand orchestre symphonique de Tunis, reconstitué par Luis Gava en 1946, puis, après sa dissolution en 1957/58, de l’orchestre du Centre Culturel International, voulu par Cecil Hourani, créé par Anis Fulheian, qui a cessé son activité en 1969.

Après la disparition du Théâtre Rossini, de toute manière, la vie culturelle italienne dans le domaine musical se confond et se fond avec celle de tous les autres strates de la population cosmopolite de Tunis, avec sans doute une empreinte plus particulièrement française. La période allant de 1947, c’est à dire de la date de pleine reprise de l’activité musicale, opéristique, concertiste et chambriste, à nos jours pourrait probablement et utilement faire l’objet d’une publication ultérieure.

On ne peut pas taire, pendant ce long laps de temps, la dense activité de la « Dante Alighieri », créée en 1893, qui, en plus de l’œuvre infatigable accomplie pour maintenir l’italianité de la communauté qui résidait en Tunisie, pour lui consentir notamment de développer la connaissance de la littérature italienne, a eu un rôle considérable pour la diffusion et l’approfondissement de la culture musicale, en organisant des concerts aussi bien dans son siège primitif de la Rue Zarkoun, puis dans le nouveau et prestigieux siège bâti dans les années 1933/34 à la Rue Thiers (aujourd’hui Rue Ibn Khaldoun – ce siège fut mis sous séquestre en 1943 par les Autorités du Protectorat et attribué à l’Alliance Française, pour devenir après 1956 la Maison de la Culture Ibn Khaldoun). Le Conservatoire de Musique que la Dante Alighieri créa fut d’abord dirigé de manière remarquable par Madame Coen, venue expressément de Rome dans ce but, alors que son dernier directeur a été le Maestro Tito Aprea, qui fit une carrière prestigieuse après sont retour en Italie en 1943.
Ce Conservatoire a été fréquenté par de nombreux élèves non seulement italiens mais également appartenant aux Collectivités française et juive tunisienne, ce qui a permis à des enseignants souvent talentueux de former de très nombreux musiciens, dont plusieurs devinrent des professionnels très appréciés.

Il est évident qu’au cours des deux siècles écoulés la collectivité italienne a donné vie à une intense activité dans le domaine de la prose, avec la présence à certains moments de nombreuses compagnies d’acteurs amateurs enthousiastes, mais également grâce aux troupes venues d’Italie. Après 1939 ce fut le silence; vers 1950/51 reprit l’activité des compagnies d’amateurs, puis dans les années 1953/54 il y eut une timide reprise des tournées, mais elle ne fut pas durable. Je ne suis toutefois pas la personne la plus qualifiée pour parler de prose, et je serai heureux si d’autres que moi se proposaient d’explorer ce domaine très important dans la vie de notre collectivité. En ce qui concerne l’école, c’est là un domaine très vaste, qui est traité séparément par des spécialistes.

Les indications fournies ci-dessus sont certainement pleines de lacunes et insuffisamment précises. C’est pourquoi je les ai qualifiées de sommaires; elles ont surtout pour but de constituer les prémices à un travail collectif beaucoup plus approfondi.

Pour compléter le panorama des possibilités culturelles offertes à Tunis naguère, je crois nécessaire de citer quelques autres théâtres qui eurent une vie plus ou moins heureuse et durable :

– le “Théâtre Français” situé 68, Avenue Jules Ferry, crée en 1882, destiné à la prose
– le “Petit Théâtre” de Douchet Avenue Jules Ferry, qui vécut de 1898 à 1902, destiné à la prose
française
– le “Théâtre Tunisien”, situé 39, Avenue Jules Ferry, créé en 1901, destiné à la prose
– le “Café Théâtre Egyptien”, situé 38, Avenue Jules Ferry, créé en 1900, destiné à la prose en
langue arabe
– le“Café Théâtre de la Monnaie”, créé en 1890, disparu en 1914
– le “Teatro Italiano” de la Rue de Turquie, dit « Circolo artistico », contigu au journal L’Unione,
créé avant 1900, disparu en 1943, destiné à la prose et aux varietés
– le “Théâtre de plein air » de l’Avenue Jules Ferry, sur le site actuel du Ministère de l’Intérieur,
destiné à des spectacles de varieté mais aussi à des match de catch
– le “Théâtre de plein air » du Passage, créé en 1908, disparu aux environs de 1930
– le “Théâtre” de l’Avenue Lucien Saint (aujourd’hui du Ghana), disparu dans les années 20
– le “Théâtre Mondial”, situé Rue Thiers (aujourd’hui Ibn Khaldoun), créé en 1910, destiné à la
prose et aux varietée, transformé en 1934/35 en cinéma , toujours existant
– le “Théâtre du Casino’ de Hammam-Lif”, créé en 1898, destiné à la prose et varietés, disparu
dans les années 40
– le “Théâtre de Khereddine”, créé en 1899, destiné à des spectacles lyriques (avec un orchestre de 6/7
musiciens !!!…) ou de varieté, très frequenté du mois de juin au mois de septembre par une clientèle
très élégante qui dînait au champagne après le spectacle dans le très renommé restaurant, disparu
dans les années 1914/15. En 1905, le dîner très raffiné, digne des meilleurs restaurants parisiens (sic)
coutait 5 francs !!..

Additif – Données démographiques sommaires, communiquées pour donner quelques bases utiles à la reflexion :

– Au début du 19ème siècle,environ 1.500 italiens residaient de manière permanente à Tunis, à l’interieur
de la Médina, alors que les français étaient une centaine (même si parfois c’était des sujets de Royaumes
ou Granduchés italiens, au service des Chambres de Commerce ou des Comptoirs français,
devenus citoyens français après 1789: c’était le cas des gênois Gandolfo, envoyés à Tunis vers 1650
comme représentants de la Répu blique de Gênes devenus citoyens français, en transformant leur nom en
Galdolphe, lorsque Napoleon Bonaparte reunit Gênes et le Piemont à la France; un dernier membre de
cette famille vit toujours à Tunis). Au cours du 19ème siècle, leur nombre est allé croissant régulièrement,
pour connaître une très forte augmentation avec l’émigration provenant du sud à partir de 1870.

– En 1880, la ville de Tunis semble avoir compté entre 40 et 50 mille habitants, parmi lesquels les italiens
étaient au moins 4 mille et les français quelques centaines. Après 1881avec l’expansion de la ville hors
des murs, la population a connu une augmentation rapide et importante.

– Le recensement de 1906 donne les chiffres suivants, spectaculaires:
– population globale du pays = 1.900.000 habitants, dont 1.703.142 tunisiens musulmans, 64.170 juifs
tunisiens, 81.156 italiens, 36.610 français, 10.330 maltais, ainsi que des grecs, des espagnols, etc. etc.
– population de Tunis et alentours = 400.024 habitants, dont 52.076 italiens, 18.626 français , 5.000
maltais.

Qui pourrait imaginer aujourd’hui, à l’aube du 21ème siècle, l’intensité de la vie culturelle que connaissait la communauté européenne de Tunis, surtout italienne, il y a 110 – 120 ans, alors que la ville était presque entièrement enserrée à l’intérieur de ses murailles.

extrait du volume « Memoria della Collettività Italiana »

NADINE EN CROISIERE (avec Carnot)


Nadine chanteuse

Remo pianiste sur ce bel instrument (il n’a pas pu y jouer très longtemps… et leurs groupies, Lina, Martine et Bernard)

MSC MUSICA porte bien son nom ; ici, tout n’est que musique dans une ambiance art déco raffinée, presque irréelle au regard de cet horizon sans limite « bleu de Prusse » , envoûtant qui l’entoure ; l’écume ourle doucement le navire et dans le silence de la nuit, presque inquiétant, quelques vagues viennent heurter doucement la coque ; nous sommes en pleine mer ; impossible de fermer l’œil ! je suis surexcitée par cette atmosphère de fête loin de la terre ferme.

Après GENES qui, visiblement ne m’a pas marquée, deuxième escale sous le soleil ardent de NAPLES. La bande à CARNOT s’engouffre dans les ruelles étroites où déboulent de partout des scooters nerveux montés pas des drôles de mamas ; du linge d’un blanc douteux sèche entre les immeubles tandis qu’un panier suspendu à une corde descend d’un balcon pour recueillir les courses chez l’épicier du coin ; on s’interpelle …. SOPHIA, ROSSANA, MARCELLO , où êtes-vous passés ? si NAPLES reste populaire avec ses contrastes entre la couleur de son accent et la grisaille de ses quartiers sordides, elle n’en demeure pas moins fascinante en raison de la richesse de ses œuvres historiques et de ses monuments ; les ruines de POMPEI sont de plus en plus en ruines et CAPRI, ce n’est pas fini car j’y retournerai un jour…

PALERME, extraordinaire centre d’art, de culture et de tradition, est notre 3è escale ; des Calèches menées par des chevaux plutôt mafieux nous promènent en ville : nous nous sentons libres et sans retenue dans ce pays qui évoque la TUNISIE ; O Sole moi, DALIDIA, la PICCOLA SICILIA ; un petit tour en chantant dans les avenues jonchées de bougainvilliers et lauriers blancs, à la recherche obsessionnelle de poissons grillés inexistants malgré l’abondance de la pêche en ce lieu. Une courte et fraîche baignade dans la « riviera » et nous voilà repartis vers le bateau, les uns, agités, accélérant le pas, les autres, à la traîne, nonchalants…
Le rythme est infernal et seul le moment passé devant mon miroir pour les soirées de gala ressemble à de l’accalmie.

Notre île flottante n’est pas déserte ; 3500 personnes environ fourmillent sans cesse, jouissant de tout et jaillissant de partout, infatigablement….. qu’elle est loin, ma terre ; parfois, j’ai envie de m’enfuir mais je suis prisonnière ; où sont passés mes vingt ans ! paradoxalement, je deviens bohême et comme Charles, j’attends la gloire : je n’ai pas besoin de chantage, je chante pour eux et je m’en donne à cœur joie entre le blues et Edith Piaf.

Si aimer , c’est s’enrichir en donnant, alors je suis infiniment riche et mon ami, GIGI L’amoroso, beau cœur d’amour, œil de velours, alias Michel HAYOUN, n’est pas en reste. MSC MUSICA nous a ouvert les portes de la Comedia del arte et nous nous sommes déchaînés sur les années sixties, « dégainés » par notre guitariste favori; nous nous sommes réjouis de soirées en l’honneur de notre « vaillant » et séduisant commandant et de jam-session en toute intimité entre le piano de signore GASTONE et le bel ALFREDO.

Petite pause orientale au hammam aux senteurs de rose et de jasmin qui amorce notre retour aux sources du passé : la GOULETTE nous accueille à l’aube du 5ème jour pour un pèlerinage rapide au Lycée CARNOT, reçus par le nouveau proviseur autour d’un buffet couleur locale (xxxxxxDans la cour du lycée Remo BALDASSERONI. Avec son épouse, il a embarqué à l’escale de Naples pour nous retrouverxxxxxx) L’émotion est à son comble lorsque Maître Ahmed BEN MANSOUR évoque son passage quelque peu tourmenté au Lycée ;
(photo René ASSOUS)

Mais le parfum au goût mi suave, mi amer du thé aux pignons et la citronnade aux amandes de l’ex SIDI-CHAABANE immortalisé à présent en CAFE DES DELICES, viennent nous sortir de la douce torpeur de ce matin un peu brutal pour retrouver les collines de SIDI BOU. 4 heures, c’est trop court….

On embarque de nouveau vers PALMA la plus grande des îles Baléares ; escale de charme, de sérénité, de recueillement face à l’immense Cathédrale « terre de sienne », pause shopping et surtout, poissons grillés la nuit tombante, enfin dévorés……

BARCELONE, l’enivrante entre mer et montagne ; un pied dans la tradition et l’autre dans l’avant-garde ; éclatante de bruits et de vie ; nous filons allègrement dans Las Ramblas, artère palpitante de la ville sous un ciel menaçant ; les maisons de GAUDI cohabitent avec l’architecture gothique sans oublier l’extraordinaire Cathédrale SAGRADA FAMILIA, stalactites et stalagmites se dressant entre les donjons, qui ressemble de loin aux châteaux de sable dégoulinants de notre enfance.

Ultime étape à MARSEILLE où nous nous séparons, sur la pointe des pieds , comme pour ne pas se réveiller de ce beau rêve ; la terrienne que je suis continue de tanguer ; je quitte avec regret les copains qui, une fois de plus, ont prouvé qu’ils restent d’éternels adolescents….. ON THE ROAD AGAIN ET ARRIVEDERCI.

Nadine TIBI
Le géant des mers est au Port de MARSEILLE, éblouissant, suprêmement majestueux, incontournable. Il nous attend pour une croisière en Méditerranée…. Nous, les anciens de CARNOT et d’ailleurs pour 7 jours d’escapades vers GENES, NAPLES, PALERME, TUNIS, PALMA et BARCELONE pour un plein d’amitié, de délires, de fous rires dans un tourbillon de découvertes.

3ème édition du Festival de Jazz à Carthage


L’Afrique sera particulièrement mise à l’honneur avec la présence de figures dont l’apport artistique à la planète Jazz est inestimable. D’abord, avec Anouar Brahem qui ouvrira le bal le 12 avril 2007 à l’Acropolium de Carthage avec son “Voyage de Sahar”. Et c’est dans le cadre d’une tournée mondiale que l’artiste tunisien présentera cet album qui a récemment reçu le prix « Edison Awards », un des plus prestigieux prix de musique dans le monde et l’équivalent du Grammy Awards aux USA. Mais pas seulement car Anouar Brahem réserve au public du festival bien des surprises.
Richard Bona se produira, lui, le 13 avril à 21h00 toujours à la cathédrale Saint-Louis. Considéré comme l’un des meilleurs bassistes au monde, cet artiste d’origine camerounaise est un voyageur-né. Fréquentant des sensibilités aussi diverses que celles de Jacques Higelin, Salif Keïta, Michael et Randy Brecker ou Pat Metheny, il a accédé grâce à son talent aux plus prestigieuses scènes du monde. Leader de son propre groupe, il fait aujourd’hui partie de ce cercle d’artistes-références naviguant entre jazz et musiques du monde.
En attendant que les organisateurs lèvent le voile sur le reste du programme, on peut déjà affirmer que la vocation pluriculturelle et multidimensionnelle de Jazz à Carthage se confirme avec son ambition de faire connaître et rencontrer des artistes qui incarnent probablement l’avenir du jazz, chez nous et ailleurs.

Jazz à Carthage, le rendez-vous du Jazz en Tunisie.
Un rendez-vous créatif, à ne pas rater.
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Scoop Organisation
BP 753 – La Marsa
2078 Tunisia

Tél. : +216 70 938 226 ; +216 70 938 336
Fax : +216 70 938 035

du 12 au 22 avril à Carthage et Gammarth.(www.jazzacarthage.com)
Ne dérogeant pas à sa vocation, « Jazz à Carthage » nous offre cette année une programmation encore plus riche qui promet bien des surprises. Carthage accueillera en effet du 12 au 22 avril des stars du Jazz provenant des quatre coins de la planète.

Fanfare klezmer, le dimanche 2 avril


Quelques mots à propos de la Fanfare klezmer d’ Ile de France:
créée en Janvier 2005, elle s’est déjà produite en concert à de nombreuses
reprises et ne compte pas d’équivalent en France.
Elle est composée d’une quinzaine de musiciens sous la direction de Denis Cuniot (piano) et Yann Martin (trompette).

Son répertoire se compose de reprises et arrangements de thèmes de la
musique klezmer du début du 20ème siècle aux Etats Unis et de thèmes issus
de la tradition Klezmer d’Europe centrale et orientale.

S’agissantd’une fanfare, les instruments utilisés sont tous des
instruments à vent (excepté deux accordéons).

dimanche 2 avril à 19h30 à la Synagogue des Tournelles
21 bis rue des Tournelles, Paris 4ème, métro Bastille
Guy Scemama nous propose d’assister gratuitement au concert de la fanfare klezmer d’Ile de France.

Virginie la fille d’Alain Capizzi (term70) en concert


Apportez vos instruments, vos voix, vos partitions ! Et rejoignez-nous pour passer un bon moment, au chaud, dans la cave sympathique des 7 Lézards !!

Nous vous attendons !
Le Capizzi Trio
Virginie Capizzi (voix)
Mathieu Rosso (guitare)
Tommaso Montagnani (contrebasse)

www.virginiecapizzi.com
www.myspace.com/virginiecapizzi

Peut-être, avez-vous connu Alain Capizzi?
né en 1952, il est décédé des suites d’un cancer de la peau en juin 2000.
Sa fille nous précise qu’il était farfelu (comme se le rappelle d’ailleurs très bien Louis Garza !), il jouait du piano, il était fou de lecture, très curieux, très cultivé, intelligent et drôle, il parlait plutôt fort, il adorait la série de bouquins « San Antonio », il faisait de l’Aïkitaïdo (un art martial de défense)…
Après son bac à Carnot, il fait ses prépa au lycée Louis le Grand à Paris et intégre SUPELEC.
Pour atterrir en douceur après les fêtes,venez donc pousser la chansonnette ou jouez avec le CAPIZZI TRIO aux 7 Lézards,10 rue des rosiers, Paris 4, métro Saint-Paul, le dimanche 4 février 20h – entrée libre
!!! Alors à très bientôt, en musique, pour réchauffer vos oreilles et votre coeur, au coeur de l’hiver !

L’opéra dans l’espace français de Frédéric LAMANTIA

Un paysage lyrique se dessine progressivement, touchant plusieurs colonies françaises ; mais derrière cette fascination commune pour la voix, objet de jouissance, certaines différences apparaissent selon les traditions locales et les goûts. En France, des villes se distinguent peu à peu par l’accueil qu’elles font à ce divertissement. Temple « laïc » propre à l’esprit des Lumières, l’opéra s’’impose vite comme lieu central dans la cité : il devient un « catalyseur urbanistique ».
L’approche géographique envisage et analyse l’art lyrique en tant qu’objet déterminé par ses acteurs, ses réseaux et ses territoires. Elle aide à la compréhension du « phénomène lyrique » en dévoilant à sa manière les relations qui unissent autour de la voix, créateurs, spectateurs et mécènes : ces liens se matérialisent dans l’espace en fonction des époques, des modes, des lieux et des moyens de communication.
Editions CONNAISSANCES ; SAVOIRS

Docteur en géographie culturelle, Frédéric LAMANTIA – fils de Sauveur LAMANTIA (LC1954 sc.ex)enseigne à l’Université Jean Moulin Lyon III. Chercheur associé à l’UMR 5600 du CNRS (Environnement Ville Société) et à l’Observatoire Européen de Géopolitique, expert auprès de la Réunion des Opéras de France, il est également Conservateur des Orgues du Grand Temple de Lyon et organiste à l’Hôtel de ville de Villeurbanne.Forme musicale et architecturale, l’opéra naît en Italie, essaime en Europe, s’acclimate à chaque pays. l’art lyrique est un symbole d’identité qui participe à la construction d’une mémoire collective et à l’apparition de sentiments nationaux. La musique comme le bâtiment sont structurants de réseaux sociaux, et la France n’échappe pas à ce phénomène.

Vous avez du talent !


(Photo montage Guy Sarfati)



(Photo montage Guy Sarfati)
(photo Virginie Dorade)
Jeudi 12 janvier, Philippe (vice-président de l’ALCT) et Olivier Tapia présentent la soirée « talents » au restaurant de l’Unesco:

– Ph : Ce soir, vous savez on a réuni plusieurs talents parmi les anciens du lycée Carnot, et moi comme je n’ai aucun talent on m’a demandé de présenter cette soirée
– Olivier : (du fond de la salle) Ca y est comme d’habitude cabotin, tu ne t’arrêteras jamais
– Ph : Respecte ton père, Olivier
– O : C’est en disant que tu es cabotin que je te respecte , tu le sais bien
– Ph : C’est vrai. C’est sympa d’être passé ce soir
– O :Je n’allais pas rater ça
– Ph : Quoi ça ?
-O : Les anciens très anciens avec leurs anciens talents
– Ph : Tu commences fort, mais tu verras qu’on va t’étonner
-O : Ce n’est pas tout à fait faux, j’ai été bluffé en arrivant par les peintures que j’ai vues, les peintres ce sont aussi des anciens de Carnot ?
Lisa Seror et Francine Disegni, artistes-peintres, entourées de Férid Boughedir et des acteurs de son film « Un été à la Goulette ».
(photo Virginie Dorade)
Ph :Bon Olive tu sais que notre soirée va être chargée
O : chargée d’émotion ?
Ph : Pourquoi tu dis ça
O : On va avoir droit aux anciens et aux anciens et encore aux anciens
Ph : Eh oui et tout d’abord à du Jazz, tu ne connais pas ?
O : Là c’est moi que tu prends pour un ringard, tu ne dois pas connaître…….
Ph : Non , pas vraiment
O : Alors écoute et tais toi pour une fois
Orchestre de jazz (Yves Taieb Trio)
O : Tu m’as bien eu ?
Ph : Je n’ai pas fini de t’étonner, car il n’y a pas que des anciens, il y a aussi des fils d’anciens
O : J’aimerais bien voir ça ?
Ph : Alors suis moi
Sam faisant un tour de cartes (photo Virginie Dorade)
(photo Virginie Dorade)
O : Je n’ai pas été sympa avec toi jusqu’à présent , allez propose nous quelque chose de vraiment tunisien
Ph :Non je sais que ça t’ennuie
O :Il faut que je me mette à genoux
Ph :Bon c’est toi qui l’as voulu. Qu’est ce qui est oriental de chez oriental d’après toi ?
O : La danse
Ph : Et bien on y est
Thalia et Eric Nataf « Mutu »
O : Ca y est tu as eu ton quart d’heure tune, ça ne vas pas être toute la soirée comme ça
Ph : Arrête ils vont tous te tuer
O :Je sais pas moi, la chanson française cela ne vous dit rien ?
Ph : Par exemple ?
O : Vous n’écoutez jamais Aznavour ?
Ph : Pour qui tu nous prends, écoutes et tu verras

Guy Sarfati chantant Aznavour (photo Virginie Dorade)
Ph :Tu sais j’étais en Martinique , et j’ai entendu un truc très drôle dans un restaurant, Brassens en créole
O : Heureusement on a échappé à Aznavour en arabe
Ph : Je n’en suis pas sûr

« Comme ils disent » (Aznavour) chantée en arabe par Lucien Smadja (photo Virginie Dorade)
puis les histoires d’Yvan
Ph : Tu sais, les histoires tunisoises c’est une forme de poésie
O : Tu pousses pas un peu le bouchon ? C’est pas Rimbaud et Verlaine mais quand même
Ph : C’est dépassé tout ça ce sont maintenant les SLAM dont on parle
O : Là franchement on est très loin des tunes ou veux tu en venir ?
Ph : Aux frigolos et aux maltaises , écoute

Le poète et slameur Victor Zarca (photo Virginie Dorade)
Ph :Qu’est ce que tu penses de revenir à la musique ?
O : Pourquoi pas , mais alors de l’ambiance
(photo Virginie Dorade)
Fabien Franco

Jean-Claude Dana, Yves Benacin, Nadine Tibi, …

RETOUR AUX SOURCES


Pur hasard ? certainement pas. Il était écrit qu’un jour d’été, les anciens du Lycée Carnot et consorts se retrouveraient ainsi !
Orly, 31 Juillet 2005 : une foule colorée et bruyante s’empresse vers l’Afrique du Nord. Trois drôles de dames « piaffent » d’impatience à l’idée de retrouver leur terre natale, à la recherche de ses senteurs et saveurs épicées …
Etonnement à Tunis-Carthage où plus rien ne ressemble au passé ; où sont le lac et le TGM ? Seule une musique bédouine nous ramène à la réalité ; nous sommes en Tunisie, épuisées mais heureuses. Il est trois heures du matin.
Hôtel Renaissance, somptueuse oasis de charme et de sérénité où des jeux d’ombres et de lumières dévoilent des fontaines au doux murmure ; au loin, des diamants scintillent dans un rayon de lune : la méditerranée. Nous sommes éblouies, telles des mômes….
Nous avons hâte de renouer connaissance avec les «pèlerins ».Malgré la fatigue parisienne, nous allons de table en table, reconnaissant un sourire, un regard. Nous flottons un peu…
La plage n’est pas loin et violemment bousculés par le vent, nous nous y précipitons. Nous avons besoin de voir la mer démontée pour nous manifester sa joie de nous revoir. Les dunes de Gammarth, Kherredine, la Goulette, la Marsa… nous sommes si près et pourtant, l’émotion n’est pas encore là.
Ce qui nous anime tous, c’est raconter notre histoire depuis notre départ de la Tunisie. Il nous faudra attendre quelques jours pour nous retremper dans ce passé si cher à nos cœurs.
Enfin, le portail de la mémoire s’ouvre et les souvenirs de notre enfance et adolescence ressurgissent ; le stress s’estompe et nous revivons enfin les jours heureux.
Bombolonis, Cacahuètes, glibettes, kakis, poissons grillés, mechouia nous invitent à la tentation ; nos papilles gustatives déshabituées s’en réjouissent : au diable les kilos. La goulette, la jetée et le Saf Saf de la Marsa : rien n’a changé. L’odeur pleine de sensualité du jasmin nous parvient enfin au Dar Zarrouk où un dîner aux chandelles nous attend dans les dédales blancs et bleus de Sidi Bou ; vue sublime surplombant la mer, élégance des femmes, sourires non dissimulés, langueur des hommes au narguilé ; nous nageons dans une volupté demeurée intacte malgré une longue absence.
Dans les rues, nous allons à la rencontre des tunisois : es-salam ; quelques mots en arabe et l’émotion nous envahit mutuellement ; nous sommes heureux d’être en Tunisie et on nous le rend bien.
Nous n’en finissons pas de nous réjouir…

Soirée «malouf» sur la plage de notre Renaissance : la rencontre des cultures à l’identique aux sons de la Darbouka ; hommes et femmes se lancent dans une danse du ventre effrénée ; c’est la magie de l’Orient, tous unis dans une même volonté : l’appel à la paix.

(vers 2h. du matin, quelques membres des bureaux des associations de Tunisie et de France à la soirée « malouf » : de gauche à droite,Sylvain Bismuth, Taoufik Ben Ghars, président en Tunisie, René Assous, Lina Hayoun, le directeur général de l’Hôtel Rennaissance Slahdinne Bezrati(lc 68), Michel Hayoun président en France. Assis, Philippe Tapia et Madeleine Bennaceur)
Enivrés, presque repus de bien être, nous rejoignons le doyen des hôtels à HAMAMMET, le MIRAMAR , aux jardins luxuriants d’oliviers, de palmiers-dattiers, de bougainvillées, son sable blond et ses doux rivages.
La fête de l’amitié est à son apogée. D’une paillote à l’autre, nous communiquons, détendus et unis dans un même élan de joie autour de Michel et sa guitare, nous reprenons les mélodies italiennes des années 6O ou celles du folklore oriental.
Mon dos « souffreteux » se souvient encore des percussions de Lulu sur mon transat.

(de gauche à droite Michel Hayoun à la guitare, Dinah Brami, Virginie Dorade)
Notre jeunesse n’a pas foutu le camp et si le temps qui passe dépose quelques stigmates, çà et là, il n’en reste pas moins celle de notre cœur et de notre âme.
C’est le bonheur. Tel le thème du Café-philo improvisé et mené avec brio par Maître Georges : le bonheur, c’est être en vie, être libre et savourer ces moments privilégiés en toute simplicité.

Mémoire fidèle aux bruits de la rue, du rémouleur de couteaux au roba vecchia sans oublier ces personnages si pittoresques de Tunis comme « Julot Lololaperdulala » ; merci Sylvain de m’avoir tant fait rire…
Rires et chansons, C’est un hymne à la fraternité, un immense youyou qui résonne encore dans les rues d’Hammamet.
Plaisir des sens; d’El Djem à Kélibia, sirotant un thé à la menthe aux sons d’une musique envoûtante et mythique, langoureusement allongés sur des tapis d’orient et peaux de bêtes dans ce café troglodytique. Un horizon vert émeraude à perte de vue : la méditerranée ; nous sommes en état d’apesanteur…
Fabuleuses journées et soirées, menées tambour battant par Lina, Philippe, Michel et les autres. Nous remercions de tant de jolies choses…

Enfin, les îles Kerkennah se profilent après une traversée couleur locale en ferry. Palmeraie dense, terre aride et le GRAND HOTEL dans un décor digne des Caraïbes, encore vierge de toute invasion ; persiennes bleu de Prusse, douce lumière embrassant les façades éclatantes de blancheur, chants des cigales : c’est un peu le paradis ; aucun scorpion visible sur l’île malgré « l’alerte »…
« La cerise sur le gâteau » met un terme à ces jolies vacances : une croisière avec trois skippers kiffeurs, alliant talents culinaire et artistique avec navigation ; baignades et plongées tel un rituel religieux et dégustation de poissons grillés,salades, briks à l’œuf craquantes,

pastèques au goût suave sans oublier la visite impromptue d’une déguéze au foulard rouge … devinez «chkoun» ? Les éclats de rire se font encore l’écho de cette journée en mer idyllique ; Virginie et les paparazzi figent ces instants de joie de vivre. Rhamsa (cinq) sur nous !

(Avant d’embarquer sur le voilier)
(Coucher de soleil sur Kerkennah)
Encore un peu de chaleur, encore et encore ; non pas celle de la saison d’été, mais celle de l’amitié, de notre adolescence retrouvée : celle de notre Tunisie natale.
Quand allons-nous nous retrouver ?????

Merci à Lina, Michel, Philippe, Lulu, Yvan, René et salut aux autres copains et copines de Carnot, de Cambon, du Maroc et d’ailleurs.

Nadine Tibi-Z.
« Encore un peu de chaleur, encore et encore ; non pas celle de la saison d’été, mais celle de l’amitié, de notre adolescence retrouvée : celle de notre Tunisie natale…
Nadine Tibi
Pour ce périple, remerciements à
Djamal, responsable commercial de Beaux-voyages
Hanène Turki, directrice commerciale de l’Hôtel Miramar
Slahedinne Bezrati (term.68),directeur général de l’Hôtel Renaissance-Marriot
Guy Azria (term.80), directeur de Guy Voyages

Une enfance juive tunisoise de Bernard ZARCA

Un garçon juif de Tunis découvre la vie d’une communauté qui, dans les années quarante et cinquante, vers la fin du Protectorat français en Tunisie, chemine de la pauvreté à l’aisance et du judéo-arabe au français.
Il découvre l’univers de la rue, dont les enfants sont les maîtres, qui offre cent jeux et dont les cris des petits métiers rythment les heures. Il découvre aussi la musique et la poésie qui émanent des contrastes de la ville en traversant l’épaisseur de la frontière entre l’Orient et l’Occident.
Editions l’Harmattan

Diner-débat, jeudi 14 avril : Juifs et Musulmans en Tunisie, entre fraternité et déchirements

Sonia Fellous chercheur au CNRS, directrice de l’ouvrage Juifs et musulmans en Tunisie : Fraternité et déchirements (actes du colloque organisé par la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie), Somogy
– Abdelwahab Héchiche (lc bac1959) professeur à l’University of South Florida. Auteur de Pour une nouvelle morale internationale, les sciences et les arts au service de la paix Publisud.
Jeudi 14 avril au restaurant de l’UNESCO, 7 Place de Fontenoy, à Paris 7ème (métro Ségur), jeudi 14 avril à 20h.

Depuis plus d’un millénaire, Musulmans et Juifs vivent côte à côte en Tunisie, partageant leur quotidien : langue, cuisine, musique… Pourquoi cette coexistence s’est-elle altérée ces dernières décennies ? Et aujourd’hui, la transmission de cette vie commune n’est-elle pas déformée, chacun racontant « son » histoire ?
Pour permettre la « circulation des mémoires », renouer les liens, favoriser les échanges :